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Citations de Yves Citton (32)


On essaiera de mieux comprendre en quoi nos environnements conditionnent notre attention, individuelle et collective, et en quoi nous conservons toujours une certaine puissance d'agir sur notre destin, dès lors que nous entreprenons de reconfigurer ces environnements. D'une certaine façon, notre attention est ce qui nous appartient le plus en propre. Et pourtant, nous n'en disposons que pour l'aliéner - dans les appareils de capture où nous immerge le capitalisme consumériste, comme dans les expériences esthétiques où nous nous plongeons avec le plus de passion.
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Un livre consacré à l'épuisement de nos ressources attentionnelles est une contradiction incarnée: il vous explique pourquoi vous n'aurez pas le temps de le lire.
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Corollaire de rivalité: la somme d'attention attribuée à un certain phénomène réduit la masse d'attention disponible pour considérer d'autres phénomènes.
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Le seul fait de regarder ensemble les mêmes choses au même moment produit des effets de valorisation commune.
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Tel est le défi de toute pédagogie et de toute esthétique : n'est véritablement utile que ce qu'on aura su rendre agréable ou exaltant.
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Un discours politique devenu dominant suggère que les notions de «  gauche  » et de «  droite  » n?ont plus cours  : comme le franc, la peseta et la lire, ce seraient des devises obsolètes, que seuls des retardés tenteraient (avec de moins en moins de succès) de continuer à faire circuler par nostalgie pour un âge révolu. Faut-il s?en réjouir, et profiter de la brèche ainsi ouverte dans les murailles des vieilles forteresses partidaires  ? Faut-il s?en lamenter, et travailler à restaurer des repères sans lesquels nous nous sentons dramatiquement désorientés  ? Ce livre suggère que le dilemme est mal posé. Si tant d?entre nous restent incrédules envers les fausses promesses de la gauche comme envers les turpitudes de la droite, c?est sans doute qu?ils ont de bonnes raisons de s?en méfier. Si tant d?entre nous ne savent plus où se tourner pour satisfaire une soif de justice trop souvent déçue, c?est que quelque chose fait défaut dans nos horizons politiques actuels. Les discours hérités auxquels se réduisent les positionnements politiques traditionnels sentent souvent le rassis, et sonnent trop creux pour parvenir à mobiliser nos engagements. Nous avons cependant besoin de repères pour nous orienter au sein de problèmes sociaux de plus en plus intriqués et complexes. Et les repères binaires (droite/ gauche, haut/ bas, devant/ derrière) sont encore les plus efficaces. Autrement dit  : nous avons besoin de nouvelles polarités politiques. C?est à l?émergence de ces polarités qu?espère contribuer ce bref ouvrage. Pour ce faire, il esquisse une vingtaine de contrastes articulés en une dizaine d?oppositions binaires. Le jeu consistera moins à choisir, de façon exclusive, si l?on est d?un côté ou de l?autre, si l?on votera pour l?un ou contre l?autre, mais plutôt à sentir ce qui peut nous attirer ou nous repousser dans chacune des directions ainsi dessinées. La prémisse en est qu?il n?y a pas les gentils contre les méchants, les bons contre les cons, les clairvoyants contre les enfumés, les savants contre les ignares, mais que nous gagnerions toutes et tous à nous positionner entre les deux pôles ainsi dégagés. Davantage qu?un jeu de classification, la question sera de déterminer où précisément nous devrions nous situer si nous souhaitons mettre nos positionnements et nos pratiques en accord avec nos sentiments. Tout autant que des oppositions extérieures entre forces politiques ennemies, ces polarités pourront être envisagées comme des contrastes intérieurs, générés par des forces contradictoires qui nous traversent et avec lesquelles nous avons constamment à composer. Donc  : nous avons besoin de polarités, mais c?est toujours entre les deux pôles que nous devons trouver où vivre. Comme l?explicitera la conclusion, les courants et contre-courants mis en scène dans chaque paire d?opposés seront à imaginer sous la forme des résistances électriques, vivant de la tension persistante entre un pôle négatif et un pôle positif qui n?existent que l?un par rapport à l?autre.

