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3.97/5 (sur 38 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Laroque-d'Olmes , le 14/01/1931
Mort(e) à : Bordeaux , le 08/10/2020
Biographie :

Joseph Perez est un universitaire français, spécialiste de l'histoire de l'Espagne et de l'Ibéro-Amérique.

Il est ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé, Docteur d'État, ancien chargé de cours à l'ENS de Saint-Cloud, successivement assistant, maître-assistant d'espagnol à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour, puis chargé d'enseignement, maître de conférences et professeur d'université de civilisation espagnole à l'Université de Bordeaux III.

Il a dirigé la Casa de Velázquez de 1989 à 1996 et est devenu professeur émérite de civilisation de l'Espagne et de l'Ibéro-Amérique à l’Université de Bordeaux III Michel de Montaigne dont il a été le président.

Fondateur et premier directeur de la "Maison des pays ibériques", il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire et la culture espagnole.

Il reçoit en 2014 le prix Princesse des Asturies de sciences sociales.
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Source : Wikipedia
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Ce n'est pas un hasard si la corrida se développe plus particulièrement à ces trois moments privilégiés: la fin du XVIIIè siècle, la fin du XIXè et le régime de Franco. Il s'agit à chaque fois de périodes de crise où l'Espagne s'interroge sur la voie à suivre: refus des réformes imposées d'en haut par l'élite éclairée, difficile installation d'une monarchie constitutionnelle qui coïncide, en 1898, avec la perte des dernières colonies, et enfin victoire d'un régime pour lequel les Lumières, les libertés publiques et la démocratie sont incompatibles avec l'essence de l'Espagne. Chaque fois, la modernisation est présentée comme contraire à la tradition; pour la rejeter, on en appelle au peuple contre lés élites qui prétendent lui imposer des institutions ou des coutumes inspirées par l'étranger, contraires, par conséquent, au génie de la nation. Chaque fois aussi, la corrida est proposée comme conforme à la tradition -typical spanish, dira t-on, vers 1960- et, en même temps qu'elle, des formes de divertissement jugées "populaires".
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Chateaubriand a mis l'Alhambra à la mode, mais, depuis le XVIè siècle au moins, les Espagnols étaient fascinés par la Grenade des derniers émirs. Ce n'est pas Mérimée qui a créé l'Espagne de Carmen; il s'est contenté d'en tirer une nouvelle que Georges Bizet a mis en musique, mais cette Espagne -là -celle des majos, des Gitans, des toréadors- était née dans la seconde moitié du XVIIIè siècle. Ce sont encore des Espagnols qui ont imaginé une Espagne musulmane tolérante et ouverte. Hispanistes et voyageurs étrangers ont développé ces thèmes; il les ont parfois poussés jusqu'à la caricature, mais ils ne les ont pas inventés. Du XVI siècle à nos jours, a ainsi pris forme une Espagne méridionale plus orientale qu'européenne: l'Andalousie telle que nous croyons la connaître aujourd'hui.
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L'exemple le plus caricatural de cette Espagne antichambre de l'Orient est offert au public français lors de l'Exposition universelle de Paris, en 1900. Les Espagnols ne voulaient pas entendre parler d'un pavillon qui aurait présenté les pires clichés sur l'Andalousie; ils redoutaient à juste titre une "espagnolade". Mais les Français y tenaient. Devant le refus des Espagnols, ils créèrent une société par actions, qui se chargea de financer un pavillon intitulé "L'Andalousie au temps des Maures". Les décors en étaient Grenade, Cordoue et Séville. On avait reconstitué l'Alcázar, la Giralda -où l'on pouvait monter à dos d'âne-, l'Alhambra. Bien entendu, on voyait défiler des toreros, des brigands, des Gitanes qui chantaient du flamenco et qui dansaient des zambras. Le comble du ridicule, c'était l'affiche sur laquelle figurait un charmeur de serpents! Les organisateurs avaient confondu Séville et Marrakech...
