Un livre intéressant où l'auteur polonais Wieslaw Mysliwski engage un dialogue avec les universaux de l'existence humaine, partant d'un carnet d'adresse . Carnets d'adresses devenus aujourd'hui anachronisme total, vu que nous avons tous désormais un ordinateur, Internet, un portable. Des carnets d'adresses qui renferment des noms, prénoms, adresses et numéros de téléphone scrupuleusement notés d'amis, parents, connaissances…. dont certains sont déjà sortis de nos vies ou disparus, et certains dont on peine à s'en souvenir. Ici, en l'occurrence le carnet d'adresse d'un homme qui suite à un accident banal, se pose et y cherche la clef de sa vie sans vraiment savoir ce qu'elle lui permettrait d'ouvrir. Il y cherche les traces d'un passé qui combleraient le sentiment de vide qui habite son existence , à travers des noms et des cartes de visites. Un passé, dont on ne sait trop bien s'il en a la nostalgie ou y est totalement indifférent tant il semble que ses sentiments se sont émoussés, s'ils ont jamais existé. Un vide que même les femmes dont la fameuse Maria semblent n'y avoir pu y remédier. Mal avec lui-même, mal avec les autres, il relève de nombreuses réflexions lucides et claires sur la vie, la mémoire et l'amour , où chacun s'y retrouvera à sa façon. « Je me demande seulement ce que vaut cette vie pour qu'on soit sans cesse obligé de le remplir » dit-il avec ironie , « Or on ne peut remplir que le temps, et le temps n'est pas une mesure de la vie » 😊 !
Une histoire ayant comme images de fond la Pologne d'antan et celle actuelle, un pays balloté entre divers guerres et puissances et qui retrouvera un peu de sa personnalité massacrée qu'après 1980 avec le mouvement Solidarnosc et son chef Lech Walesa, un mouvement qui contribuera à faire tomber le rideau de fer en remportant un très large succès aux élections de juin 1989, avec Walesa élu l'année suivante à la présidence de la république. Tandis que les communistes d'antan se reconvertiront en vitesse en businessmen , « vous vous souvenez de Chmura, le secrétaire du parti ? Il porte maintenant le baldaquin devant le curé …..Vous n'avez pas choisi un métier ? - le métier aujourd'hui , c'est faire de l'argent, monsieur Radzikowski ». le narrateur lui-même sans métier fixe , ex-peintre, apprenti couturier, étudiant aux Beaux Arts, joueur de poker, étudiant en psychologie …..apparemment devient riche aussi en se convertissant en businessman, commerces et transactions, sur lesquelles l'auteur reste assez flou, comme sur son nom et son âge, bien qu'on peut aisément deviner ce dernier. Un homme à femme qui gagne sa première voiture au poker, un homme qui n'a pas perdu son temps bien qu'il en pense strictement le contraire 😁!
Mysliwski combinant réflexions et anecdotes , dont parmi celle sublime de son tableau des pendus, nous donne un livre pétillant de vie foisonnant de détails, où l'humour est la cerise sur le gâteau, par commencer avec le titre du roman, qui se réfère à la dernière partie de poker faite avec le cordonnier, sur sa tombe, pour combler une dette , même si c'est sur le tard 😊, ou quand avec son oeil d'apprenti couturier il compare l'homme à un rassemblement de morceaux traversés de grosses coutures, dont parfois l'autre moitié est toute décousue, truculent ! Un grand auteur absolument à découvrir !
« Je me demande seulement pourquoi l'être humain est à ce point en manque de soi. »
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Un livre au charme suranné regorgeant de profondes et riches réflexions philosophiques entrelacées de multiples anecdotes parfois poétiques, parfois décalées, toujours sincères et justes.
Et tout part d'un carnet d'adresses. Un gros carnet d'adresses. Rempli de noms, de prénoms, de numéros de téléphone et d'adresses scrupuleusement notés au fil des décennies. Un objet quelque peu désuet, on en sentirait presque les effluves de feuilles jaunies ainsi que leur léger craquement quand on en tourne précautionneusement les pages. Si truffé de cartes de visites et si fatigué qu'il est maintenu par un élastique, prêt à craquer. « Enlever l'élastique de mon carnet fait penser au désamorçage d'une mine ».
