LA CHRONIQUE DE GÉRARD COLLARD - COFFRET ROMANS HISTORIQUES POCHE
Contrairement aux images et aux sons, les odeurs ne peuvent voyager par courrier électronique.
Les gens hésitent toujours à se débarrasser de leurs livres, ils entretiennent avec eux une étrange relation. Une fois qu'ils ont lu un livre, ils le laissent encombrer leur petit appartement pendant des années jusqu'à ce qu'ils se rendent compte, au jour du déménagement, que le papier est lourd. Et ils pestent en descendant les cartons dans les escaliers, maudissent Simone de Beauvoir, envoient Thomas Bernhardt au diable. Mais arrivés à leur nouvelle adresse, ils remontent patiemment leur bibliothèque, souvent en plaçant les livres par ordre alphabétique, comme le castor reconstruit son barrage après une inondation.
Il (l’engoulevent) ressemble à une petite perdrix, son plumage marron et noir lui permet d’échapper aux prédateurs et de fendre les airs nocturnes sans être aperçu. Pour se nourrir, il attend l’heure exquise où le soleil se couche et où moucherons et moustiques survolent la ville en nuées menaçantes et bourdonnantes.
Hormis les éoliennes piquées comme de grandes marguerites sur les collines appalachiennes qui dominait l’estuaire, rien n’avait vraiment changé dans l’architecture de la Gaspésie.
Chaque fois qu’une Brésilienne mourait étranglée ou poignardée par son amant, les cotes d’écoute faisaient un bond qui se reflétait dans la rémunération de Simone. Dans la case horaire de fin de soirée, Alerte dans la ville avait coiffé tous ses concurrents, sauf évidemment TV Globo.
Chaque fois que je lisais, et cela pouvait se produire même avec les textes les plus ingrats, j’avais l’impression de devenir une autre personne.
Nous ovulons sans l’avoir demandé. C’est un processus complètement indépendant de notre volonté qui peut se produire pendant notre sommeil, alors que les hommes ne peuvent pas engrosser une femme sans avoir désiré au moins l’acte sexuel.

Parfois je me désole de constater que nous sommes mal faits, nous les humains. Je veux dire par là qu'il y a un problème avec le fait que les femmes puissent concevoir sans désir. Nous ovulons sans l'avoir demandé. C'est un processus complètement indépendant de notre volonté, qui peut se produire pendant notre sommeil, alors que les hommes ne peuvent pas engrosser une femme sans avoir désiré au moins l'acte sexuel. Un homme ne peut pas accidentellement pénétrer une femme. L'éjaculation ne peut pas lui arriver à la suite d'un geste malheureux, d'une distraction, comme se tromper de sortie sur l'autoroute. Pour féconder la femme, l'homme doit viser, il doit y penser, le vouloir, appliquer sa force à la maîtriser si elle résiste, la plaquer sur le dos en lui tenant le cou d'une main pendant qu'il la possède en grognant jusqu'à ce que le frottement de son gland dans le sexe de la femme provoque le jaillissement. Toutes ces manoeuvres sont exécutées de manière tout à fait consciente. J'en conclus que ce sont les hommes et non les femmes qui veulent et qui font les enfants. Dire le contraire, c'est faire preuve de peu de juggement. Toutes les naissances sont le fruit du désir masculin, voilà. De dire que ce sont les femmes qui font les enfants c'est faux. Elles les portent. Je me demande ce qui adviendra des femmes le jour où on aura remplacé la matrice par des machines. La maternité que l'on glorifie comme une mission divine est plutôt une forme de résignatioon féminine. Voilà. Je ne veux pas dire par là que je regrette d'avoir été enceinte. Mais je voudrais simplement que la question de la volonté et du choix soit mise au clair.
Le Brésil ne manque pas de vieux croûtons galonnés que l’amnistie de 1979 a blanchi de crimes indicibles.
Je commençais à croire que Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre avaient raison : l’idée d’un amour éternel est en soi un non-sens. L’amour est contingent. Point final. On aime un temps, c’est tout.