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Citations de Xabi Molia (55)


Si elle fut secrètement déçue de constater qu’il n’était, au collège, qu’un bon élève parmi d’autres, appliqué mais sans génie, elle reporta son aigreur sur le système scolaire. Corrompu par le socialisme d’État, il nivelait tout par le bas. Et les enseignants, expliquait-elle à ses enfants, noteraient toujours les fils de médecins plus sévèrement que ceux des ouvriers.
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Chaque geste manquant, chaque chose qui nous hante de n'avoir pas été accomplie, nous l'accomplirions ce jour-là.
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[...] Ils devenaient des hommes nouveaux à une vitesse qui dépassait leurs prévisions. La langue s'effaçait comme un château de sable s'érode vague après vague. Eliorriaga avait compris que c'était elle l'ennemie. Tant qu'ils la parleraient, ils seraient parlés par elle, ils resteraient des hommes d'avant. Alors ils étaient descendus à dix mots quotidien, ils avaient même supprimé les verbes et à présent que les mots disparaissaient des impressions nouvelles fourmillaient. Leur nez, leur peau, leurs yeux se gorgeaient de détails.
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Ils avaient laissé derrière eux les villes polluées et les étés caniculaires, l’argent, le travail salarié, le temps compté, le temps perdu sur Internet, tous ces liens invisibles qui les empêchaient d’être heureux. La catastrophe était leur chance. « Puisque tout est fini, alors tout est permis » : il répétait parfois ces mots qu’il avait vus peints sur un mur, quelques heures avant de quitter Roscoff.
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On allait créer deux catégories de citoyens, les utiles et les autres. Dans ce groupe, on rangerait les plus faibles, des gens malades ou inaptes, en dépression. Rien que ça, ce n’était pas acceptable.
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À un certain moment, elle dit que les nuits dans la forêt lui faisaient peur, les animaux et leurs esprits la suivaient du regard quand elle marchait, les chouettes, les chauves-souris, les renards aux yeux mauves, et l’Amiral allait lui répondre que ces histoires d’esprits, il fallait qu’elle se les sorte de la tête, mais il se ravisa : elle allait où, la nuit, dans la forêt ? Alors Lucia parla de ses « amis », ceux qui se retrouvaient de temps en temps pour discuter.
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Tout ce qui pouvait être utile, les naufragés l’avaient emporté, des conserves, des ustensiles de cuisine, les médicaments de l’infirmerie, des sièges de la cafétéria, des boiseries pour construire leurs abris et même des reproductions encadrées de toiles impressionnistes, petits paysages doux qu’ils avaient repérés dans le couloir conduisant aux toilettes.
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Thomas avait déjà vu ces scènes dans des films-catastrophes, les détritus jonchant le sol, les véhicules délaissés en travers de la route, l’air d’abandon et de folie qui défigurait les villes. Dans ces films il ne fallait rien attendre des autres, le chaos prenait comme un feu, et Thomas aimait sentir qu’il était seul au monde, que nul ne l’aiderait.
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Avaler des comprimés ressemblait à une solution simple, et suave, une solution à sa portée. Seulement non : après avoir descendu quelques bouteilles et ingéré du Gardénal, il avait rejoint Paris et fait la queue devant le Louvre, pour finalement atteindre la salle où était exposé le Saint Jean à Patmos de Joos van Cleve, qu’il avait entrepris de décrocher. Comme un gardien voulut s’y opposer, pris de fureur, Thomas le roua de coups, lui cassa une vertèbre et lui abîma un œil – après quoi un touriste autrichien le plaqua au sol et l’assomma. Comment Thomas avait-il réussi à conduire, à se faire admettre au Louvre et à porter des coups dans cet état ? Ce mystère physiologique suscitait chez la magistrate une perplexité teintée d’admiration. Elle avait l’air de bien aimer ce genre d’histoires, ces prodiges de bêtise et d’excentricité humaines qu’une carrière dans le ministère public vous fait contempler à intervalles réguliers.
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Un jour, il faudrait qu’il enseigne à son fils ce qu’il avait appris sur le mensonge. Enfin, pas sur le mensonge mais sur le récit, sur les besoins de leur récit de naufragés. Des voix à la radio, il y en avait sans aucun doute. Il fallait qu’il y en ait, et que les survivants le sachent ; qu’ils y croient comme on croit à la gravitation universelle ; que, dans leur histoire, ces voix soient présentes quelque part dans le ciel, des ondes invisibles flottant au-dessus d’eux.
