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3.93/5 (sur 58 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Boulogne-sur-Mer , le 23/09/1867
Mort(e) à : Paris , le 06/11/1933
Biographie :

Gabriel Randon, dit Jehan-Rictus, est un poète français, célèbre pour ses œuvres composées en langue populaire.

Gabriel avait 9 ans quand ses parents se séparèrent. La mère et l'enfant vinrent habiter Paris. Elle lui fit quitter l'école vers l'âge de 13 ans pour gagner sa vie. À un âge non précisément connu (entre 16 et 19 ans), il se sépara définitivement de cette mère avec qui il était en conflit permanent. Livré à lui-même, il survécut en exerçant divers petits métiers (livreur, manœuvre, balayeur, garçon de course, employé de commerce...). La vie ne lui fut guère clémente, et il se retrouva souvent sans toit, conduit à côtoyer les clochards et vagabonds de Paris.

Cependant ce fut surtout le Montmartre des artistes et des anarchistes qu'il fréquenta, écrivant des poèmes (d'une facture encore classique) qui furent publiés dans des revues. À partir de 1889 il occupa divers postes d'employé de bureau, mais s'y montra particulièrement instable. Vers 1892, il s'orienta vers le journalisme.

Puis lui vint l'idée de composer des poèmes où un clochard s'exprimerait dans le français populaire de l'époque. En novembre 1895, il débuta au cabaret des Quat'z'Arts, sous le pseudonyme de Jehan Rictus, qu'il gardera.

En 1897 parut en souscription son premier recueil, Les Soliloques du pauvre. L'unique roman de l'auteur, Fil de fer, parut en 1906. Jehan-Rictus y évoque son enfance à la Poil de carotte.
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Source : Wikipédia
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L’émission « Histoires possibles et impossible », par Robert Arnaut, diffusée le 16 juin 2002. Invité : Philippe Oriol, biographe du poète.


Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
“Allons r’marchons, suivons notre flemme.
Rêvons toujours, ça coûte rien”
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« C’ qui va s’en évader des larmes !
C’ qui va en couler d’ la pitié !
Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes
C’est un vrai commerce, un méquier !

(…)

Et faut ben qu’ ceux d’ la Politique
Y s’ gagn’nt eun’ popularité !
Or, pour ça, l’ moyen l’ pus pratique
C’est d’ chialer su’ la Pauvreté. »
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Si qu’y r’viendrait ! Si qu’y r’viendrait,
L’Homm’ Bleu qui marchait su’ la mer
Et qu’était la Foi en balade :

Lui qui pour tous les malheureux
Avait putôt sous l’ téton gauche
En façon d’ cœur... un Douloureux.
(Preuv’ qui guérissait les malades
Rien qu’à les voir dans l’ blanc des yeux,
C’ qui rendait les méd’cins furieux.)

L’ gas qu’en a fait du joli
Et qui pour les muffs de son temps
N’tait pas toujours des pus polis !

Car y disait à ses Apôtres :
— Aimez-vous ben les uns les autres,
Faut tous êt’ copains su’ la Terre,
Faudrait voir à c’ qu’y gn’ait pus d’ guerres
Et voir à n’ pus s’ buter dans l’ nez,
Autrement vous s’rez tous damnés.

L’ mec qu’était gobé par les femmes
(Au point qu’ c’en était scandaleux),
L’Homme aux beaux yeux, l’Homme aux beaux rêves
Eul’ l’ charpentier toujours en grève,
L’artiss’, le meneur, l’anarcho,

Si qu’y r’viendrait ! Si qu’y r’viendrait,
Le revenant
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"Va, "Fil-de-Fer", je te dis moi que tu n'es ni "un chenapan", ni "un voyou", ni "un assassin en herbe ", ni "un vicieux personnage ", ni "un voleur", ni toutes sortes de vilaines choses. Tu es "Fil-de-Fer" , un pauvre jeune diable, un peu trop maigre et grand pour ton âge (mais doit-on te le reprocher ?) un pauvre jeune diable, j'ai dit, qui obscurément se demande pourquoi il est au monde, et s'il sera longtemps encore, comme il l'est à présent, transformé en armoire à gifles et à insultes.
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"- Avez-vous vu ce misérable,
Cet individu équivoque ?
Ce pouilleux, ce voleur en loques
Qui nous r'gardait manger à table?

