Interview
imaginaire "
La nuit du Titanic"
Un comédien interprète un passager du Titanic, répondant aux questions de
Pierre DUMAYET pour évoquer les péripéties du
naufrage décrites dans le livre "
La nuit du Titanic" de
Walter LORD.
Et sans parler des enfants. A part Lorraine Allison, tous les enfants de première et de deuxième classe ont été sauvés, mais seulement 23 sur 76 qui naviguaient en troisième classe. (P. 102)
"Mais il n'y a pas de grands évènements sans légendes ; si elles contribuent à perpétuer le souvenir d'actes de bravoure et de désintéressement, pourquoi les condamner ?"
"[...] le sort réservé à un message dépend plus de son destinataire que de sa valeur intrinsèque."
Curieux spectacle que tous ces gens réunis, certains en robe de chambre, d'autres en vêtement de soirée, d'autres en manteau de fourrure, d'autres encore en chandail à col roulé. Le décor ne paraissait pas moins incongru, lui aussi : l'immense verrière, les solennelles boiseries de chêne, les rampes en fer forgé, et, dominant tout le monde, une incroyable horloge entourée de deux nymphes de bronze, L'Honneur et la Gloire couronnant le Temps.
Les choses que les gens emportaient avec eux paraissent assez significatives. Adolf Dyker confia à sa femme un petit sac contenant deux montres en or, deux bagues ornées de diamants, un collier de saphirs et deux cents couronnes suédoises. Mlle Edith Russel emporta un jouet, un petit cochon qui jouait un air de musique. Stewart Collett, un jeune étudiant en théologie qui faisait la traversée en deuxième classe, prit sa Bible ; il avait promis à sa mère de ne jamais s'en séparer. Lawrence Beesley mit dans ses poches les livres qu'il était en train de lire dans son lit ce soir-là. Norman Campbell Chambers prit un revolver et une boussole. Johnson, le steward, qui savait qu'il nétait plus question d'un « tour à Belfats », glissa quatre oranges sous sa veste.
Les enquêteurs ont toujours soutenu la White Star sur un point qui pourtant ne peut absolument pas être mis en doute: les passagers de troisième classe ont eu beaucoup moins de chances d'être sauvés -et c'est vraiment le moins que l'on puisse dire - que les autres. Les exemples ne manquent pas: Daniel Buckley qu'on empêche de pénétrer en en première classe; Olaus Abelseth qu'on ne laisse quitter la poupe qu'au moment où le dernier canot quitte le bord; le stewart Hart qui conduit deux petits groupes de femmes en haut alors qu'il y a des centaines de personnes qu'on confine, qu'on enferme en bas; les passagers qui doivent escalader une grue, grimper à des échelles de secours pour pouvoir s'échapper. (P. 101)
Il faudrait être animé d'une singulière présomption pour oser se croire le juge et le dépositaire définitif de tout ce qui se passa pendant la nuit qui vit la fin du Titanic.
"De toute façon, argumente-t-il, on ne pourra jamais empêcher les gens de prêter foi aux calomnies répandues par un plumitif rancunier."
- Ce navire ne peut vraiment pas couler ?
- Non, madame, lui répondit-il. Dieu lui-même ne pourrait la faire couler.
Si, ce dimanche-là, le Titanic avait tenu compte d'un seul des six messages qu'il avait reçus, l' avertissant de la présence de glaces flottantes ; si les glaces n'avaient pas dérivé tellement au sud ; si la mer avait été mauvaise ; s'il y avait eu du clair de lune ; si l'iceberg avait été aperçu quinze secondes plus tôt ou quinze secondes plus tard ; si le paquebot l'avait heurté sous un autre angle ; s'il y avait eu des cloisons étanches un pont plus haut ; s'il y avait eu assez de canots de sauvetage à bord ; si le Californian était venu à son secours... Si seulement un seul de tous ces "si" avait été réalisé, on n'aurait probablement déploré aucune mort. Mais tous les "si" avaient joué contre le Titanic.