Yann Botrel invité du Grand direct sur Lyon1ère avec Manylam Mao.
Vous ne pensez donc pas, professeur, qu'il y a plus de prédispositions criminelles chez les noirs ou les jaunes, ou bien que les femmes tuent rarement parce qu'elles ont simplement une intelligence moindre par rapport aux hommes ?
Le commissaire Goron a déclaré à la presse, lorsqu’il a su qu’une femme était mêlée au crime : « C’est une question de temps, il faut qu’elle parle, c’est de son sexe. Au début, elles portent toutes le secret gaillardement puis la contrainte les gêne, la discrétion leur devient un tourment, l’aveu refoulé les étouffe. »
Jaume repartit avec le commissaire et le brigadier en traineau, et ils se cachèrent près du domicile du beau-frère de Dauga. Après quelques heures passées dans le froid, Dauga arriva d'un pas vaillant avant que Jaume lui saute dessus avec adresse, malgré sa forte corpulence. L'individu capitula tout en protestant du traitement qui lui était réservé. Il dissimulait, sous un long manteau, un revolver et une canneà épée plombée. De plus, il était porteur d'une importante somme d'argent. Dauga, tremblotant, entendit les mots de Jaume tel un couperet.
-Tu as pensé que tes victimes étaient mortes. Elles se sont levées de leur tombeau et m'envoient vers toi te crier « assassin, assassin !
Les policiers parisiens, et Jaume en particulier, furent ovationnés par une foule venue de toute la région pour saluer l'arrestation de Jean Dauga, tueur en série, qui avoua un dixième meurtre alors qu'il était en voyage dans le Pays basque. L'homme fut jugé puis guillotineé à Nancy.
Goron espérait que quelqu'un pourrait lui en apprendre un peu plus sur « la malle à Gouffé », comme disaient la population et les journalistes. Il demanda qu'une réplique la plus fidèle possible soit réalisée par un artisan et convoqua la presse pour signaler que la malle funeste serait placée à la morgue du Châtelet afin que tous puissent la contempler et donner des informations à la sûreté parisienne.
L'annonce provoqua une onde de choc et le Tout-Paris se bouscula pour voir la fameuse malle. Déjà, à l'époque, la visite de l'espace médico-légal constituait une belle sortie familiale du dimanche mais, avec cette relique ensanglantée, l'attrait était trop fort.
Il faut bien avouer aussi que la presse parisienne n'a eu de cesse de publier des contre-vérités et de fausses interprétations pour vendre du papier, je crois savoir que ces moeurs n'ont pas tellement changé.
Le Grand Châtelet était une forteresse érigée par Louis VI, faisant office de prison.
Sous les geôles se trouvait ce que l’on nommait « la morgue », car les détenus étaient « morgués », dévisagés avec mépris, pour qu’ils puissent être reconnus en cas d’évasion.
Par la suite, au Moyen-âge, cet endroit avait servi à déposer les cadavres.
Étant native de Millery, j'ai bien sûr entendu parlé de l'affaire Gouffe, dans mon enfance, par mes grands-parents et parents, sans jamais vraiment m'y pencher, et ce fût avec une grande curiosité que j'ai découvert ce fait divers qui défraya la chronique, à travers le 19ème siècle, du temps d'Emile Zola, ce qui me replongeant dans l'histoire de France, que j'avais quelque peu oubliée et que Yann nous fait redécouvrir avec bcp de détails et d'habileté, des intrigues et des personnages hauts en couleurs, horribles et attachants en même temps, que l'on visualise en s'imaginant les lieux, et que je vous invite à découvrir...je reconnais également la plume et la sensibilité de l'auteur que j'aime profondément puisqu'il est mon fils et qu'il me rend fière. Merci aussi aux éditions "Gros Caillou" qui lui ont fait confiance et que j'ai découvert avec grand plaisir, lors de la présentation du roman.
À Lyon, les rumeurs allaient bon train, accréditées par une presse peu scrupuleuse de vérifier ses sources. Tantôt un indicateur de la police, tantôt un bohémien, tantôt un notable de la Loire se réclamait de l'affaire, l'imbroglio judiciaire commençait, et ce n'était que le début.
Il n'existe pas de société sans drogue, sans asservissement. et la mienne n'a pas fait exception à cette règle universelle. Bien des lieux dont il est préférable de taire le nom, ont été synonymes de débauche embrumés dans les volutes de l'opium qui brûle la pensée profonde, consume la raison. Il est un autre fléau qui a gangrené insidieusement la bonne société : la fée verte. Ce breuvage mystique, du nom de la jumelle d'Apollon, a poussé à toutes les turpitudes. Artémis, porteuse de l'arc, chassait les animaux, mais aussi les hommes. Ne vous noyez pas dans l'ivresse de l'absinthe, elle vous tuerait. Ne riez pas, pauvres ignorants. De là où votre serviteur vous parle, je sais ce qu'il en est.
La morgue lyonnaise se trouvait sur un bateau le long des quais face à l'Hôtel-Dieu. La première embarcation de ce type avait été submergée par une crue du fleuve avant d'être reconstruite quasi à l'identique au grand dam du chercheur qui défendait une morgue beaucoup plus moderne, près de la faculté de médecine, là où l'odeur des cadavres en décomposition ne gênerait pas les proches habitants. Il voyait cependant une seule utilité à ce bateau : l'eau à proximité pour arroser les corps et ralentir la putréfaction.