Certains médecins affirment que le coup de foudre ne résulte pas de la vision, mais de l'odorat. Tellement persuadé de ne pouvoir se fier à personne, l'humain ne se laisse jamais convaincre par ce qu'on lui dit ou ce qu'on lui montre. Une odeur - à la faible portée, que tout parfum supplante sans jamais toutefois en triompher - ne saurait donner le change, car elle est créée et recréée en permanence. La puanteur est toujours là, invariable. Seule la puanteur raconte la vérité.
Quiconque se contente de réfléchir ne fait que l'expérience d'un contact partiel avec soi-même. Voir revêt une bien plus grande valeur. Voir, c'est tout. Se voir soi-même comme un autre, cela serait synonyme de salut. Mais voilà, il nous est impossible de passer du bon côté.
« De l’eau chaude s’échappa tout de suite de l’un d’eux. Un robinet d’eau chaude de l’eau véritablement chaude ! De tout la guerre, on n’avait encore jamais vu ça ! » Page 26
L'un d'eux avai essayé de s'enfuir. Le lendemain matin, il était allongé sur la route, face vers le ciel. Personne n'osa le pousser sur le côté. On passa sur lui, posant nos semelles sur son cadavre pour ne pas perdre le rythme du pas cadencé.
Les héros, on n'en a pas besoin. Un héros, c'est quoi ? C'est quelqu'un qui a commis impunément des imprudences.
Un Allemand sortit en se précipitant vers la route. Je l'abattis. De même un deuxième, un troisième, un quatrième. Ils se pliaient en deux, pareils à des papillons vivants que l'on transperce; je les tuais d'une épingle de deux cents mètres de long.
Bien qu’immobile, je vivais cent fois plus vite que d’habitude. P 17