Y faire de l'ordre serait nécessaire. Sauf que.. Sauf que certaines personnes ont disparus, et d'autres ne lui disent plus rien du tout. Alors il le parcourt ce carnet, indécis, et émerge de cette errance des tranches de vie, des souvenirs, des réflexions. le carnet, source de digressions flamboyantes. Nous découvrons, malgré ce que laisse croire ce carnet bien rempli, un homme seul, un homme sans nom, sans âge, qui n'arrive pas à s'attacher, ni aux gens, pas même aux femmes, ni aux lieux. Un homme solitaire qui médite avec sincérité et sans fard sur la constitution complexe de l'identité, sur la fragilité de la mémoire, sa volatilité, sur la valeur des souvenirs et le rôle salvateur de l'imagination. Méditations où Mysliwski ne s'encombre pas de marqueur d'époque, de marqueur de lieu, ce qui en fait un roman étonnamment atemporel et universel.
« Faire le tour de sa vie. le doute m'envahit à nouveau : est-ce seulement possible ? Cet ensemble de hasards, sans ordre ni lien, comme tous ces prénoms, adresses et numéros de téléphone dans mon carnet, peut-il se plier à notre volonté ? Malgré tout, j'essaie, car je suis sûr d'une chose : se contenter de vivre n'est pas suffisant. Il y a une différence entre vivre et être conscient ».
Ces réflexions philosophiques entremêlées d'anecdotes m'ont par moment comme asphyxiée, troublée, presque angoissée. Ce n'est pas une lecture gaie, c'est une lecture profonde, qui touche à l'intime, au profond en nous, à nos questionnements existentiels. Pourtant le ton n'est jamais larmoyant, encore moins versé dans le pathos. L'humour est même bien présent, en filigrane. Mais c'est un miroir abrupt sur le devenir de tout être humain confronté à la solitude les années passant. La solitude de la dernière partie de notre vie. le carnet est le lien avec ce passé qu'il appréhende à la fois avec nostalgie et indifférence. C'est un miroir implacable qui m'a à la fois apaisée et angoissée. Balancier lucide entre accueil résigné du déclin, cet état naturel du monde, et peur de l'inéluctable au crépuscule de toute vie. Avec une question principale : « Je me demande seulement pourquoi l'être humain est à ce point en manque de soi ».
Le narrateur, ancien peintre, tailleur de costumes, et étudiant en psychologie, s'interroge sur la mémoire à l'aune de ce carnet d'adresses, pilier du souvenir. Peut-il pour autant lui apporter la vérité ? le souvenir est-il vérité ? Tout n'est-il pas reconstruction du monde, représentation ? Une illusion ? La mémoire n'est-elle pas mensonge ? D'anecdotes en anecdotes, ces questions surgissent tout au long du récit.
Certains passages dans ce livre, sublimes de beauté, resteront gravés en moi, comme cette brume sur le lac en pleine forêt au bord duquel il attend l'arrivée du soleil avec son chien.
« A cette heure matinale, le lac était couvert d'une nappe de brume, parfois si épaisse que le regard ne percevait pas depuis la haute rive le miroir d'eau en bas. C'est seulement lorsque le soleil, s'élevant sur l'autre berge, se mettait à dissiper la brume que le lac se dévoilait peu à peu. Cela avait quelque chose de merveilleux, ce soleil levant qui s'efforçait avec tant de peine de transpercer la brume agglutinée devant lui, comme dans un geste de défense ».
Magnifique également, cette dernière partie de poker avec son ami cordonnier sur sa tombe, de façon à régler une dette. D'ailleurs le titre « La dernière partie » peut être perçu comme un titre d'une grande gravité (la dernière partie de la vie d'un homme confronté à toutes ces questions existentielles) ou au contraire d'une grande légèreté à l'aune de cette scène incroyable, cette partie de poker jouée sur la tombe même de son ancien ami. Gravité et légèreté, nous frôlons tour à tour ces deux extrêmes tout au long de la lecture.
Et enfin, peut-être la clé de tout, la présence de Maria, l'amoureuse, via les lettres qu'elle lui écrit, lettres qui ponctuent le récit, amour déçu et inachevé dont on sent bien qu'il y a là l'origine du vide, la source du néant. Ce premier amour et sans doute le seul véritable amour du narrateur.
