AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.96/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Pologne
Né(e) à : Klimontów , le 17/07/1901
Mort(e) à : Moscou , le 17/09/1938
Biographie :

Bruno Jasieński (Бруно Ясенский, de son vrai nom Wiktor Zysman) est un écrivain polonais né le 17 juillet 1901 à Klimontów, et mort le 17 septembre 1938 à Moscou fusillé le 17 septembre 1938 sur ordre de Staline.

Auteur de manifestes futuristes (Un couteau dans le ventre, 1921 avec A. Stern), il émigra à Paris (1925) Il y fut journaliste, milita au parti communiste et publia des poésies à caractère révolutionnaire. Expulsé à la suite de son roman Je brûle Paris (1929), il partit en U.R.S.S. où il écrivit, en russe, le Bal des mannequins (1931) et L'homme change de peau (1933-1934). Un moment protégé par Jagoda, chef du NKVD, il fut arrêté après la disgrâce de celui-ci, condamné à 15 ans de goulag et fusillé à la prison de Boutyrka.
Il était l'initiateur du mouvement littéraire du Futurisme en Pologne.

"Jasienski, jeune poète révolutionnaire d'avant-garde, qui avait quitté la Pologne peu hospitalière pour les « rouges », avait 27 ans quand il écrivit "Je brûle Paris". Ce livre constituait une riposte au "Je brûle Moscou" de Paul Morand : cette courte nouvelle figurait dans son "Europe galante" et décrivait la capitale soviétique comme infestée par des juifs passablement sales et couverts de puces. C'était une délicieuse petite infamie qui montrait la Mecque de la Révolution sous l'aspect repoussant d'un bolchevique au nez crochu". - Benoît Rayski (extrait de la préface)
+ Voir plus
Source : Wikipédia et http://www.twistedspoon.com
Ajouter des informations
Bibliographie de Bruno Jasienski   (2)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le lendemain, c’était le 14 juillet.
Les braves épiciers de Paris, qui avaient détruit la Bastille pour ériger à sa place une laide colonne creuse, avec « vue panoramique sur la ville », douze bistrots, trois bordels pour gens normaux et un pour pédérastes, fêtaient, comme chaque année, leur triomphe par des danses traditionnelles et républicaines.
Décore des pieds à la tête par des écharpes tricolores, Paris ressemblait à une vieille cabotine, habillée en paysanne de foire d’opérette.
Commenter  J’apprécie          140
À sa rencontre, sur la large chaussée, menaçant à chaque instant de déborder sur les baies basses des trottoirs, coulait en torrent indomptable la meute multicolore et ronflante des autos.
À la suite d’une Hispano-Suiza, levrette racée et élégante, aux yeux effrayés, perdant son sang d’essence, en aboyant, grondant, montrant des dents, et essayant en vain de flairer son arrière-train, galopaient, tels des dogues, d’imposantes et respectables Rolls-Royce, tels des bassets torves, les Amilcar, les Ford, concierges débraillés et sales, et les Citroën, fox-terriers anoures - meutes de chiens en folie. La rue était pleine de trépidation, d’une odeur de femelle en rut, du bruit de la poursuite enragée. L’excitation sexuelle s’intensifiait dans l’ambiance entêtante d’un chaud après-midi d’été.
Commenter  J’apprécie          132
Dans les cordages de son ventre, comme une mouette prise dans les agrès d’un vaisseau désemparé, la faim rapace avait reconstruit son nid et ne le quittait plus un instant. Pierre n’essayait même plus de la chasser. Il portait en lui le vide inutile des boyaux pneumatiques, où nulle main ne jettera plus l’enveloppe croustillante des mets.
Commenter  J’apprécie          120
Les Blancs aiment l’argent. Il faut le gagner et les Blancs n’aiment pas travailler. Ils préfèrent que d’autres travaillent pour eux. Mais ils n’ont jamais assez d’argent. C’est pourquoi ils viennent en Chine et prennent les Chinois pour qu’ils travaillent pour eux. Les Blancs sont aidés en cela par l’empereur et les mandarins. C’est pourquoi le peuple chinois est si pauvre. Il doit travailler pour tous les mandarins, pour l’empereur et surtout pour les hommes blancs, qui ont besoin d’argent, beaucoup d’argent, ce qui fait qu’il ne lui en reste plus pour lui-même.
Commenter  J’apprécie          90
Accoudé au parapet, P’an Tsiang-koueï parlait d’une voix calme et froide :

