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Citations de Zoé Valdés (328)


Tandis que Picasso sculptait sa maîtresse Marie- Thérèse Walter dans des dimensions énormes, Nusch et Éluard lui tenaient compagnie dans sa résidence du Boisgeloup, le distrayaient en lui disant des poèmes et en lui parlant peinture, malgré son peu d'intérêt pour la chose.Ils réinventaient le monde à travers l'art.Un monde qu'ils savaient devoir perdre, au seuil déjà du cataclysme, mais qu'ils s'entêtaient à sauver à chaque seconde.Chaque coup de pinceau dans l'oeuvre de Picasso le démontre. Tête de taureau.Tête de mort.

( Arthaud poche, 2016, p.187)
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Les communistes suspectaient les surréalistes, les accusant d'être traîtres et Trotskistes.Dora signait des pétitions, des lettres, courait ici et là en dénonçant cette politique destructrice mais sans perdre une once de confiance dans l'art et dans l'idéologie à laquelle elle s'accrochait comme une planche de salut.
Dora, la grande artiste, la muse du surréalisme, allait devenir extrémiste et totalitariste.
Cette époque étriquée s'y prêtait, mais l'on pouvait aussi tomber plus bas et flirter avec le fascisme.
Elle avait adopté le communisme comme seule arme, avec cette naïveté propice aux artistes culpabilisés de ne se vouer qu'à la création.

( Arthaud poche, 2016, p.186)
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Peu de gens ignorent que Pablo Picasso se fit prier et attendre quand ses compatriotes qui luttaient contre le fascisme réclamaient son appui.Comme tant d'autres, il resta silencueux, ou plutôt discret.Jusqu'à ce que trois soldats allemands entrent dans son atelier, rue des Grands- Augustins, et l'insultent en le traitant de " dégénéré, communiste, et juif". C'est alors Dora Maar qui réussit à le convaincre d'agir au moyen de sa peinture. Mais si l'histoire comble d'éloges Picasso, elle réduit, en revanche, le rôle de Dora Maar à celui de maîtresse cinglée.

( Arthaud poche,2016, p.145)
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-Qu'est-ce qui t'a attiré chez elle ?Ou mieux comment as-tu appris son existence ? Était- ce à- Paris ou à la Havane ?
(...)- C'était à la Havane, au début des années quatre- vingt dix.J'étais tombée sur un catalogue de photos que je recherchais depuis longtemps.Comme cela se faisait chez nous, je l'avais échangé contre deux kilos de lait en poudre à un ami qui l'avait volé dans dans la bibliothèque d'un diplomate
hollandais: c'était un troc.J'avais lu des choses sur Dora Maar, mais je ne connaissais pas ses photos.

( Arthaud poche, 2016, p.110)
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(** résidence de Peggy Guggenheim, à
Venise)
Dora s'arrêta devant la sculpture d'Henry Moore qui se trouve à l'entrée. Elle était émerveillée. Impossible cette fois de faire une photo, nous avions oublié l'appareil mais quel dommage de n'avoir pu capter cette image de Dora caressant le bronze comme pour le polir encore davantage !

( Arthaud poche 2016, p.118)
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L'histoire ambigüe...

Le poète Éluard eut un comportement aussi terrible que celui de Picasso à l'égard de Max Jacob.Picasso, prié de faire quelque chose pour sortir Jacob du camp de transit vers Auschwitz, répondit par une pirouette trop légère et évasive pour être poétique. (...)
Éluard, pour sa part, en sauva beaucoup par son poème " Liberté ", encore scandé aujourd'hui par des milliers de prisonniers politiques de par le monde. C'est Éluard poète. L'Éluard communiste, en revanche dénonça un camarade et l'envoya devant le peloton d'exécution. Il fut expulsé du mouvement surréaliste mais y revint; de même au Parti communiste, mi-expulsé , mi-repenti, mais toujours de retour sur le même sentier goulet d'étranglement.C'était le temps où les hommes ignoraient que le communisme était coupable.
Mais malgré ces horreurs et ces remords, Dora l'aimait, comme un frère aîné qui la conseillait avec tendresse.Et elle admirait le grand poète surréaliste.

( Arthaud Poche, 2016, p.130)
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Comment une femme aussi intelligente qu'elle pouvait être aussi insupportablement soumise ?

( Arthaud poche, 2016)
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Elle vécut en Argentine avec ses parents jusqu'à l'âge de treize ans, puis la famille retourna à Paris Pendant ces années- là, elle fit ce que font toutes les petites filles: jouer, étudier, s'initier à la vie, singer les adultes, s'inventer des histoires, un destin, rêver à son avenir, à son premier amour.Fille unique, elle fut choyée (...)
Chaque jour à la tombée de la nuit, elle montait au mirador.Elle était devenue experte en ces instruments d'optique, les ajustant, passant de l'un à l'autre, mesurant les distances, contemplant les étoiles. Elle donnait un nom à chacune...À Venise, devant cette vitrine elle aurait désiré se les rappeler toutes, mais n'y parvenait pas...
.Elle entendait seulement la voix lointaine de son père.
- Dora, ne te cache pas les yeux devant l'immensité de l'univers, regarde, regarde, míra, míra...Dora.

( Arthaud poche, 2016)
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Je ne me suis pas intéressée à Dora Maar parce qu'elle fût la maîtresse de Picasso.J'étais attirée par sa vie, son art, et surtout son oeuvre de photographe.Je l'ai aimée dès que j'ai vu son " Portrait d' Ubu", si profond et surréaliste. (...) Et puis ses photos de Picasso lui-même. Je me suis éprise de son oeuvre avant de me pencher sur sa vie.