« L'amour, c'est peut-être la sagesse d'affronter ensemble le temps qui passe, comme si le monde passait avec nous. C'est ce qui nous unit au monde. »
« La dernière partie » est un livre empli de philosophie dans lequel tout lecteur peut venir puis revenir puiser la sagesse. Un livre avec lequel il est nécessaire de prendre son temps, ce récit se déguste, s'interrompt parfois pour pouvoir digérer et se nourrir de ses idées. Un récit qui reste simple tout en étant puissant.
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L'horizon est un roman fascinant, qui nous porte, nous emporte tout du long dans un charme total.
L'écriture de Wieslaw Mysliwski est envoûtante, elle est pleine de tendresse, de légèreté, d'un humour très enfantin qui nous fait sourire plus d'une fois.
Le thème central du roman est d'ailleurs cette enfance tapie au fond de chacun de nous qui rejaillit longtemps tout au long de notre vie.
La couverture du livre est en noir et blanc, nous montre un jeune enfant au regard nostalgique, habillé d'une marinière.
C'est d'ailleurs par l'évocation de cette photo que le narrateur va nous conduire et mêler dans un temps sans âge, ses souvenirs d'enfant à l'homme qu'il est devenu.
L'histoire se passe dans le sud d'une Pologne meurtrie après la seconde guerre mondiale. Le père du narrateur ne se remettra jamais de cette guerre.
Ce père que le narrateur, enfant, doit conduire régulièrement chez un médecin en passant par un interminable escalier qui use le cœur malade de son père. Pour respirer, son père lui demande des pauses, qu'il met à profit pour lui raconter des batailles extraordinaires qui fascineront notre jeune narrateur. Des pages qui traduisent un amour filial, un legs inscrit à jamais dans son cœur.
Sa mère, elle vit dans les airs de tangos et les recettes de cuisine, une femme simple bienveillante et aimante.
De magnifiques portraits sont dressés aussi de toute la famille du narrateur, ses oncles et tantes, ses grands parents.
L'inénarrable histoire de la chaussure perdue par l'enfant créant le désespoir de sa mère.
C'est ma première lecture de l'année, elle est magistrale, m'a redonné beaucoup de baume au cœur en ces temps si pénibles.
Je n'aurais qu'un cri du cœur : découvrez sans attendre: L'horizon de cet auteur polonais génial.
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Le gardien d’un village de vacances déjà âgé voit arriver un homme qui vient lui acheter des haricots. Il n’en a pas beaucoup mais accepte de lui en vendre. Toutefois ils devront d’abord les écosser. C’est le prétexte à une conversation ou plutôt un long monologue du vieil homme.
Il raconte son enfance, son apprentissage du métier d'électricien mais surtout son amour du saxophone, instrument encore peu répandu. A travers son histoire c’est celle de la Pologne qui se déroule.
C’est assez monotone et pourtant à ma propre surprise, j’ai beaucoup aimé ce récit entrecoupé de considérations sur son travail actuel, les propriétaires des maisons autour de ce lac et la vie en général.
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La visite d’un inconnu sera le début d’un récit, de mémoires. Des histoires, tout en écossant des haricots. Avec monsieur Robert, il nous conte comment un électricien deviendra gardien d’un village de vacances. Puis les temps se morcellent, se fragmentent, un peu comme cette Pologne détruite ou reconfigurée au fils des siècles.
Une constante cependant la musique et le saxophone. Des pages tantôt amères, tantôt familières, le charme aussi du feutre marron, ce chapeau désiré puis oublié dans un train. Une conjugaison musicale de mots. Une vie.
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Un long, très (trop) long monologue d'une homme, sur la fin de sa vie. Un inconnu arrive chez lui pour lui acheter des haricots. Et les voilà qu'ils se mettent à écosser ensemble ces haricots. Et pendant cet épluchage, il lui raconte sa vie, dans le désordre, son travail d'électricien, sa passion pour le saxophone qu'il apprend dans une école pension. Sa petite histoire dans la grande Histoire, l'Histoire de la Pologne, l'Histoire du monde du XX ème siècle. Touchant, par moment humoristique et aussi philosophique, quelques longueurs et des coqs à l’âne. Globalement un bon livre, un bon moment.
