Summer Ghost T1 - La Bande annonce
Elle, elle avait la maison et les ténèbres qui l’emplissaient. C’était son monde à elle, compact, dépouillé de toute autre chose. La maison était une coquille d’œuf, l’obscurité le blanc et elle le jaune. Elle en éprouvait à la fois tristesse et douceur. C’était comme si on l’avait emmitouflé dans un linge doux.
Le médecin lui annonça qu'elle perdrait presque complètement la vue sous peu. Tout découlait de l'accident. Elle traversait la rue quand une voiture, grillant le feu, l'avait renversée. A part un violent choc à la tête, elle n'avait souffert d'aucune blessure. Et pourtant, la lumière l'avait abandonnée.
Sous les yeux d'Akihiro, un flocon de neige tomba dans la main de la jeune femme. Sa blancheur s'évanouti aussitôt, laissant place à une goutte d'eau translucide. Il était témoin d'un instant précieux. Il aurait voulu continuer à marcher ainsi à l'infini. La lente descente des flocons aériens vers le sol qui les absorbait lui rappelait que, malgré tout, le temps poursuivait son cours.
Son cœur, dur et affûté au point qu'elle-même risquait de s'y blesser, s'était adouci au contact de cette petite marque de gentillesse.
Tu sais quelque chose sur Godiva ? Alors écris vite à Royce. Son secrétaire- quelqu’un d’aussi remarquable que son patron soit dit en passant- lui transmettra immédiatement ton information.
En bas de l’annonce, il l’y avait l’adresse du bureau de détective de Royce. Je n’ai pas réfléchi longtemps...
L'express allait passer. Qu'arriverait-il s'il le poussait sous les roues du train? Peu importait qu'il y ait ou non du monde sur le quai. S'il ne tuait pas Matsunaga il sombrerait dans la folie, il sentait l'urgence l'envahir. Tout en songeant a la notion de chatiment, Akihiro s'approcha du dos de l'homme. Combien de personnes celui-ci avait-il bien pu faire souffrir? Au loin, le signal du passage a niveau retentit. Traversant le ciel glacial, par-dessus les toits des maisons, le son parvenait a ses oreilles...
Ce qui m'a tout de suite fasciné chez elle... c'est le contraste entre son poignet blanc... et sa manche noire. Et il y avait cette cicatrice... comme un éclat de faïence...
Jusqu’alors, l’intérieur de la maison avait été un espace où clos flottant dans l’univers, semblable à un oeuf de ténèbres. Sa tiédeur avait préservé Michiru du froid, la laissant reposer dans un monde rassurant.
L’oeuf ne flottait plus dans l’air, elle avait le sentiment qu’il s’était posé. Dans son obscurité, elle avait moins l’impression de se trouver aux confins de l’univers. La présence d’un tiers l’ancrait à terre. (p. 133)
Une réflexion de ce genre lui donnait l’impression d’être un cube de bouillon qui n’aurait pas fondu, à la dérive dans le ragoût qu’on appelle le monde. (p.93)
L'affaire du coupeur de main. Je la suis depuis le début. Le criminel coupe toutes sortes de mains, des mains d'adultes... des mains d'enfants et même des pattes d'animaux... et les emporte avec lui. Il ne tue jamais sa victime... La main de Morino me renvoie... à ma propre folie... Moi aussi... je... je veux une main... celle de Morino.