Citations de Ziska Larouge (25)
Dans l’étang, les cygnes se moquent de moi, culs pointés vers le ciel comme des flambeaux, en apnée, ils pêchent. Je m’arrête pour les observer. Ils ont l’avantage d’être deux. Tatataââ. Ça, c’est dans une chanson de Renaud. Décidément. Quand j’ai le blues, je décline ma vie en chansons.
Joy surgit de l’arrière de la maison. Elle était accompagnée d’une femme entre deux âges dont on ne remarquait de prime abord que la coiffure. Les bigoudis y avaient laissé comme un réseau de tunnels pour voitures miniatures. Un sac à provisions pendait mollement à son bras.
Les gosses de divorcés n'ont pas de chez eux. Ils rentrent chez leur mère ou chez leur père.
A l'école, j'étais en échec à peu près dans toutes les matières et mon estime de moi n'en pouvait plus de se casser la gueule.
Au fond, ça m'énerve quand les gens n'ont pas besoin de moi.
Il paraît qu'on se répare en réparant les autres.
Claudine frissonne. Ses tatouages habillent ses longues jambes, mais ne la réchauffent pas, visiblement.
Ca me gonfle, moi, les gens qui disent qu'ils ont faim et qui refusent le sandwich offert.
Je me demande ce que ça veut dire SS ? Soldat sadique ?
Pour elle, les hommes étaient des bonbons à enfiler sur une brochette. De toutes les couleurs, de toutes les formes, acidulés ou sucrés à l’écœurement.
On dira ce qu'on voudra d'Internet, mais, même si les magasins fermaient à la pelle et qu'une foultitude d'emplois disparaissait, ce nouveau média représentait une sacrée fenêtre sur le monde pour les reclus en tout genre : handicapés, ermites ou isolés.
Gidéon, qui vouait à son chien une intelligence hors du commun depuis que ce dernier l'avait sauvé de la pharmacienne tueuse en se jetant dans ses jambes, lui caressa la tête. Le chien guignait le carton à pizza derrière l'assaillante, mais l'histoire est plus belle quand on la peuple de héros.
La jalousie, c'est comme une rage de dents. ça vous prend et ça ne vous lâche plus, jusqu'à exacerber vos sens si fort que vous vous en cogneriez la tête au mur, ou pire, vous vous mettiez à cogner sur celle des autres.
Un service d'urgences, c'est un peu comme un bateau qui coule, avec des gens qui courent dans tous les sens sans avoir vraiment la conscience de l'autre, tant ils sont préoccupés par l'exigence de l'instant. Sauf que tout y est sous contrôle, généralement.
Il n’y a pas un seul bouquin dans cet hôtel, et je me demande comment je vais y survivre. De Quatre-vingt jours en ballon à Martine à la plage, du dernier Le Clézio au premier roman d’un inconnu, je ne peux pas m’endormir si je ne suis pas entré de plain-pied dans une histoire qui n’a rien à voir avec la mienne.
Finalement, j’embarque un plateau de petit déjeuner laissé pour compte et quelques prospectus, puis je remonte en m’arrêtant devant chaque tableau, ce qui me prend un certain temps (quatre toiles par étage). Devant ma soupente, il me semble que Paerels et moi sommes devenus intimes.
Maintenant qu'il avait le ventre plein, la fatigue fondait sur lui comme le chocolat chaud sur la glace.
L'art, sous toutes ses formes, permet cette espèce de continuité dans le temps qui mène à l'immortalité.
Il y a des personnes qu'on ne verra jamais emprunter un livre en bibliothèque ou en acheter d'occasion. Moi, l'idée des mains qui ont tourné les pages avant moi, ça me fascine. Il y a celles, fébriles, qui ont encore tant à découvrir, ou celles potelées, un peu tristes de la ménagère qui rêve, celles si rêches de l'ouvrier qui prend goût à la lecture sur le tard faute de temps ou encore celles, veinées comme un parchemin, de l'érudit à la retraite qui relit les mêmes oeuvres sans jamais s'en lasser. Que dire de celles qui passeront après les miennes?
Pierrette Mortier et Fanny Dussart étaient aussi différentes que le caillou et la pâte à tartiner.
- Être célibataire, c’est comme manger des moules sans frites. Ça va certains jours, mais franchement, grailler les deux, et surtout à deux, c’est meilleur, soliloquait Fanny en jouant avec son sautoir, effondrée dans le divan.
- Moi, je dirais, c’est comme manger des frites sans mayonnaise, intervint Pierrette, affalée à côté d’elle.
- Non. Ça, c’est carrément la définition de la misère.