– La solution du problème de l’antagonisme européo-asiatique, au sujet duquel vos savants écrivent volume sur volume, recherchant les causes premières, religieuses et historiques, se trouve tout simplement dans les mots croisés journaliers de la lutte économique des classes. Votre science, dont vous êtes si fiers, et que nous venons vous emprunter, ne sert pas à dominer la nature, mais elle est devenue l’arme des classes dirigeantes pour asservir les peuples plus faibles. Voilà pourquoi tout en haïssant votre société, nous vous étudions avec tant d’application. Ce n’est qu’en vous comprenant à fond, que nous pourrons nous délivrer de votre joug. Votre Europe capitaliste, qui parle tant de l’originalité de sa culture, n’est, en réalité, qu’un petit parasite accroché aux flancs occidentaux de l’énorme Asie et suçant son sang. C’est nous, les semeurs de riz, les planteurs de thé et de coton, qui sommes les vrais, bien qu’indirects, créateurs de votre civilisation. A l’odeur de votre culture, qui pue dans le monde entier la sueur de vos ouvriers et de vos paysans, se mêle celle du coolie chinois.

« Aujourd’hui les rôles sont changés. L’Europe, l’Europe rapace, crève avant d’avoir pu tout avaler de sa gueule paralysée par une voracité démesurée. Et ce qui la tue, c’est la peste, cette bonne et vielle peste asiatique. L’Asie n’a pas pu être digérée par l’estomac du capitalisme européen.

« J’ai vu un de vos bourgeois en proie à la peste. Des infirmiers l’emportaient. Quand on a voulu le mettre dans la charrette commune, il résista en hurlant : ‘’Ne me mettez pas là, ce sont des pestiférés !’’ On l’y mit de force. Il se débattait, mordait et quand on l’eut enfin jeté à l’intérieur, il se raidit et devint instantanément noir. La peur de la mort avait hâté sa venue.

« Je regardais ses yeux écarquillés de terreur mortelle et j’ai compris que c’était lui qui était le moteur et le levier de votre complexe culture. Cette peur du néant, cet instinct de l’affirmation de soi-même à l’encontre de la fatalité inéluctable de la mort, vous a poussé à faire des efforts surhumains pour affirmer votre personnalité, pour l’ériger à une telle hauteur que même le fleuve du temps ne puisse l’effacer. J’ai pensé alors que la seule possibilité d’arracher notre Asie à son sommeil millénaire sous le figuier du bouddhisme était de lui inoculer le vaccin de cette culture européenne. Jusqu’à ce jour, l’Europe ne nous envoyait que ses mercantis et ses missionnaires. Le christianisme est le poison asiatique qui tua la riche culture romaine et jeta l’Europe dans la barbarie des longs siècles du Moyen Âge. Mais l’Europe a su digérer même ce poison, le rende inoffensif pour elle, et tirer une force et l’utiliser à ses fins de conquêtes. Aujourd’hui, revanche tardive, elle l’exporte chez nous. Ne pouvant nous transformer en sa propre concession, elle voudrait nous rendre celle du Vatican. Jésus n’est qu’un commis voyageur, un agent à la solde des exploiteurs.

« Aujourd’hui, l’Europe ne peut plus nous faire de mal. Elle meurt et se tord en dernières convulsions. De Paris la peste gagnera tout le continent. (pp. 138-140)
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bruno Jasienski (22)Voir plus

Quiz Voir plus

Scarlett et Novak

Qu'est-ce qu'est Scarlett ?

un téléphone
un brightphone
un biphone
un sonephone

10 questions
22 lecteurs ont répondu
Thème : Scarlett et Novak de Alain DamasioCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}