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Citations de Yeonmi Park (78)


La première chose qu'ils nous ont apprise au Centre d'intégration de Hanawon a été l'hymne national. Nous étions tous très doués pour le chanter. Après tout, c'était le genre de talent que nous Nord-Coréens avions perfectionné toute notre vie. Le reste s'est révélé beaucoup plus compliqué.
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Après ma fuite en Corée du Sud, j'ai appris avec surprise que les bourgeons et les jeunes pousses du printemps symbolisent la vie et le renouveau dans le reste du monde. En Corée du Nord, le printemps est la saison de la mort. C'est la période de l'année où nos réserves de nourriture sont épuisées et où les fermes n'ont aucune production puisque les cultures viennent juste d'être plantées. C'est au printemps que la plupart des gens meurent de faim. Ma sœur et moi entendions souvent des adultes marmonner en hochant la tête devant des cadavres dans la rue : "Dommage qu'ils n'aient pas tenu jusqu'à l'été !"
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En Corée du Nord, contrôler vos allées et venues, ce que vous apprenez, l'endroit où vous travaillez et ce que vous dites ne suffit pas au gouvernement. Il faut aussi qu'il vous contrôle au travers de vos émotions, il fait de vous un esclave de l'Etat en détruisant votre individualité et votre capacité à réagir à des situations en vous appuyant sur votre expérience personnelle du monde.
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La faim était omniprésente. Tout ce que je désirais, c'était avoir quelque chose à manger à mon prochain repas. Sauter un repas pouvait signifier la mort, par conséquent c'est devenu ma plus grande peur et mon obsession. On se fiche du goût de la nourriture et on ne mange pas avec plaisir. On ne mange plus que pour survivre, avec un instinct animal, calculant sans s'en rendre compte combien de temps en plus chaque bouchée va nous faire tenir.
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Je devais reprendre toute mon éducation. Depuis le début.
Nous étions nombreux à avoir des difficultés à nous adapter à la classe. Rester assis sans bouger sur une chaise n'était ni confortable ni naturel pour nous. Et les leçons étaient souvent déroutantes. Nos manuels scolaires n'employaient plus les "chiens d'Américains" comme unité de mesure pour les additions et les soustractions - maintenant nous avions de beaux fruits colorés comme les pommes et les oranges. Je ne connaissais toujours pas mes tables de multiplication. Et j'avais besoin d'aide pour les bases comme l'alphabet. En dehors des caractères coréens, le seul alphabet que je connaissais était celui que nous utilisions en Corée du Nord pour épeler les mots russes. En apprendre un nouveau semblait une tâche écrasante.
Les éducateurs passaient beaucoup de temps à nous enseigner le monde au-delà des frontières fermées de la Corée du Nord. C'était la première fois que nous apprenions qu'il existait des démocraties prospères sur toute la surface du globe, et que la Corée du Nord était l'un des pays les plus pauvres de la planète, et le plus répressif de tous. J'arrivais à croire que Kim Jong-il vivait dans des demeures luxueuses pendant que son peuple mourait de faim. Mais je ne pouvais accepter que ce soit son père, le Grand Dirigeant Kim Il-sung, et non le diable yankee ou les envahisseurs sud-coréens, qui avait commencé la guerre de Corée en 1950. Pendant longtemps, j'ai simplement refusé de le croire. Considérer que la Corée du Nord était la victime perpétuelle de l'agression impérialiste faisait partie de mon identité.
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Il y avait tant de personnes désespérées qui réclamaient de l'aide qu'on était obligé de fermer son cœur pour que la douleur ne nous submerge pas. Au bout d'un moment, on ne peut plus se soucier des autres. Et c'est à ça que ressemble l'enfer.
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J’ignorais que la liberté pouvait être aussi cruelle et difficile. Jusqu’à présent, j’avais toujours cru qu’être libre signifiait pouvoir porter des jeans et regarder les films sans m’inquiéter d’être arrêtée. Je comprenais désormais que je devais penser tout le temps - et c’était épuisant.
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Je commençais à prendre conscience que l'on ne peut pas vraiment grandir et apprendre à moins de posséder un langage dans lequel s'épanouir. Je pouvais littéralement sentir mon cerveau s'éveiller à la vie, comme si de nouvelles connexions embrasaient des lieux autrefois sombres et déserts.
