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Citations de Éloïse Lièvre (32)


Les livres sont des objets du monde. Concrets. Odeur des livres cette antienne, ils sentent le doux ou le duvet ou le grain exactement de leur toucher, le renfermé des séjours encartonnés, les déménagements, leur grand désordre durable, leurs égarements, les hivers caverneux, humides, les feux de bois de la maison d'enfance. (p. 76)
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(...) et je me laisse obséder par cette formule en clair-obscur, héroïque et silencieuse, l'Armée des ombres, pour en revêtir les liseurs, nous, les veilleurs. (p. 84)
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Le dessin botanique d'un plant de ces fleurs orne l'édition de poche de - La Pensé sauvage de Claude Lévi-Strauss. Je l'observe minutieusement entre les mains de l'homme en face duquel je suis assise. (...) (...) La Pensée sauvage, "tant qu'elle n'a pas été cultivée et domestiquée à des fins de rendement".
Tous les matins, pour la plupart des gens, pris dans les rouages, c'est exactement la même chose, le même but, cette fin de rendement.
Dans La Pensée sauvage, Claude Lévi-Strauss veut montrer qu'il n'existe pas qu'une seule manière de penser, de penser le monde, de le connaître et d'être au monde (...) (p. 88-89)
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Je monte dans la rame. Les gens sont debout, ils sont assis. Ils sont vêtus, apprêtés, chargés. Ils sont opérationnels. Ils sont exploitables et conformes. Ils ont toutes les formes, toutes les teintes de l'obéissance, de l'embrigadement compréhensif, de la conscience du nécessaire. Ils sont civilisés. Ils sont intégrés. Ils sont courageux. Mais je monte dans la rame et mon regard traque, j'ai besoin d'être rassurée, mon regard traque ceux qui ont quelque chose en plus, dont la modernité marchande a fait quelque chose de moins, ceux dont les mains expressives tiennent un livre ouvert, ces rectangles de reconnaissance (...) (p. 90)
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Lorsque je rencontrai sur ma route urbaine, en plein hiver, nuit tombée déjà alors qu'il n'est pas si tard, le lecteur d'Alcools d'Apollinaire, penché, recueilli, semblant célébrer solitairement les cent ans d'une blessure de guerre, le titre du poème me revint soudain en mémoire, comme un éclat d'obus sur la tempe. L'"Adieu". Tout peut être relativisé, mais un mot est un passage secret. L'adieu, qui n'avait rien d'aussi dramatique ni d'aussi définitif que dans ces vers, était ce à quoi il fallait enfin se résoudre. (p. 74)
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Jour après jour, les photographies des gens qui lisent composent un journal intime, mais ce n'est pas le mien. C'est un journal intime commun.
Il est question de compagnonnage. Il est question de ne pas être seul. Il est question d'être consolé. (p. 59)
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Je sais bien que le lieu de mes livres me reflète, que c'est même plus qu'un reflet, qu'il est la cartographie de ma vie et la projection dispersée de tout mon corps (...) (p. 317)
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"Je suis une petite fille tout ce qu'il ya de petite fille. Très loin Très loin sous l'écorce."
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Comment s'habituer à l'étrangeté lente, poignante, bouleversante, sans possible retour, de la disparition ?
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Quand la vie commence la vie a déjà commencé. Nous sommes tout d'un coup, nous avons une seconde de vie, puis une minute puis une heure puis un jour. Nous sommes déjà nous-mêmes car ceux par qui nous sommes tiennent beaucoup à ce que nous soyons cet être-là, singulier, emmailloté dans leur fierté. Mais ce qui ne se dit pas, c'est que nous sommes aussi ce qu'ils sont, ont été, nouveaux-nés déjà vieux de leurs années, lestés. Nous sommes aussi ce qu'ils veulent que nous soyons, et une réponse aux attentes plus ou moins discrètes, plus ou moins impatientes, des grands-parents, les émerveillements ou les jalousies des oncles et des tantes, le serti d'une famille.
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Mon mari caresse mes cheveux comme par négligence. Ma tête est contre sa poitrine, tout mon corps en fait peut tenir, recroquevillé sur lui-même, dans la courbe que fait le sien, en chien de fusil. C'est comme si c'était ma place et qu'il n'y en avait pas d'autre. Je ne comprends pas la façon dont il ne perd pas patience. La façon dont il garde confiance. La façon dont il garde tout à l'intérieur? Mais ce n'est pas possible. Pas quels pores, quelle faille si minuscule qu'elle en est invisible, alors que je me désagrège de toute part, fait-il s'échapper cela?
À moins que sa rage et son impuissance, il ne les pulvérise à l'instant même où dans leurs neurones de naissance elle se forment en essaim de souffrance? Je voudrais prendre exemple. Être aussi impavide. Je suis plus insupportable que l'attente.
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Grand-mère a une théorie sur le sexe des hommes.
Elle dit ce qui leur pend entre les jambes ça leur manque dans le coeur. Petite, on entend la phrase comme un des nombreux dictons que la grand-mère ânonne rumine et grince, un de ces refrains identifiés au précipice qui nous sépare d’elle et on se demande profondément comment il est possible ce passage entre enfance et vieillir, on ne sait pas encore ce que c’est, on est trop petite, on ne peut pas comprendre. Tu verras, petite (justement), dit la vieille femme grand-mère, quand tu auras soixante dix soixante quinze quatre vingt quatre vingt cinq, au fur à mesure que les années passent, tu verras. Faut pas venir vieux faut pas.
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