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3.93/5 (sur 37 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Madrid , le 7/10/1927
Mort(e) à : Madrid , le 5/01/1993
Biographie :

Juan Benet est un écrivain espagnol.

Son père avocat est fusillé au début de la guerre civile espagnole. Il entre dans l'école d'ingénierie civile de Madrid en 1948. En 1953, il travaille comme ingénieur en Finlande et publie une pièce de théâtre, Max. Il publie un recueil de nouvelles à son compte.

En 1966, il entre au ministère de l'équipement espagnol, où travaillait aussi son ami le poète Ángel González. Fin 1967, il publie Tu reviendras à Région, roman dans lequel il crée un territoire mythique qu'il reprendra dans d'autres romans.

En 1969, il reçoit le prix Bibliteca Breve pour Une méditation, roman écrit sans alinéas.

En 1980, il publie les deux romans qui sont considérés comme ses chefs-d'œuvre : Saúl ante Samuel et L'Air d'un crime. Il reçoit le prix de la Critique en 1984 pour le premier tome de Herrumbrosas lanzas.

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Source : Wkipedia
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
PERTES. - Cessons de nous mentir, c’est inutile. La solitude dans laquelle je vis est un enfer.
CORPUS. - Pour moi aussi. Mais ta compagnie aussi est un enfer.
PERTES. - Si tu crois que la tienne n’en est pas un pour moi! Et, sachant combien la mienne en est un pour toi, j’ai choisi la solitude pour t’épargner de plus grands désagréments.
CORPUS. - C’est aussi ce que j’ai pensé. Mais maintenant tout est égal.
PERTES. - Quoi qu’on fasse, tout est égal, toujours.
CORPUS. - C’est pour ça qu’il vaut mieux ne rien changer; pourquoi changer si tout est égal?
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C'était un homme qui savait attendre, il n'avait pas à tuer le temps. L'autre, non. Il fallait qu'il fume, qu'il se lève, qu'il fasse quelques pas, qu'il se coupe les ongles avec des petits ciseaux d'acier inoxydable qui à chaque claquement faisaient tourner la tête à Amaro, comme s'ils étaient liés tous deux par quelque automatisme.
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Et non seulement elle écrase tout, mais elle abrège. Dans la solitude il n'y a le temps pour rien. Elle est trop fidèle, la solitude, trop possessive et si perfide qu'elle ne te laisse pas jouir d'elle ; elle réserve ça à ceux qui lui rendent visite de temps en temps, pas à ceux qui viennent avec elle en permanence. Si seulement je pouvais aimer la solitude.
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Je vois que, comme toujours, la religion est l'artifice le plus trompeur et frauduleux que l'homme ait inventé.
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Parmi toutes les fermes de la plaine du Torce, au nord de Région, celle de mon grand-père, l’une des plus modestes, était aussi l’une des mieux situées. Ses terres de labour se réduisaient pratiquement à un champ d’environ deux hectares, jouxtant les viviers de la rivière, défini et protégé par une haie de pierre sèche le long de laquelle, enfants, nous nous promenions comme sur un chemin de ronde, attentifs à pêcher les grenouilles et à chasser les petites bestioles. La ferme incluait également ces douces pentes sablonneuses – où l’on tenta de cultiver tous les produits maraîchers et les légumineuses connus dans les deux hémisphères – qui remontent jusqu’au coteau couronné par la maison et, derrière, par une petite pinède donnant sur ce vaste et haut plateau tertiaire torturé qui en apparence constitue le socle de la sierra. C’était, à y bien regarder, une maison humble, composée d’un ensemble bigarré de constructions cubiques et rudimentaires, tout à fait dans le goût paysan, et qui, entourée de quelques demeures réellement somptueuses, souffrait du manque de manières de la fille de la couturière attifée par une mère qui met tout son orgueil à l’habiller des mêmes étoffes et des mêmes atours que les filles de ses clientes. Mon grand-père l’avait achetée dans de très bonnes conditions vers la fin du siècle, peu d’années avant de prendre sa retraite. Il avait fini par être, tout au long d’une carrière de vicissitudes et d’efforts personnels à l’échelle péninsulaire, gérant d’une industrie de verre plat et fondé de pouvoir, associé, conseiller ou je ne sais quoi, d’une petite fabrique de verre soufflé, sœur de l’antérieure. Il avait également été garçon de pharmacie, droguiste, technicien du cadastre et eu je ne sais quelles activités mineures jusqu’à se convertir, le temps passant, en administrateur et en milicien. Il savait un peu de beaucoup de choses – en plus du système décimal qu’il connaissait avec une perfection qui devait faire rougir de honte tout Sèvres -, il savait mettre de niveau avec la seule aide d’un fil à plomb, d’une