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Presque tous ceux que je connaissais ont perdu des membres de leur famille à cause de la famine. Les plus jeunes et les plus vieux sont morts en premier. Puis les hommes qui avaient moins de réserves que les femmes. Les gens affamés dépérissaient jusqu'à ne plus pouvoir lutter contre les maladies, ou bien souffraient de telles carences que leur coeur cessait de battre.
Ma propre famille subissait également des privations à mesure que notre chance allait et venait comme un bouchon ballotté par l'océan.
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Nous avons tous nos propres déserts. Ils ne sont peut-être pas identiques au mien, mais il nous faut tous les traverser pour trouver un sens à nos vies et être libres
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Je m'étonnais de la rapidité avec laquelle un mensonge perd son pouvoir face à la vérité. En quelques minutes, une conviction de plusieurs années s'est tout simplement évaporée.
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Le vocabulaire en Corée du Sud était tellement plus riche que celui dont nous disposions, et lorsqu'on possède plus de mots po ur décrire le monde, on peut approfondir sa réflexion et former une pensée complexe. En Corée du Nord, le régime ne veut pas que l'on pense, et il déteste la subtilité. Tout est noir ou blanc, il n'y a pas de nuances de gris.
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J’ai vite appris à ne pas répéter tout ce que j’entendais. On m’a enseigné à ne jamais exprimer mes opinions, à ne jamais rien remettre en question. J’ai appris à suivre aveuglément ce que le gouvernement me disait de faire, de dire, ou de penser. Je croyais vraiment que notre Cher Dirigeant, Kim Jong-il, pouvait lire dans mes pensées, et que je serais punie si j’en avais de mauvaises. Et si lui ne m’entendait pas, les espions étaient partout, à écouter aux fenêtres et à surveiller la cour d’école.
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En Corée du Nord, les gens possèdent des chiens pour deux raisons : protéger leur maison ou les manger.
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Les seules histoires d’amour que je connaissais, je les avais vues dans des films et j’ignorais complètement ce que l’héroïne de Pretty Woman faisait quand la caméra se détournait. Nous étions encore si naïves. Tout ce qui m’intéressait dans Pretty Woman, c’étaient les vêtements magnifiques que Yong-ja et moi tentions de reproduire pour nos poupées de papier.
Je suis gênée de l’avouer mais j’ignorais qu’un baiser était censé être romantique. Parce que mon père et ma mère m’embrassaient beaucoup quand j’étais petite, je croyais que c’était un geste que tout le monde accomplissait pour montrer son affection. L’éducation sexuelle n’existe pas en Corée du Nord. Les mères ou les médecins discutent peut-être de sexe avec une fille la veille de son mariage mais je n’en ai jamais entendu parler.
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Je sais qu’on peut perdre une part de son humanité à tenter de survivre. Mais je sais aussi que l’étincelle de dignité humaine ne s’éteint jamais totalement, et qu’avec une bouffée de liberté et le pouvoir de l’amour, elle peut à nouveau s’embraser.
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Je ne rêvais pas de liberté en quittant la Corée du Nord. Je ne savais même pas ce qu'être libre signifiait. Ma seule certitude, c'était que si ma famille ne partait pas, nous allions mourir — de faim, de maladie, emprisonnés dans des conditions inhumaines dans un camp de travail. La faim était devenue insoutenable; j'étais prête à risquer ma vie contre la promesse d'un bol de riz.
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J’ai appris à suivre aveuglément ce que le gouvernement me disait de faire, de dire, ou de penser. Je croyais vraiment que notre Cher Dirigeant, Kim Jong-il, pouvait lire dans mes pensées, et que je serais punie si j’en avais de mauvaises. Et si lui ne m’entendait pas, les espions étaient partout, à écouter aux fenêtres et à surveiller la cour d’école.
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Je ne savais même pas ce qu’être libre signifiait. Ma seule certitude, c’était que si ma famille ne partait pas, nous allions mourir – de faim, de maladie, emprisonnés dans des conditions inhumaines dans un camp de travail. La faim était devenue insoutenable ; j’étais prête à risquer ma vie contre la promesse d’un bol de riz.
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Je lisais pour me remplir l'esprit et pour chasser les mauvais souvenirs. Mais il s'est avéré que plus je lisais, plus mes pensées se faisaient profondes, ma vision du monde lucide et mes émotions affutées. Le vocabulaire ne Corée du sud était tellement plus riche que celui dont nous disposions, et lorsque l'on possède plus de mots pour décrire le monde, on peut approfondir sa réflexion et former une pensée complexe.
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