Ma parole on n'est plus chez soi,
On n'peut pus digèrer tranquille...
Nous payons l'impôt, gn'a des lois!
Qu'est- c' qu'y font donc les sergents d'ville?"
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Gn'y en a qui dis'nt que l'Monde, un jour,
y s'ra comme un grand square d'Amour,
et qu'les Homm's qu' vivront dedans
s'ront d'grands Fan-Fans, des p'tits Fan-fans,
des gros, des beaux, des noirs, des blancs. (Farandole des pauv's 'tits Fan-fans : ronde parlée)
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Impressions de promenade

Quand j’ pass’ triste et noir, gn’a d’ quoi rire.
Faut voir rentrer les boutiquiers
Les yeux durs, la gueule en tir’lire,
Dans leurs comptoirs comm’ des banquiers.

J’ les r’luque : et c’est irrésistible,
Y s’ caval’nt, y z’ont peur de moi,
Peur que j’ leur chopp’ leurs comestibles,
Peur pour leurs femm’s, pour je n’ sais quoi.

Leur conscienc’ dit : « Tu t’ soign’s les tripes,
« Tu t’ les bourr’s à t’en étouffer.
« Ben, n’en v’là un qu’a pas bouffé ! »
Alors, dame ! euss y m’ prenn’nt en grippe !

Gn’a pas ! mon spectr’ les embarrasse,
Ça leur z’y donn’ comm’ des remords :
Des fois, j’ plaqu’ ma fiole à leurs glaces,
Et y d’viennent livid’s comm’ des morts !

Du coup, malgré leur chair de poule,
Y s’ jett’nt su’ la porte en hurlant :
Faut voir comme y z’ameut’nt la foule
Pendant qu’ Bibi y fout son camp !

« — Avez-vous vu ce misérable,
« Cet individu équivoque ?
« Ce pouilleux, ce voleur en loques
« Qui nous r’gardait croûter à table ?

« Ma parole ! on n’est pus chez soi,
« On n’ peut pus digérer tranquilles...
« Nous payons l’impôt, gn’a des lois !
« Qu’est-c’ qu’y font donc, les sergents d’ ville ? »

J’ suis loin, que j’ les entends encor :
L’ vent d’hiver m’apport’ leurs cris aigres.
Y piaill’nt, comme à Noël des porcs,
Comm’ des chiens gras su’ un chien maigre !

Pendant c’ temps, moi, j’ file en silence,
Car j’aim’ pas la publicité ;
Oh ! j’ connais leur état d’ santé,
Y m’ f’raient foutre au clou... par prudence !

Comm’ ça, au moins, j’ai l’ bénéfice
De m’ répéter en liberté
Deux mots lus su’ les édifices :
« Égalité ! Fraternité ! »

Souvent, j’ai pas d’aut’ nourriture :
(C’est l’ pain d’ l’esprit, dis’nt les gourmets.)
Bah ! l’Homme est un muff’ par nature,
Et la Natur’ chang’ra jamais.

Car, gn’a des prophèt’s, des penseurs
Qui z’ont cherché à changer l’Homme.
Ben quoi donc qu’y z’ont fait, en somme,
De c’ kilog d’ fer qu’y nomm’nt son Cœur ?

