Ce que je vis comme une injustice, c'est le manque de la chair de ma chair : mes deux filles et toi. Je suis mutilée. Et comme à ceux à qui l'on a coupé une jambe, mais qui ont toujours mal à ce membre, j'ai mal à toi. À elles,
Les "femmes battues". Comment leur dire de ne jamais accepter ? Jamais ! Elles sont un million et demi en France... ... Tu as cru que ton meurtrier t'aimait. Il voulait te posséder. Que tu sois à lui, et seulement à lui. Ce n'est pas de l'amour, ce n'est pas de la passion, c'est de la possession.
Une baffe n'est jamais anodine, une baffe n'est jamais un accident. Un coup est toujours chargé de sens, d'un sens de destruction, soit immédiate et physique, soit intérieure et morale.
L'amour transcende et bouleverse la vie. L'amour peut briser les cœurs. Pas les corps. L'amour reste ce que nous avons de meilleur à proposer. Pas le pire.
Son moteur à lui, c’était l’envie de toi, de ta vitalité. Son but, l’appropriation. Ta vitalité l’a mis en face de son propre manque. Tu étais la victime qu’il lui fallait. Tu sais si bien consoler. Donner. Et, pour lui qui a souvent tenté de se suicider, t’agresser était un moyen d’éviter la peine, la douleur.
Que de ruines tous les hommes qui battent leurs compagnes font en levant la
main sur elles !
Cette sorte d’homme ne cherche pas les soumises, mais les femmes libres et indépendantes, pour mieux les écraser. Les humilier. Dominer à tout prix.
Les petites filles sont élevées dans l’univers envoûtant des contes de fées.
Le Prince charmant doit se frayer un chemin dans les broussailles pour parvenir au château de la Belle au bois dormant. Il l’embrasse. Elle se réveille enfin. Le conte est fini et nous avons appris que le bonheur est d’être enfermée avec l’aimé.
Je me souviens d'être restée bloquée devant la carte de France, lisant le nom d'une ville : Calais. Et, juste au-dessus : Pas-de-Calais. Faudrait savoir...
Et même si je me cogne encore et encore contre les murs de l'intranquillité... Même si je me réveille parfois emprisonnée dans la gangue de ma détresse... Même si me revient par hasard, au détour d'un chemin, le souvenir d'un instant vécu avec toi, instant que j'avais enregistré sans le savoir tant il était banal alors que c'est sa banalité même qui aujourd'hui m'importe... Même... Grâce à toi, je continuerai d'aimer la vie. Je trouverai un nouveau chemin, jusque-là inconnu de moi.