Les nuits où j’ai la Lun’ dans l’ dos,
J’ piste mon Ombr’ su’ la chaussée,
Quand qu’ j’ai la Lun’ en fac’ des nuits,
C’est mon Ombre alorss qui me suit ;
Et j’ m’en vas... traînaillant du noir,
Y a quét’ chose en moi qui s’ lamente,
La Blafarde est ma seule amante,
Ma Tristesse a m’ suit... sans savoir.
Les soirs de Mai, quand l’Ovréier
sort de l’usine ou d’ l’atéier,
libre et pas gai, sa jornée faite,
fourbu par le boulot du jour,
général’ment y rentr’ chez lui
comme un carcan à l’écurie,
sans seul’ment retourner la tête
Mais... y a des soirs ousqu’y s’arrête
à regarder grouiller l’ Faubourg
et pis aussi les alentours.
L’émission « Histoires possibles et impossible », par Robert Arnaut, diffusée le 16 juin 2002. Invité : Philippe Oriol, biographe du poète.