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4/5 (sur 5 notes)

Nationalité : Turquie
Né(e) à : Istanbul , le 12/01/1931
Mort(e) à : Istanbul , le 19/07/2013
Biographie :

Leyla Erbil est une écrivaine turque, auteure de romans, de nouvelles et d'essais.

Elle étudie à l'école pour fille de Kadıköy et suit les cours du Département de Langue et Littérature anglaise de l'Université d'Istanbul. Elle épouse son premier mari, Aytek Şay, en 1951, après sa première année d'université. Le mariage, qui ne dure pas longtemps, force Erbil a interrompre provisoirement ses études; elle retourne à l'université peu de temps après son divorce.

Elle rencontre son second mari, Mehmet Erbil, alors qu'elle travaille comme secrétaire et traductrice à la Scandinavian Airlines en 1953, et interrompt de nouveau ses études, lors de sa dernière année. Elle se marrie peu de mois après et ne les reprendra pas. Elle donne naissance à sa fille unique en 1960.

Leyla Erbil commence à écrire des histoires alors qu'elle travaille comme secrétaire et traductrice. Son premier poème est publié en 1945, mais elle est connue pour ses histoires qui apparaissent dans différents journaux dans les années 1950.

Sa première histoire "Hallaç" (Cardeur) sort en 1961. Son premier roman "Une drôle de femme" (Tuhaf Bir Kadın), publié en 1971, est un chef-d’œuvre, montrant un regard féminin résolu sur le monde masculin et écrit dans un style innovant.
Son roman suivant, "Jour d’obscurité" (Karanlığın Günü) est publié en 1985. Elle se concentre durant les années 1990 sur l'écriture d'essais avant de publier en 2001 "Cüce" (Nain), un autre de ses chef-d’œuvre, rempli d'humour noir.

Dans les années 1960 elle participait aux activités et travaillait au Bureau des Arts du Türkiye İşçi Partisi (parti des travailleurs turcs), le parti socialiste le plus influent à cette époque, qui fusionnera en 1988 avec le Parti communiste de Turquie. Erbil fait partie des quelques fondateurs de l'Union des artistes turcs en 1970. Quatre ans plus tard, en 1974, elle est fondatrice du Syndicat des écrivains de Turquie.

En 2002, Erbil est nommée comme candidate pour le Prix Nobel de littérature par la PEN Writers Association, faisant d'elle la première turque à être nommée pour ce prix.

Ses œuvres ont été traduites en anglais, français et allemand.
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Bibliographie de Leylâ Erbil   (2)Voir plus

