Citations de Wajdi Mouawad (505)
Ne pas croire ceux qui disent "il n'y a pas assez de mots pour dire..." Au contraire. Quand on n'a plus rien, il nous reste encore des mots(...)
Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à la condition d’être découvertes
La rigidité de la branche autorise la souplesse du serpent.
Nous serons toujours ensemble. Rentre chez toi, Nawal. Attends qu'ils se réveillent. Quand ils te verront, à l'aube, assise à les attendre, ils t'écouteront parce qu'ils sauront que quelque chose d'important est arrivé. Si tu as peur, pense qu'au même moment, je serai chez moi, attendant que tous se réveillent. Et je leur dirai. L'aube n'est pas loin. Pense à moi comme je pense à toi, et ne te perds pas dans le brouillard. N'oublie pas : maintenant que nous sommes ensemble, ça va mieux
J'ai dit adieu au lieu de mon enfance et mon enfance est pleine de toi, Nawal. Nawal, ce soir, l'enfance est un couteau que l'on vient de me planter dans la gorge. À jamais j'aurai dans la bouche le goût de ton propre sang.
Mais là où il y a de l'amour, il ne peut y avoir
de haine.
Et pour réserver l'amour, aveuglément j'ai choisi
de me taire.
“Je voulais te le dire. Je voulais te dire que cette nuit, mon cœur est plein d'amour, il va exploser. Partout on me dit que je t'aime trop ; moi, je ne sais pas ce que ça veut dire aimer trop, je ne sais pas ce que ça veut dire être loin de toi, je ne sais pas ce que ça veut dire quand tu n'es plus là. Je devrais réapprendre à vivre sans toi.” - Wajdi Mouawad, Incendies
Rappelle-toi le poème appris il y a longtemps, nous étions encore jeunes. Je pensais encore retrouver mon fils. (Elles récitent le poème Al Atlal en arabe.) Récite-le chaque fois que je te manquerai, et quand tu auras besoin de courage, tu réciteras l'alphabet. Et moi, quand j'aurai besoin de courage, je chanterai, je chanterai, Sawda, comme tu m'as appris à le faire. Et ma voix sera ta voix et ta voix sera ma voix. Comme ça, on restera ensemble. Il n'y a rien de plus beau que d'être ensemble.
Elle avait appris à écrire. Puis elle est partie. Sawda avec elle et la guerre est arrivée. Ce n'est jamais bon signe lorsque la jeunesse s'enfuit.
Il n'y a plus de temps. Le temps est une poule à qui on a tranché la tête, le temps court comme un fou, à droite à gauche, et de son cou décapité, le sang nous inonde et nous noie.
Un jour de plus où je l'aurai dans mes bras. Sawda, je regarde le soleil et je me dis qu'il regarde le même soleil. Un oiseau passe dans le ciel, il regarde peut-être le même oiseau. Un nuage au loin, je me dis qu'il est au-dessus de lui, qu'il court pour se protéger de la pluie. À chaque instant je pense à lui et chaque instant est comme une promesse de mon amour pour lui. Aujourd'hui il a eu quatre ans. Il sait marcher, il sait parler et il doit avoir peur dans le noir.
Ici, il n'y a rien. Je me lève le matin, on me dit :
«Sawda, voici le ciel», mais on ne me dit rien sur le ciel. On me dit: «Voici le vent», mais on ne me dit rien sur le vent. On m'indique le monde et le monde est muet.
apprends à lire, apprends à écrire, apprends à compter, apprends à parler.
Apprends. C'est ta seule chance de ne pas nous ressembler. Promets-le-moi.
Partout on me dit que je t’aime trop ; moi, je ne sais pas ce que ça veut dire aimer trop, je ne sais pas ce que ça veut dire être loin de toi, je ne sais pas ce que ça veut dire quand tu n’es plus là.
JIHANE : Ce n'est pas moi qui pleure, c'est toute ta vie qui coule! Tu reviens de loin, Nawal, tu reviens avec ton ventre souillé, et tu te tiens droite devant moi, pour me dire, là, avec ton corps d'enfant :
j'aime et j'ai mon amour entier dans mon ventre.
Tu reviens de la forêt et tu dis que c'est moi qui pleure. Crois-moi, Nawal, cet enfant n'existe pas.
Tu vas l'oublier.
Nawal, écoute-moi. Cette nuit est un cadeau. Je n'ai peut-être pas de tête pour dire ça, mais j'ai un cœur, et il est solide. Il est patient. Ils crieront, nous les laisserons crier. Ils injurieront, nous les laisserons injurier. Peu importe. À la fin, après leurs cris et leurs injures, il restera toi, moi et un enfant de toi et de moi. Ton visage, mon visage dans le même visage. J'ai envie de rire. Ils me frapperont mais moi, toujours, j'aurai un enfant au fond de ma tête.
Ma mère râle. Elle râle et j'ai honte. C'est comme ça. Au dernier moment, la vie se raccroche et pour les autres, les vivants, attendre que la mort vienne, c'est long comme l'éternité. Je n'en peux plus. Je sors de la chambre.
ANDREAS. Les rêves que j'avais, je ne peux plus les réaliser. Être romantique dans ce siècle est devenu honteux. Je devais juste penser à la manière la plus brutale de subvenir à mes besoins. Je ne voulais pas être assis à un bureau! Recevoir des ordres! Recevoir des ordres pour toucher une retraite qu'on ne m'accorderait finalement pas! Ça non, je ne voulais pas! Tu leur diras que c'est une question difficile, les rêves. Les jeunes ne savent peut-être pas ce qu'ils veulent, mais ils savent ce qu'ils ne veulent pas.
NORAH. Ce n’est pas la vérité qui crève les yeux de Deep, mais la vitesse avec laquelle il la reçoit, ce n’est pas le mur qui tue le coureur automobile mais la vitesse avec laquelle il s’y fracasse. Si tu aimes ton père, si tu veux le guérir, ne lui fait pas subir ce que j’ai subi. Pas trop vite. Lentement, il faut guérir lentement, consoler lentement. Ne rien jeter trop vite contre le mur de la connaissance.
WAHIDA. Ce n’est pas parce qu’on se sépare qu’on se sépare. Il faut croire aux retrouvailles, faire comme les héros, Anne, Hattaway et Matthew McConaughey, quand tombent leurs vaisseaux vers son trou noir. Ils s’aiment, mais se séparent, sans que rien ne les sépare et sans savoir s’il se reverrait. Tombe notre vaisseau dans ce trou noir, et nous voilà entraînés chacun vers une équation qu’on se doit de résoudre seul.