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Un visiteur arrive dans un village, autrefois célèbre pour ses cultures de haricots, aujourd'hui transformé en résidences secondaires pour nantis. Le narrateur, ancien électricien et saxophoniste au sein de l'orchestre de son entreprise d'état, a pris sa retraite et est venu habiter dans ce village quasiment désert, où il assure la surveillance des villas tout en perpétuant la tradition. Il va proposer au visiteur, venu s'approvisionner en haricots, de participer à leur écossage, opération assez longue comme on peut l'imaginer, et que l'on peut prolonger à loisir. Ce sera pour lui l'occasion d'un long monologue, en compagnie de cet étrange visiteur, quasi muet, qu'il a l'impression d'avoir connu dans un lointain passé. Le mystère demeure, et malheureusement demeurera jusqu'à la fin, le sujet du livre n'étant pas la résolution d'une énigme mais le déroulement des souvenirs, la mémoire d'une vie ayant traversé les conflits civils et militaires qui ont marqué la seconde moitié du vingtième siècle. Hélas, ces fichus haricots, on n'en voit jamais la fin, et l'ennui s'approfondit de page en page, sans même un dénouement final venant éclairer cette sombre histoire de solitude et d'enfermement. Une curiosité littéraire, à éviter toutefois pendant les périodes de déprime…
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le narrateur est gardien d'un village de vacances. il reçoit un jour la visite d'un inconnu et pendant qu'ils écossent ensemble des haricots il raconte, sa vie, la vie.
Je n'ai pas réussi à aller au bout de ce monologue. Il m'a ennuyée, épuisée, ce fut un très bon somnifère, du coup je ne suis pas allée au bout.
Peut-être ai-je eu tort, mais il y a tant d'autres livres....
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Un livre où le narrateur est déstabilisant: comme dans "La Chute" de Camus, il parle à un interlocuteur avec qui il écosse des haricots! Le narrateur se mêle de tout et son propos "à sauts et à gambades" est plein de fantaisie. Les situations cocasses qu'il décrit (comme un concert muet ou l'achat d'un chapeau trop grand bourré de journal) sont vraiment pleines d'humour. En outre, se dessinent en filigrane la Pologne et ses plus sombres facettes: la tyrannie nazie et soviétique. La fin est plus philosophique proposant une réflexion sur la mémoire tout en invalidant le pouvoir de la philosophie et des leçons de l'Histoire. Un livre inclassable! Ce livre permet de mieux connaitre l'histoire de la Pologne (le musée de l'immigration a offert un cycle de conférences en podcast sur ce sujet également) mais c'est aussi une lecture qui flamboie de milliards d'émotions! J'ai adoré!
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Un monologue de 500 pages mais quel plaisir de lecture. Philosophie de la vie d'un homme ordinaire. Traversée de l'histoire tourmentée de la pologne
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Un long monologue... un étrange personnage très distancié, un discours sur la "polonité" ou sur la vieillesse?
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Je ne suis pas arrivée au bout de ce livre, j'ai arrêté peu après la page 200.
L'histoire de cette vie est intéressante, bien écrite, profonde, mais sincèrement indigeste par les interminables longueurs.
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L'écrivain polonais Wieslaw Mysliwski (né en 1932) est un conteur pur sang qui est vraiment sous-estimé à l'échelle internationale. Son œuvre est vaste, et cet "Horizon" est considéré comme l'un de ses chefs-d'œuvre. C'est un roman lourd dans lequel apparemment rien de spectaculaire ne se passe, mais dans lequel un jeu intelligent est joué avec des couches de temps et d'espace. Dans cette histoire originale de passage à l'âge adulte, nous regardons constamment à travers les yeux du narrateur plus âgé Piotrek, qui décrit principalement des scènes de son enfance en Pologne dans les années 1940, avec des voyages réguliers dans les 4 décennies qui suivent. En particulier, la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle la Pologne a été occupée à la fois par l'Allemagne nazie et l'armée soviétique, revient constamment en arrière-plan. La famille de Piotrek a fui à la campagne et essaie d'en tirer le meilleur parti, avec un père très maladif et une mère mélancolique, quelques oncles et tantes, et 2 "grandes" dames qui dansent principalement des tangos, reçoivent de la compagnie masculine et gâtent le jeune Piotrek à mort. Grandes et petites scènes se succèdent, avec beaucoup de dialogues qui arrivent et s'envolent à nouveau; régulièrement vous vous demandez où cela mène. Mais sans que vous vous en rendiez compte, Mysliwski tisse une toile de couches de temps et de lieux qui s'entremêlent, le jeune et l'aîné Piotrek scrutant constamment l'horizon (d'où le titre). Le style de narration de Mysliwski est très élaboré, parfois un peu trop (la recherche d'une chaussure s'étend sur des dizaines de pages). Mais cela est compensé par des changements constants de tempo : parfois la narration est bruyante, mais là encore très calme. Au final, toutes ces couches, ces moments et ces lieux fusionnent en une scène finale phénoménale.