Introduction
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L'IA n'est ni artificielle, ni intelligente, elle est à la fois incarnée et matérielle, faite de ressources naturelles, de carburant, de travail humain, d'infrastructures, de logistiques, d'histoires et de classifications. (33)
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Pour se lever le matin à 6 h 30 et passer quarante-cinq minutes dans les transports afin de s’enfermer dans un bureau pendant huit heures, il faut « croire » à un certain horizon socioculturel (basé sur le salariat, l’argent, le marché) qui n’est, dans l’absolu, ni évident ni nécessaire. Ce qui, pour certain·e·s, paraît absolument sensé dans le cadre d’une société particulière – du progrès, du travail rémunéré et de la marchandise – peut devenir incompréhensible et opaque, voire totalement absurde, pour celles et ceux qui, du fait de leur immersion en milieu effondriste, ressentent la crise de signification d’un tel univers, et se retrouvent à l’observer depuis l’extérieur.
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C'est bien de cette capacité à remarquer ce qui est là - qui est important mais qu'on avait jusque-là négligé - que Joseph Jacotot et Jacques Rancière font le ressort d'une pédagogie dirigée vers l'émancipation intellectuelle. La fonction essentielle de leur maître (potentiellement ignorant) n'est pas d'expliquer des contenus, mais d'exercer l'attention des élèves, que ce soit par un commandement imposé à leur volonté ou par la stimulation de leur désir. C'est bien vers "une habitude et un plaisir pris à remarquer" que doit tendre toute expérience d'enseignement.
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Depuis un centre de névrose unique, une infection s'est développée avec une vélocité telle que très vite, il n'y eut plus un coin de la planète qui n'en fut contaminé. Il s'agit du capitalisme, bien sûr. Nous savons toutefois que c'est aussi dans le lit des violences faites au naturel par la métropolisation libérale, à la faveur de l'arasement de dispositifs communaux jugés non rentables et au gré des circuits marchands, que les virus biologiques se forment, s'établissent et se propagent. L'une et l'autre pandémies entretiennent identité de méthode par l'incohérence insinuée dans les systèmes dont elles perturbent les structures traditionnelles sociales et économiques organiques. (67)
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Ainsi se met en place, à l’aube de la modernité, un dispositif où Giorgio Agamben pourra voir, de nos jours, un exemple de « médialité pure », nouant de la façon la plus saisissante médiation et immédiateté. Les différentes citations réunies ci-dessus suffisent à nous faire comprendre l’intrication de ce nouage. En tant que mouvement fait « pour signifier » (et non pour lui-même), en tant que forme particulière de toucher qui passe par l’image et la vision à distance, le geste relève bien d’une médiation : il est un moyen d’affecter autrui par l’intermédiaire d’une transformation de notre corps – et en ce sens, on pourrait le réduire à une forme de communication comme une autre.
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Prendre acte de l’effondrement des souverainetés pousse à au moins deux types de gestes pour qui souhaite se tenir du côté des undercommons. Le premier, brillamment esquissé par Fred Moten et Stefano Harney, invite à un partage de nos incomplétudes : le défi consiste ici à « ressentir plus intensément la physique de notre surround, notre esthétique sociale, notre incomplétude partagée ». Ce geste à fortes résonances franciscaines appelle à « libérer nos pensées en détachant ce que nous voulons de ce qui nous manque (want) », pour « habiter ici ». Ce choix de se tenir aux côtés du dénuement ne saurait être légitimement accusé de faiblesse : ce qu’il prône, c’est justement la méfiance envers le culte de la force (individuelle, nationale, compétitive), qui fait le chaudron des fascismes et des intégrismes de tous bords.
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Autrement dit : faisons comme si l’effondrement avait déjà (eu) lieu ! Telle pourrait bien être la condition d’un effondrisme désespéré (au sens où il abandonne le rêve d’échapper au délitement de nos modes de vie extractivistes), mais non désespérant (au sens où il espère en voir et en faire émerger des formes de vie plus désirables).