Rien de rien... même en tapant d’ssus
Ou en l’ prenant par la tendresse
Comm’ l’a fait Not’ Seigneur Jésus,
Qui s’a vraiment trompé d’adresse :

Aussi, quand on a lu l’histoire
D’ ceuss’ qu’a voulu améliorer
L’ genre humain..., on les trait’ de poires ;
On vourait ben les exécrer :

On réfléchit, on a envie
D’ beugler tout seul « Miserere »,
Pis on s’ dit : Ben quoi, c’est la Vie !
Gn’a rien à fair’, gn’a qu’à pleurer.

Pages 33 à 35.
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Crève-Coeur (Extrait)

Eun’ fois j’ai cru que j’ me mariais
Par un matin d’amour et d’ Mai ;

Il l’tait Menuit quand j’ rêvais ça,
Il l’tait Menuit, et j’ pionçais d’bout,
Pour m’ gourer d’ la lance et d’ la boue
Dans l’encognur’ d’eun’ port’ cochère.

(Hein quell’ santé !) — Voui j’ me mariais
Par un matin d’amour et d’ Mai
N’avec eun’ jeuness’ qui m’aimait,
Qu’était pour moi tout seul ! ma chère !

Et ça s’ brassait à la campagne,
Loin des fortifs et loin d’ici,
Dans la salade et dans l’ persil,
Chez un bistrot qui f’sait ses magnes.

Gn’y avait eun’ tablée qu’était grande
Et su’ la nappe en damassé,
Du pain ! du vin ! des fleurs ! d’ la viande !
Bref, un gueul’ton à tout casser,

Et autour, des parents ! d’ la soce !
Des grouins d’ muffs ou d’ bons copains
Baba d’ me voir tourné rupin,
Contents tout d’ même d’êt’ à ma noce :

Ma colombe, selon l’usage,
Se les roulait dans la blancheur,
Et ses quinz’ berg’s et sa fraîcheur
F’saient rich’ment bien dans l’ paysage.

Je r’vois ses airs de tourterelle,
Ses joues pus bell’s que d’ la Montreuil
Et ses magnèr’s de m’ faire de l’œil
Comme eun’ personne naturelle,

Ses mirett’s bleues comme un beau jour,
Sa p’tit’ gueule en cœur framboisé
Et ses nichons gonflés d’amour,
Qu’étaient pas près d’êt’ épuisés,

Et moi qu’ j’ai l’air d’un vieux corbeau,
V’là qu’ j’étais comme un d’ la noblesse,
Fringué à neuf, pétant d’ jeunesse...
Ça peut pas s’ dir’ comm’ j’étais beau !

Je r’vois l’ décor... la tab’ servie
Ma femm’ ! la verdure et l’ ciel bleu,
Un rêv’ comm’ ça, vrai, nom de Dieu !
Ça d’vrait ben durer tout’ la vie.

(Car j’étais tell’ment convaincu
Que c’ que j’ raconte était vécu
Que j’ me rapp’lais pus, l’ diab’ m’emporte,
Que je l’ vivais sous eun’ grand porte ;

Et j’ me rapp’lais pas davantage,
Au cours de c’te fête azurée,
D’avoir avant mon « mariage »
Toujours moisi dans la purée.)

(Les vieux carcans qui jamais s’ plaint
Doiv’nt comm’ ça n’avoir des rêv’ries
Ousqu’y caval’nt dans des prairies
Comme au temps qu’y z’étaient poulains.)

V’nait l’ soir, lampions, festin nouveau,
Pis soûlé d’un bonheur immense
Chacun y allait d’ sa romance,
On gueulait comm’ des p’tits z’oiseaux !

Enfin s’am’nait l’heur’ la pus tendre
Après l’enlèv’ment en carriole,
La minute ousque l’ pus mariolle
Doit pas toujours savoir s’y prendre !

Dans eun’ carrée sourde et fleurie,
Dans l’ silence et la tapiss’rie,
Près d’un beau plumard à dentelles
Engageant à la... bagatelle,

J’ prenais « ma femme ! » et j’ la serrais
Pour l’ Enfin Seuls obligatoire
Comm’ dans l’ chromo excitatoire
Où deux poireaux se guign’nt de près...