( Arthaud poche, 2016)
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Malgré des moments de grandes difficultés financières , elle n'avait jamais voulu vendre l 'oeuvre importante de Picasso et ne s'était jamais défaite d'une seule de ses toiles magistrales.(...)
D'un autre coté, elle allait mourir un jour et il n'y aurait personne pour prendre soin de cette oeuvre, celle que Picasso lui avait consacrée. C'était là sa seule richesse.Rien, elle ne possédait rien, seulement l'oeuvre de Picasso, et c'était bien assez.

( Arthaud Poche, 2016 )
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chaque fois qu'on évoque les relations entre Picasso et Dora Maar, c'est souvent pour souligner qu'elle pleurait à flots, en grimaçant, qu'elle criait et devenait horrible
- Je ne l'ai jamais vu pleurer sauf sur les portraits que Picasso avait faits d'elle, dit Bernard (**Minoret)

(...) J'ai tenté de lui parler un peu plus de moi, de Cuba et de l'exil.Lui dire que je ne pleurais plus, que j'avais épuisé mon stock de larmes, malgré ma rage intérieure et brûlante. Lui dire surtout que je me sentais très seule et très fragile, sans l'appui de personne.
Mais je ne l'ai pas fait et me suis tue.Mes larmes, je les ai transformées en écriture. Tout ce que j'ai voulu pleurer se retrouve sur le papier.Tout ce que j'ai voulu pleurer, je l'ai écrit.

( Arthaud Poche, 2016)
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Nous sommes vraiment bizarres, les Cubains, nous feignions d'être accueillants. Nous faisons même des cadeaux aux gens que nous ne connaissons pas le moins du monde. Tout cela pour gagner leur confiance.
On dîna, on parla de Cuba, de la famille, de la musique, des danses.Les Français nous observaient, hébétés. On dansa entre nous, on ne parlait qu'en espagnol.Nous avions oublié que nous vivions en France.La cour se transforma soudain en quartier havanais, mains baladeuses comprises.Voilà ce qui nous caractérise tant, les Cubains, nous transformons tout en secte communiste ou en quartier de la Havane, ou les deux à la fois.

( p.45)
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Initiation au silence

Tel est notre lot.Notre mode de vie tribal.Comme si les CDR, les Comités de défense révolutionnaires inventés par Castro, ne suffisaient pas, il nous faut créer dans chaque pâté de maison un comité, même en exil.

( p.38)
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Moi je suis allergique aux fêtes, je déteste devoir m'amuser un jour fixe à une heure précise. Je n en tire aucune ivresse mais plutôt l'envie de vomir d'ennui.
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Tandis qu'il marchait, il entendit l'orgue de Barbarie qui était toujours là pour le secourir dans ces moments d'extrême solitude. Il continua d'avancer, en se laissant guider par les notes, et finit par apercevoir le tourneur de manivelle.C'était un aveugle qu'il avait déjà croisé dans le quartier; il avait les yeux blancs, c'est à cela qu'on décelait sa déficience visuelle. L'aveugle se rendit compte que quelqu'un était là :
- Comment la nuit est-elle aujourd'hui? Voit-on les étoiles? demanda-t-il.
- C'est rare qu'on voie les étoiles à Paris...,répondit Paul, tandis qu'il sortait quelques pièces de la poche de son gilet.
- Alors, il faudra les imaginer. Mais est-ce un ciel de nuit couvert ou a-t-il cette teinte électrique et bleutée? insista le joueur d'orgue de Barbarie.
- Ce soir, il a cette teinte électrique trop bleutée, répondit Paul en observant la voûte céleste. Mais comment pouvez-vous faire la différence entre un "ciel de nuit couvert" et une teinte "électrique et bleutée" ? Vous n'avez pas toujours été aveugle?
- Si, je suis aveugle de naissance. C'est comme ça, ce sont des choses qui me passent par la tête, je peux les imaginer.
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Ce qui est impardonnable, c'est d'avoir fait croire au rêve d'un monde meilleur, et que le régime s'entête à vouloir en convaincre la planète à tout prix en usant insidieusement de la répression et de la mort. Les autres tragédies mondiales ont fait couler des flots d'encre. Nous n'avons pas eu de chance avec la nôtre, hideuse entre toutes, mais si raffinée dans ses pièges.
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La faim et la pénurie faisaient des ravages. Nous ne sauront jamais le chiffre exact de vieillards abandonnés morts de faim, d'enfants victimes des épidémies, de la malnutrition ou du manque de médicaments, ni le nombre de chômeurs, de suicides, de crimes, de tortures, d'exécutions. Ces informations restent totalement confidentielles avec la bénédiction internationale. Censurées au nom d'une conspiration mondiale du silence. Les médecins n'ont pas le droit de déclarer des cas de maladies prétendument éradiquées, qui ont fait leur réapparition à la faveur des carences de l'hygiène, de la fumigation et de l'alimentation.
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Les yeux vides, très remontés contre le régime, les gens maugréaient des imprécations sans oser aller plus loin. Qui peut ignorer que les tanks veillent ?
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- C'est très simple : prends un cahier, écris, défoule-toi, après quoi tu brûles le tout et tu oublies !
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Mais qui n'a jamais fait de prison à Cuba ? Ou plutôt, que celui qui est libre lève la main, l'immaculé citoyen, celui dont les poignets n'ont jamais connu les menottes. Beaucoup chercheraient dans le dictionnaire le sens du mot libre.
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