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Charlie était loyal et sage et dévoué, il en avait toujours été ainsi. L’Amiral et sa femme s’émerveillaient de la douceur de ce garçon qui leur réclamait des baisers et hochait la tête d’un air pénétré quand son père lui racontait un nouvel exploit de Bonaparte ou de Lawrence d’Arabie, grands hommes qu’il voulait lui faire admirer.
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La forêt entrait en eux, son cliquetis, ses odeurs denses, des cris d’on ne savait trop quoi, et personne à cette époque n’aimait vraiment cela. Mais l’Amiral n’avait pas peur. À soixante-huit ans, il semblait toujours vif et infatigable. Ses cheveux avaient blanchi juste après le naufrage et sa barbe, ondulant sur un visage bien dessiné, lui faisait une tête de médaille romaine. Il n’était ni connu, ni puissant, ni riche, mais sa vie se racontait comme un roman d’aventures, si foisonnant que ses contours demeuraient flous.
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Après un siècle de défaites militaires, de renoncements, de divisions et de fautes collectives à demi avouées, les Français, si souvent moqués pour l’assurance qu’ils affichaient de leur propre grandeur, éprouvaient désormais les pires difficultés à s’en persuader. Quelques succès sportifs et le verbe haut de leurs dirigeants étaient parvenus à maquiller l’état des lieux au tournant du millénaire, mais la crise économique de la fin des années 2000 et les attentats terroristes l’avaient exposé sous une lumière crue. Maintenant, on voyait les fissures. Les bilans comptables étaient mauvais. L’influence de l’ancien empire se limitait à quelques protectorats paupérisés. La France, il faut le dire, à part les djihadistes, tout le monde s’en foutait. Ce constat provoquait des réactions d’horreur qui, en s’affaiblissant, ne laissaient derrière elles qu’un dégoût de soi, une fatigue triste, un épuisement. Or, alors que, avec la même conviction qu’ils avaient mise à s’exagérer l’aura de leur pays, experts et intellectuels martelaient à présent que tout était fini, que tout était perdu, les super-héros surgirent de la foule des humiliés. Nanti d’un pedigree, d’un beau visage et d’une voix d’acteur, Grégory Marville offrait, plus encore que les autres, un démenti sidérant à ces déclarations. La France ne sombrerait pas, la France conserverait son rang. Désormais, confiants dans leur avenir, les ménages du pays dépensaient. Le secteur du tourisme annonçait une année record, en particulier dans les villes où avaient grandi les sept. Ce n’était pas raisonnable mais l’action du Crédit Lyonnais, pour lequel Virginie avait travaillé, grimpait de façon continue, comme d’ailleurs, à Paris, la plupart des valeurs boursières. Et lorsque, visitant un hôpital ou accueilli dans le hall d’un hôtel de ville, le Capitaine soulevait un tonnerre d’applaudissements, il me semble que c’était leur éternelle éminence, c’étaient eux-mêmes qu’à travers lui les Français célébraient.
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La politique, ça ne m’intéressait pas trop, mais j’avais malgré tout une conscience, ou des valeurs, je sais pas comment il faut appeler ça. Le patriotisme, par exemple, c’est quelque chose qui m’a toujours gênée. Même dans les matchs de football, La Marseillaise avec la main sur le cœur, et les drapeaux dans les tribunes, je trouvais ça suspect. Après Vichy, les scores du FN aux élections… vous voyez ce que je veux dire ? Donc là, les rassemblements, le Trocadéro, le mouvement French is Beautiful, j’étais pas super à l’aise avec ça. Plus tard, quand on nous a reçus au Sénat, par exemple, et que tu voyais tous ces vieux cons qui faisaient la queue pour se faire prendre en photo avec nous, ça donnait un peu envie de gerber. D’un autre côté, les sceptiques, ça me mettait en colère. Une fois, à la télévision justement, j’ai vu les pancartes avec leur slogan « Bas les masques », ça m’a vraiment énervée. J’aurais aimé qu’il y ait de la bienveillance. Mais bon, la bienveillance, c’est pas vraiment une spécialité française.
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Il faut arrêter avec toutes ces histoires. Des garçons qui ont une scolarité difficile, il y en a plein, et ils ne deviennent pas tous tarés. C’est trop simple de raconter les choses comme si dès le départ il était programmé pour faire ce qu’il a fait.
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