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Ainsi se trouve parfaitement résumée une certaine trajectoire dessinée, au cœur du monde occidental, par le progrès technologique, son application industrielle et les connaissances scientifiques qui s’y déploient : celle d’une émancipation des contraintes de nos milieux naturels – pour le meilleur (le confort dont on a profité gaiement) comme pour le pire (les dégradations qu’on a acceptées avec insouciance et qu’on voit avec angoisse revenir plomber notre avenir). Par ce processus, nos sociétés humaines ont pu s’installer au centre du jeu planétaire, reléguant les phénomènes naturels au statut de fond de scène. Le scénario de la crise écologique nous raconte ce qui se passe lorsque ces rapports (de mépris) atteignent un niveau insoutenable et que des spectres reviennent bousculer nos certitudes.
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Nos modes de vie n’ont échappé pour l’instant à la crise environnementale (implicite dans leurs coûts écologiques) qu’en déplaçant les facteurs d’effondrement sur des territoires lointains, maintenus dans la soumission à l’ordre du monde colonial.
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Tant qu’à faire et à tout prendre, l’effondrisme pourrait bien constituer la moins dangereuse, ou la plus raisonnable, des religions actuellement proposées à notre désarroi. Le véritable défi pourrait bien être d’accompagner son développement – en nous – de façon à contenir les dangers qu’il partage avec les autres religions instituées, tout en s’appuyant sur les puissances affectives de reconfiguration existentielle qui font la force de ces dernières, à la fois inquiétante et inégalée.
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C’est précisément parce que nous voyons l’effondrement commencer tout autour de nous qu’il nous paraît nécessaire d’en comprendre les étonnants effets de mode. C’est parce que nous en vivons nous-mêmes la hantise que nous cherchons à en secouer l’emprise.
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Le voyage en médiarchie que propose cet ouvrage s’efforce de cartographier cet ailleurs à la fois inconnu et familier. Il invite souvent à parler une langue étrangère (aux accents surtout anglophones et germaniques), qu’on espère rendre aussi compréhensible que possible, sans pour autant lui faire perdre le charme de l’exotisme. Il trace son cheminement à travers quatre continents, dont chacun décline un peu plus précisément ce que confond généralement la référence commune aux « médias ». Chacun de ces continents s’affiche sous une graphie particulière aidant à distinguer les différents registres de réalité habituellement confondus. (…)
Davantage qu’un expert ès-médiologie, l’auteur prétend plutôt au statut de traducteur-interprète et de guide touristique. Il espère en savoir juste assez pour réussir à faire partager aux autres son désir d’aller y voir de plus près. L’urgence politique est-elle compatible avec la curiosité touristique ? C’est le pari que fait ce livre en présentant la médiarchie à la fois comme la nouvelle frontière d’un monde encore extérieur – de par sa nouveauté anthropologique, vieille d’à peine quelques siècles et en reconfiguration constante depuis son émergence – et comme la limite intérieure qui nous empêche de devenir ce que nous pourrions être.
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Tout semble a priori opposer les rapports que nous entretenons avec les deux types de viralités [biologique et médiale] : nous cherchons à fuir l'un ("attraper un virus") comme la peste, alors que nous désirons l'autre ("devenir viral") de nos voeux les plus chers. Quoi de pire que de sentir la fièvre monter en nous ? Quoi de mieux que de voir les clics et les likes crever le plafond de nos comptes antérieur de followers ?
[...]
Dans les deux cas, on observe une même dynamique de réplication incontrôlée et imprévisible d'un élément dont le code s'inscrit dans des hôtes à partir desquels il se reproduit et se diffuse d'une façon exponentielle. Dans les deux cas, ce qui circule n'a pas véritablement de vie en soi, mais compte sur la vie qui l'accueille pour mobiliser au profit de sa reproduction la force vitale inhérente à son hôte. Dans les deux cas, il est plus difficile qu'on ne le croit généralement de décider dans quelle mesure la contagion virale est une menace ou une opportunité : notre microbiote est plein de milliards de virus sans lesquels nous ne pourrions pas survivre, et les mêmes virus peuvent suivant les circonstances causer notre mort ou notre guérison (on parle d'amphibiose pour désigner ce phénomène); et nul ne sait lorsque tels de nos messages ou de nos tweets gone viral reviendront nous discréditer par tel imprévisible effet de boomerang. (380)
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HORIZON FUYANT

Alban Leveau-Vallier fait remarquer que depuis un demi-siècle, l'avènement d'une IA égalant les capacités humaines est constamment prédit à un horizon (perpétuellement repoussé) des 20 ans à venir. (220)
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