équerre et d’une corde qu’il rangeait dans un tiroir de l’armoire de sa chambre, il savait dresser le plan d’une propriété, faire des estimations et des greffes, tailler les vignes sur coursons et rédiger des requêtes (fruits en grande partie de la connaissance qu’il avait de toutes les formules et de leurs abréviations), raison pour laquelle il était reconnu comme un maître dans toute la contrée, et il s’écoulait rarement une semaine sans que nous eussions la visite d’un paysan venu de fort loin avec la prétention de remporter sous le bras une pétition écrite sur du papier non rogné, d’une écriture cursive dont la perfection devait causer à l’Administration une telle joie qu’elle ne lui laissait ni le temps ni l’envie de répondre à la demande ; il possédait aussi certaines notions de pharmacie et affirmait que seule sa maîtrise de la loi des mélanges lui permettait de préparer la formule expérimentale de sa fameuse liqueur ; et par-dessus le marché il se vantait de connaître par cœur quantité de morceaux d’opéra qu’il chantonnait pour lui, un peu avant les heures de repas, peut-être pour éviter toute nervosité due à la non comparution des autres membres de la famille mais, surtout, et en plus d’avoir mis quelques sous de côté, il avait réussi à donner à sa personne une certaine prestance et une dignité toute simple."
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L'homme est une pièce archéologique ; du temps de mon père, on croyait qu'on pouvait racheter sa servitude et le libérer de l'exploitation par ses semblables ; et tout cela a abouti au fait que plus personne n'exploite mais que nous sommes tous exploités, par l'Etat, par la religion, par le bien commun, par n'importe qui, et que personne ne peut lutter contre, de sorte que, loin de supprimer l'exploitation, on l'a rendue invulnérable et sacrée.
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Il ne connaissait pas beaucoup Amaro, mais suffisamment pour comprendre qu'il était irréductible. Une sorte de fidélité à sa condition l'animait, qui en dernier ressort le préserverait toujours d'une faiblesse possible. Il n'acceptait plus de changements dans sa vie, auréolé désormais d'une sordide et laconique pérennité, plus proche du monde animal que de n'importe quel être humain.
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Une idée fixe est d’autant plus fixe que les tentatives que réclament sa mise à l’épreuve sont nombreuses et coûteuses. Il semblerait qu’il y ait des idées qui se fortifient avec les échecs, que même elles s’épurent et se raffinent tandis que leur mise à l’essai doit endosser la faute de leur non viabilité ; que par conséquent elles exigent après chaque échec un nouvel essai de plus d’envergure, de meilleur style et de plus grande puissance ; et, que si le cycle se conclut par l’abandon de toute tentative à cause du coût de cet essai toujours pénultième que des ressources à demi épuisées ne peuvent plus affronter, une telle idée s’élèvera jusqu’au paradis des utopies pour, de là, tourner son doigt accusateur vers la terre qui sut lui donner forme, vers la matrice coupable qui - toujours dans la discorde - l’engendra sans se soucier de savoir comment l’éduquer.
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Et, en haut des montagnes noires qui entourent le village, les fumées isolées qui dénoncent la présence de ces ennemis du paysan, cachés, inconnus et omniprésents – les bergers -, lesquels, très certainement, profitent de leur position stratégique et de leur apparence pacifique pour surveiller nuit et jour l’activité du village et susciter auprès d’une lointaine capitale l’avis d’éviction dès qu’un paysan lève les yeux du sillon de sa charrue. Car ils sont le bras séculaire du propriétaire foncier d’Estrémadure ou de Castille ; montés sur de petits ânes et juchés sur une pyramide de matelas, de paquets et de poêles (aujourd’hui, ils ont même la radio), au milieu d’un troupeau malodorant et poussiéreux – flanqué de ces chiens de berger qui semblent avant tout surveiller la ségrégation des sexes -, ils reviennent chaque année au début du mois de mai, avec cette expression outrée, maligne, endormie, incertaine et énigmatique d’un Tamerlan qui, après avoir parcouru et conquis toutes les steppes asiatiques, entrouvre à peine des yeux malicieux devant les verts paysages des rivages européens.
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Le cadavre apparut sur la place du village, assis par terre, la tête inclinée sur la poitrine, couverte d'un chapeau de paille, le dos appuyé contre les pierres de taille de la fontaine, les jambes tendues et les pieds nus et ouverts, indiquant deux heures moins dix, la plante noire.
(éd. Minuit, 1987, traduction de Claude Murcia)
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