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Avez-vous déjà passé une soirée à écosser des haricots? Non? Vous devriez. Du reste, toute activité n’engageant pas les neurones, une fois la technique assimilée, peut faire l’affaire : décorticage des noix, des châtaignes, tricot, broderie, l’art de la tapisserie, la lecture d’un roman de Marc Levy…
Il semblerait que la répétition de gestes machinaux, mécaniques, instinctifs permet à l’esprit de se libérer. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi les psychanalystes ne proposent pas ces activités redondantes à leurs patients pour les faire parler d’eux-mêmes.
Un vieil homme est sollicité pour vendre des haricots à un mystérieux interlocuteur (on n’en saura jamais plus que la longueur d’un pouce sur celui-ci) et c’est parti! Pendant plus de 500 pages, l’écosseur de haricots va lui tenir la jambe.
Jamais je n’ai rencontré tel bavard! Pas vous?
Le vieil homme est d’abord persuadé qu’il connait son visiteur et il va enchainer des pans de sa vie, passant souvent du coq à l’âne en s’appesantissant plus que de raison sur certains détails et finissant par flirter avec une certaine philosophie. Tout y passe ou presque : l’art de consommer des pâtisseries dans un salon de thé, comment passer une nuit en évitant des ronflements assourdissants, le profil des buveurs de Vodka, la psychologie du chien, la science de jouer du saxophone qui sera, on le devine déjà, la pierre angulaire d’une vie si singulière. L’apothéose est obtenue lors de ce film dont on ne connaitra jamais la fin qui met en scène un homme essayant un chapeau et sa maitresse qui n’en a visiblement rien à faire. Ca dure dix pages, j’ai compté, je vous le jure! L’auteur le reconnait lui-même : la phrase est la mesure du monde. On assiste alors à une succession de souvenirs, une scène en appelant une autre, comme des poupées russes.
Si vous parvenez à digérer ces digressions intempestives, alors vous vous réjouirez de la verve du conteur, d’autant que sa vie, située dans la Pologne de l’après-guerre est riche en petits détails sur un régime communiste de la pire espèce.
L’originalité dans le style tient principalement au fait que le conteur parle tout seul : on devine les interventions du visiteur mais elles n’apparaissent jamais comme lorsqu’on entend quelqu’un répondre au téléphone sans pouvoir saisir les réponses de son interlocuteur. Et ce procédé est répété à l’envi dans toutes les situations du roman.
Etre un enfant n’a rien à voir avec l’âge prétend le conteur au début du livre et il faut bien admettre qu’il vous faudra retrouver cette étincelle d’innocence pour vraiment apprécier les divers épisodes qui s’enchainent délicieusement.
Les livres sont le monde que l’homme se choisit lit-on quelque part. Rien de plus vrai. Enfin, tout tourne autour de la musique et c’est surement ce qui sauvera le petit garçon qui vécu l’horreur.
Dieu n’écoute les prières que lorsqu’elles sont jouées en musique. N’êtes-vous pas d’accord avec cette assertion? Si?
Alors, vous vous en sortez avec l’écossage de ces haricots?
Vous savez, comme l’auteur le souligne si bien :
les apparences c’est tout ce qu’il reste d’une vie qu’on croit avoir vécue.
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J'ai un peu peiné au départ. Disons environ les 30 premières pages puis je me suis pris à ce que raconte ce vieux bonhomme à son visiteur invisible. Des portions de vie parfois marrantes (le chapeau), des réflexions simples et juste bien tournées. Je n'ai pas regretté cette lecture un peu en marge. Ce livre a du charme.
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