La Pierre du Remords, Tregasteinn dans la version originale parue en 2019, a été publié par les éditions Métailié en 2021. Le style d'Arnaldur Indridason est fluide, coulant pur comme l'eau d'une rivière alpestre, se changeant parfois en torrent selon les soubresauts de l'histoire racontée. La Pierre du remords propose une enquête inédite menée par un Konrad retraité dans les tréfonds du pass de Valborg, une vieille dame assassinée dans son appartement, et du sien propre: retrouver l'enfant qu'elle a abandonné 47 ans plus tôt et retrouver le meurtrier de son père, assassiné en pleine rue lorsqu'il était encore adolescent. Quête émaillée par ses souvenirs ainsi que ceux d'autres protagonistes.
Au cours de sa longue carrière, Konrad a résolu toutes sortes d'enquêtes, arrêté de nombreux criminels, mais toujours il est resté hanté par l'assassinat de son père, resté irrésolu. Maintenant qu'il est à la retraite, ses interrogations se font de plus en plus pressantes. La piste est depuis longtemps refroidie, mais Konrad a besoin de savoir ce qu'il s'est passé ce fameux soir où son père a été assassiné d'un coup de couteau, bien que l'arme n'ait jamais été retrouvée.
Valborg est retrouvée assassinée dans son appartement. La police est pr"venue par un appel anonyme. Apparemment, il s'agirait d'un vol qui a mal tourné. Dans la capharnaüm laissé par le tueur qui a tout mis sens dessus dessous, Marta trouve un papier avec un numéro de téléphone qui ne lui est pas inconnu: celui de Konrad. L'inspectrice se demande bien pourquoi le numéro de son ancien collègue se trouve en possession de la victime...
Normalement, Konrad ne devrait porter aucun intérêt à celle affaire qui ne sortirait pas du lot des crimes commis dans la capitale, si ce n'est que, deux mois plus tôt, Valborg l'avait contacté à plusieurs reprises afin de lui confier une mission: l'aider à retrouver son enfant qu'elle avait abandonné à la naissance, presque cinquante ans plus tôt. Se sentant coupable de lui avoir refusé son aide, Konrad se sent une obligation morale de rechercher l'enfant abandonné. Le problème est qu'il ne dispose que de peu d'indices: une date de naissance, le nom d'une sage-femme; il ne sait même pas si l'enfant était un garçon ou une fille.
Chassé-croisé entre le présent et un passé relativement lointain, voilà un exercice dans lequel Arnaldur Indridason excelle. Les scènes d'hier et d'aujourd'hui entrecroisent leurs fils afin de tisser la trame de cette intrigue complexe et captivante. La recherche de personnes disparues, poursuivre des enquêtes dont les racines remontent loin dans le passé sont les thèmes fétiches de l'auteur islandais.
Son style à la fois percutant et sobre, ses intrigues toujours minutieusement élaborées, ne laissant aucune place au hasard, ses personnages flirtant avec la banalité, ses décors évocateurs bien que minimalistes en font une valeur sûre du polar nordique, surfant depuis des années au sommet de la vague de la fiction policière. Lire un roman d'Arnaldur Indridason est chaque fois une expérience de lecture profonde, invitant le lecteur à se divertir mais également à réfléchir sur des questions morales, psychologiques, sociologiques, à tenter de comprendre pourquoi et comment un individu X peut basculer à tout moment du mauvais côté de la barrière, et quelle réponse la société apporte. Comme l'a déclaré Harlan Coben, l'un des maîtres du suspense américain, "ses romans sont prenants, authentiques, hantant et lyrique", expliquant son succès international largement mérité.
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