Près ! ah ! si près d’ ma p’tit’ borgeoise
Que j’ crois que j’ flaire encor l’odeur
De giroflée ou de framboise
Qu’étaient les bouffées d’ sa pudeur.

J’y jasais : « Bonsoir ma Pensée,
Mon lilas tremblant, mon lilas !
Ma petite Moman rosée,
Te voilà, enfin ! Te voilà !

« Comme j’ vas t’aimer tous les jours !
T’ es fraîch’.. t’ es mignonn’.. t’es jolie,
T’ as des joues comm’ des pomm’s d’api
Et des tétons en pomm’s d’amour.

« Quand j’étais seul, quand j’étais nu,
Crevant, crevé, sans feu ni lieu,
Loufoque, à cran, tafeur, pouilleux,
Où étais-tu ? Que faisais-tu ?

« Ah ! que d’ chagrins, que d’ jours mauvais
Sans carl’, sans bécots, sans asile,
Que d’ goujats cruels, d’imbéciles,
Si tu savais, si tu savais...

« Mais à présent tout ça est loin...
Voici mon Cœur qui chante et pleure,
Viens-t’en vite au dodo, ma Fleur !... »
(Vrai c’est pas trop tôt qu’ j’aye un coin.)
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Les nuits où j’ai la Lun’ dans l’ dos,
J’ piste mon Ombr’ su’ la chaussée,
Quand qu’ j’ai la Lun’ en fac’ des nuits,
C’est mon Ombre alorss qui me suit ;

Et j’ m’en vas... traînaillant du noir,
Y a quét’ chose en moi qui s’ lamente,
La Blafarde est ma seule amante,
Ma Tristesse a m’ suit... sans savoir.
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L’Hiver

Merd’ ! V’là l’Hiver et ses dur’tés,
V’là l’ moment de n’ pus s’ mettre à poils :
V’là qu’ ceuss’ qui tienn’nt la queue d’ la poêle
Dans l’ Midi vont s’ carapater !

V’là l’ temps ousque jusqu’en Hanovre
Et d’ Gibraltar au cap Gris-Nez,
Les Borgeois, l’ soir, vont plaind’ les Pauvres
Au coin du feu... après dîner !

Et v’là l’ temps ousque dans la Presse,
Entre un ou deux lanc’ments d’ putains,
On va r’découvrir la Détresse,
La Purée et les Purotains !

Les jornaux, mêm’ ceuss’ qu’a d’ la guigne,
À côté d’artiqu’s festoyants
Vont êt’ pleins d’appels larmoyants,
Pleins d’ sanglots... à trois sous la ligne !

Merd’, v’là l’Hiver, l’Emp’reur de Chine
S’ fait flauper par les Japonais !
Merd’ ! v’là l’Hiver ! Maam’ Sév’rine
Va rouvrir tous ses robinets !

C’ qui va s’en évader des larmes !
C’ qui va en couler d’ la piquié !
Plaind’ les Pauvr’s c’est comm’ vendr’ ses charmes
C’est un vrai commerce, un méquier !

Ah ! c’est qu’on est pas muff en France,
On n’ s’occupe que des malheureux ;
Et dzimm et boum ! la Bienfaisance
Bat l’ tambour su’ les Ventres creux !

L’Hiver, les murs sont pleins d’affiches
Pour Fêt’s et Bals de charité,
Car pour nous s’courir, eul’ mond’ riche
Faut qu’y gambille à not’ santé !

Sûr que c’est grâce à la Misère
Qu’on rigol’ pendant la saison ;
Dam’ ! Faut qu’y viv’nt les rastaqoères
Et faut ben qu’y r’dor’nt leurs blasons !

Et faut ben qu’ ceux d’ la Politique
Y s’ gagn’nt eun’ popularité !
Or, pour ça, l’ moyen l’ pus pratique
C’est d’ chialer su’ la Pauvreté.

(...)
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