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(Alors qu'on veut la mettre dehors d'un bar)
-Hors de question, je ne pars pas. Crois-tu sincèrement que je devrais vivre selon ton bon plaisir ? Qui t'autorise à me donner des ordres ?
- Tire-toi d'ici, espèce de garce, traînée ! Ne nous pousse pas à bout !
- C'est ta sœur, la trainée. Et toi, tu es un sale pochetron, ai-je répondu, et je me suis levée. Ces portes, elles ont été ouvertes par Atatürk, vieux ringard, tu comprends ? Oui, Atatürk lui-même. Qui es-tu, toi, pour oser enfermer de nouveau la femme turque dans un trou noir ?
Il s'était figé.
- Tu devrais avoir honte ! Dieu que j'appréciais ta poésie.
Il avait en effet écrit de très beaux poèmes le scélérat.
- J'ai dû me tromper, ai-je poursuivi, parce que c'est impossible qu'un mec comme toi ait pu faire quoi que ce soit de bon. Vous êtes des imposteurs qui utilisez à tout-va les mots "justice", "liberté", et "égalité" pour masquer votre bigoterie et attiser les sectarismes !
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4. « - Si, parmi vous tous, il en existe un seul qui sait ce à quoi le peuple aspire, qu'il s'avance ! (Il se mit à bourrer sa pipe, pressant calmement le tabac.) Croyez-vous vraiment que vous pouvez séduire ce tas de créatures dont les têtes datent d'avant Jésus-Christ et le mode de vie du XIIIe siècle, juste en leur expliquant qu'ils sont exploités, que chacun de leur pas les conduit dans l'impasse, et que leur jeûne et leurs prières ne sont d'aucun secours ?
Bayant Nermin se leva d'un bond – c'était le soir du crachat :
- Séduire ? Tu ne tenais pas ce genre de discours avant que les opportunistes ne dépècent le Parti en morceaux... Regarde-moi ! (Son mari fumait tranquillement vers le plafond couvert de suie de leur salon délabré.) Primo, les gens que tu appelles "créatures" te surpassent largement par leurs connaissances et leurs talents.
Soudain, elle se souvint du crachat, elle était allée le voir de près : blanchâtre et mousseux, comme s'il avait été expulsé avec hargne. Bay Bedri eut un rire agacé :
- De quel point de vue ?
- De tous les points de vue, mais ne me coupe pas la parole ! Secundo, et c'est le pire, pourquoi, en tant qu'intellectuel aux idées si profondes sur le peuple, n'as-tu pas essayé de te rendre utile à l'époque, en adhérant au Parti et en participant à la destruction du système d'exploitation ? Bien sûr que non, en digne contre-révolutionnaire et ennemi du peuple, tu as...
- Oh, assez avec tes discours de perroquet ! soupira Bay Bedri en pétunant plus vigoureusement.
[…]
Il reprit :
- Tes lubies, tes gestes héroïques m'horripilent. J'en ai marre que tu sois la risée de tous ces gens que tu appelles "le peuple", que tu t'amuses d'eux. Je suis fatigué de me chauffer de l'eau dans des bassines en fer pour me laver, de vivre dans la crasse, sous un plafond qui fuit, cerné par les voisins et les encartés du Parti, tu comprends ? Et par-dessus tout, j'ai horreur de me coucher chaque foutu soir aux côtés d'une femme qui dort avec Lénine sous l'oreiller ! » (pp. 214-215)
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2. « Avec un "Allah, pardonne-moi !", le Capitaine Izzet interrompt sa prière. Au même moment, le courant nous décroche de l'éperon et nous commençons à couler. Cela prend dix à quinze minutes, le temps de fermer un œil et de le rouvrir. Les passagers des Dardanelles, hommes, femmes et enfants, abandonnent paniers, sacs et couvertures rapiécées pour se jeter dans la brume. Personne ne veut mourir. Dans un ultime sursaut, avec l'aide considérable du maître d'équipage Tahsin, je parviens à sauver cinquante-trois personnes. Je les hisse à bord du cuirassé français. Vient le moment du Cinquante-quatrième, un homme malingre dans les quarante ans, portant cravate et lunettes. Il attend son tour. Son œil est fixe, il a une cigarette entre ses lèvres. Nos regards se sont déjà croisés sur le pont. C'est son tour, il attend, il m'appelle en agitant les bras de haut en bas. Serait-ce Suphi ? Le bateau coule par le fond, je risque de sombrer avec, et le Cinquante-quatrième aussi. Je suis hors d'haleine, je le regarde, un homme avec sa cigarette, sa cravate, sa chemise blanche. Il court en hurlant, à bâbord, à tribord, de la poupe à la proue, lève les poings vers moi, vers la brume, vers les bâtiments de la flotte ennemie, puis vers des gens que je distingue plus. Ensuite, il se noie, en même temps que les quinze autres personnes restées à bord.
[…]
Chaque fois que je pense à ce jour, je revois cet homme avec sa cravate pendouillant dans la brume... Sa cravate au fond de la mer Noire... Mon frère Ahmet qui m'a tant harcelé : "Qui a assassiné Mustafa Suphi ? Qui a tué Suphi ?" » (pp. 148-149)
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1. « "Votre attention, messieurs, ai-je claironné soudain, y en a-t-il parmi vous qui souhaiteraient coucher avec moi ?" Silence. Ils se sont regardés, puis ils ont ri – à contrecœur.
- Je ne plaisante pas, leur ai-je dit, c'est une dette que je vous dois, je vous suis redevable de beaucoup d'autres choses, d'ailleurs. Votre amitié m'est précieuse. Mon univers s'est élargi. Il y a deux ans à peine, je n'avais pas idée qu'un tel monde existait, à seulement une demi-heure de marche de chez moi. Si on m'avait dit qu'il y avait des gens comme vous, je ne l'aurais pas cru, mais je vous connais maintenant. Tous. J'ai vu, de mes propres yeux, dans quelles souffrances patauge l'intellectuel turc, et sa considération pour la femme. Je voudrais maintenant vous offrir ce que vous ne pourrez obtenir de moi, même en vous démenant quarante ans. Désignez l'un d'entre vous, le plus misérable, le plus mauvais. Je lui ferai cadeau de ma virginité comme d'une aumône, car moi, je n'en ai point d'utilité.
- Arrête, tais-toi, disait Meral, en me tirant par le bras. Entre-temps, R. était parti.
- Mais qu'est-ce qu'elle raconte au juste, cette fille ?, a demandé N. en se retournant vers les autres, figés, le derrière sur leur siège. » (p. 75)
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3. « Certains jours, par petits groupes, ils rendaient visite aux habitants des gecekondu [bidonvilles] pour leur expliquer comment ils avaient été manipulés jusque-là, et quand ils devenaient la cible de jets de pierres – plus ou moins grosses – projetées par les rangs du fond, ceux des premiers rangs qui écoutaient paisiblement, les yeux pleins d'espoir, finissaient immanquablement par s'ébranler et hurler : "À Moscou ! À Moscou !"
Ces jours-là, Bayan Nermin rentrait chez elle le cœur meurtri et discutait des événements avec son mari, cherchant inlassablement le moyen de s'élever vers le peuple, ce peuple naïf, aussi pur qu'un ange, et dès lors si aisément trompé, aussi vulnérable qu'un malade mental. » (p. 193)
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