Citations de Éric Dupont (104)
Endémique depuis l’abolition de l’esclavage en 1889, la mélantuphlie (…) provoque chez l’être humain un blocage de la rétine qui l’empêche de voir les personnes noires en dehors de jours de carnaval.
(Marchand de feuilles, p.327 Note de bas de page)
Nous les gens du Nouveau Monde, sommes habitués à des intérieurs aseptisés. Nous n’avions pas encore compris que cette propreté n’est rien d’autre qu’une conséquence de l’esclavage permanent de la moitié féminine de la population.
(Marchands de feuilles, p.136)
elle se sentait excitée comme un ministre conservateur chez les effeuilleuses. p.864
Quoi de plus humain que de penser que les cris des oiseaux s'adressent à nous, comme si toute la beauté du monde nous était destinée? Quoi de plus normal que de chercher chez d'autres êtres vivants les réponses aux questions que nous nous posons depuis des siècles? Et quoi de plus humain que d'ignorer les oiseaux qui disparaissent de la surface de la Terre?
Les migrations d'oiseaux sont souvent parsemées de dangers et d'imprévus. Le cardinal rouge semble l'avoir compris et demeure sédentaire, c'est-à-dire qu'il reste toujours au même endroit. Il est peut-être tout simplement très vaniteux et conscient du fait qu'ici, dans le Nord, il fait partie des plus beaux. Dans le Sud, pourra-t-il se comparer aux perroquets multicolores et aux magnifiques toucans? Mais cela serait l'accuser d'avoir les défauts des humains.
Alors la beauté, c'est peut-être ça. C'est quelque chose qui te force à t'arrêter. C'est une chose que tu ne veux pas effrayer. C'est une bête que tu es content d'avoir vu. Et tu sais qu'elle ne t'appartient pas et qu'il se peut qu'elle disparaisse.
Seuls les enfants offrent des funérailles aux oiseaux mignons. Parfois, je me demande si nous aurions fait la même chose pour une corneille. L'aurions-nous tout simplement mise dans le compost sans même le dire à nos parents?
Parfois, on se demande comment fait la nature pour si bien choisir les couleurs d'un oiseau. Souvent, je me contentais d'avoir vu un pic et je rentrais chez moi. Je sais, c'est vraiment un signe de paresse, mais à mes yeux, il était assez beau pour justifier une sortie.
Puis, le phénomène se produisit. Dès que le parfum se précisa, le visage de Pia s’adoucit, toute la tension faciale disparut. Le parfum qui émanait des thyrses blancs – 1 sur l’échelle de Wister, qui sert à classer les couleurs des lilas – provoqua chez elle une expérience proustienne.
Pour qui l'excentricité était un gage d'intelligence, laquelle engendrait l'admiration, elle-même à la source de toute forme de respect, lequel est un corollaire de l'amour.
Mais rien encore ne laissait présager une vie extraordinaire pour ces deux filles de planteur nées sur le dos du morpion qui monte sur le poil qui pousse sur la verrue qui croît sur le cul du monde.
Donc, du coup [Rosa se demanda pourquoi il associait une conjonction et une locution adverbiale qui disent la même chose – donc, du coup. C’était comme dire « alors, conséquemment ».
Hormis les éoliennes piquées comme de grandes marguerites sur les collines appalachiennes qui dominait l’estuaire, rien n’avait vraiment changé dans l’architecture de la Gaspésie.
Mais le Brésil n’est pas du genre à s’émouvoir devant l’inexplicable, autrement il passerait sa vie dans des questionnements stériles à se demander, par exemple, comment il se fait que sur une terre où tout pousse et qui peut rendre chaque année deux récoltes, des gens aient encore faim.
Au Brésil, on dit que pendant que São Paulo gagne, Rio dépense et le Minas conserve.
L’odorat est un sens mal compris pour plusieurs raisons. D’abord, il est le sens le plus puissant et le moins exploité de l’être humain. Contrairement à la vue et à l’ouïe, il ne s’altère pas avec l’âge. Ses capacités d’évolution sont infinies.
Contrairement aux images et aux sons, les odeurs ne peuvent voyager par courrier électronique.
Les images sur écran fuient, celles que l’on imprime restent. Pia tenait à ce que cette image reste.
Il (l’engoulevent) ressemble à une petite perdrix, son plumage marron et noir lui permet d’échapper aux prédateurs et de fendre les airs nocturnes sans être aperçu. Pour se nourrir, il attend l’heure exquise où le soleil se couche et où moucherons et moustiques survolent la ville en nuées menaçantes et bourdonnantes.
Le Brésil ne manque pas de vieux croûtons galonnés que l’amnistie de 1979 a blanchi de crimes indicibles.