Sur le fleuve, en aval, le ciel s'embrasait. Rouge et jaune s'affrontaient, s'enlaçaient passionnément dans leur prison bleu nuit pour donner naissance à un sombre vermillon. Puis ils se détachaient l'un de l'autre, carmin et safran, lapis-lazuli, combattants épuisés et suicidaires qui, comme aiguillonnés par le blanc vif qui déclinait, se jetaient une dernière fois dans le noir qui les noyait dans un pourpre somptueux.
Je voulais utiliser toute ma force créative pour arracher à l'éphémère la beauté de l'instant... et, oui, je l'admets volontiers, je voulais moi-même sortir de cette chute vers le néant, dérober au temps, ce voleur de grand chemin, une partie de son butin.
C'était cet instant où l'après-midi commence à basculer dans la soirée, cette transformation minime mais évidente de la lumière, dans laquelle les objets paraissent sortir brutalement de leur torpeur. Les tendres arrondis devenaient durs et froids, un léger frisson parcourait le monde dans cette direction et un puissant courant semblait partir de ce point à l'horion où, d'ici à quelques heures, disparaîtrait le grand disque rouge.
Des prairies alentour montaient les coassements de milliers de grenouilles, le grésillement et le bourdonnement d'insectes invisibles. Des hirondelles filaient à toute vitesse entre les murs et remontaient comme des flèches vers le ciel. De toutes parts montait le parfum des herbes te des fleurs que l'humidité du soir arrachait à la végétation et qui emplissait l'air d'un lourd arôme automnal.
Le roi n'était pas homme à aimer. Il était simplement incapable de résister aux femmes, et cela constituait un danger pour l'Etat.
Un proverbe allemand dit que l'oeil dort jusqu'à ce que l'esprit l'interroge et le réveille. Il en va de même avec les livres. On commence une lecture qu'on abandonne bientôt parce qu'on ne la comprend pas. Et un beau jour, on reprend le livre et on ne le lâche plus.
Quand on a vu trop de folie, ou bien l'on y succombe, ou bien l'on s'immunise.
Une fois qu'il est pondu, on couve attentivement n'importe quel oeuf.
Pour un trône d'hérétique, il faut des fesses de putain.
Il est plus facile de faire pousser un arbre dans une noix que de faire entrer une once de raison dans son crâne.