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La littérature dite aljamiada du XIVè siècle est le fait de mudéjares ou de juifs qui écrivent en langue romane (romance), mais utilisent l’écriture arabe ou hébraïque. on connait ainsi, en hébreu, des manuscrits des Proverbes moraux de don Sem Tob (1290?-1360), rabbin de Carrión, et les Strophes de Yoçef -en arabe, le poème de Yùçuf; autrement dit, l’histoire de Joseph vendu par ses frères. C’est à propos de Juan Ruiz, l’archiprêtre de Hita, auteur du Livre du bon amour (XIVè siècle), que la polémique sur le mudéjarismo s’est concentrée. Juan Ruiz était-il aussi imprégné de culture musulmane qu’on l’a dit? Il a pu connaître par des traductions beaucoup de contes orientaux qu’il inclut dans son poème sous forme d’apologues: ce que pourrait être notamment le cas pour Calila et Dimna . L’influence du Collier de la Colombe sur le même Juan Ruiz serait aussi problématique. Il s’agit de l’oeuvre d’un poète cordouan, Ibn Hazm (994-1064), en partie autobiographique, qui constitue en vingt-neuf chapitres une sorte de traité sur l’amour et les amants. Plus sérieuse parait la thèse soutenue par Asin en 1919, sur les sources arabes de la Divine Comédie de Dante. Le lien serait un livre, L’Echelle de Mahomet, dont on connait trois versions: une en français, les deux autres en latin, toutes trois faites à partir d’une traduction en castillan de l’original arabe que le roi Alphonse X avait commandée à son médecin juif Abraham Alfaquin (al-Hakim).
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La victoire de Grenade a eu un retentissement extraordinaire dans toute la chrétienté; on y a vu la revanche sur la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Partout on célèbre l'évènement. A Paris, on imprime le récit d'un témoin oculaire; on chante le Te Deum de même qu'à Londres. C'est en Italie que les festivités sont les plus nombreuses et les plus fastueuses; A Naples, au palais de Castel Capuano, Sannazaro fait jouer deux pièces, La Prise de Grenade et Le Triomphe de la renommée. A Rome, où l'on apprend la nouvelle le 2 février, les cloches sonnent dans toutes les églises; on organise des feux d'artifice; on se rend en procession de Saint-Pierre à Saint-Jacques-des-Espagnols; le pape Innocent VIII célèbre une messe solennelle et donne sa bénédiction aux fidèles. Les réjouissances se poursuivent jusqu'à la fin du mois d'avril: tournois, joutes, récitations publiques, concerts, distributions de repas et de boissons; sur la place Navona, on construit une tour de bois et l'on simule le siège de Grenade; des défilés représentent les rois Catholiques dans un carrosse avec Boabdil à leurs pieds; l'Espagnol Rodrigue Borgia -qui, six mois plus tard, sera élu pape sous le nom d'Alexandre VI-offre une course de taureaux.
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On présente volontiers l’Espagne musulmane comme un pays où les trois religions monothéistes -l’Islam, le christianisme et le judaïsme- auraient vécu en bonne intelligence. Il est vrai qu’en terre d’Islam, le pacte dit de la dihmma prévoit des dispositions particulières pour les « gens du Livre »: juifs et chrétiens bénéficient d’un statut: ils sont « protégés »; on ne les force pas à se convertir. Cela ne veut pas dire qu’ils sont placés sur un pied d’égalité avec les musulmans. ils sont soumis à des discriminations fiscales, civiles et juridiques: on les oblige à porter des signes distinctifs -habits, bonnets grotesques, ceintures, marques d’identité en tissu jaune; ils doivent habiter dans des quartiers clos, n’utilisent comme montures que des ânes, avoir des maisons plus basses que celles des musulmans, s’écarter devant eux dans la rue; devant les tribunaux, leur témoignage est nul et non avenu… Malgré ces restrictions, leur statut les mettait théoriquement à l’abri de la persécution. C’est ce qui explique qu’ils aient pu conserver la liberté de pratiquer leur culte et une relative autonomie juridique. Juifs et chrétiens s’administrent eux-mêmes dans leurs communautés respectives.
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Les Arabes n’ont jamais envahi l’Espagne. Il ne faisait que reprendre une controverse qui divise depuis longtemps les historiens. Parmi les envahisseurs de 711, les Arabes proprement dits étaient une infime minorité : neuf seulement, selon les uns, une vingtaine selon d’autres ; la majorité était formée de Berbères à peine islamisés. Au milieu du VIIIe siècle, les Omeyyades, chassés de Syrie par les Abbassides, se réfugient en Espagne. Les Abbassides s’appuyaient sur les Persans ; eux se disent du côté des Arabes. À vrai dire, dans cette deuxième vague – moins de cent mille combattants –, il est difficile de distinguer les composantes ethniques. Le nombre des Arabes n’a pas dû dépasser trente mille – hypothèse basse – ou cinquante mille – hypothèse haute. Sans risque d’erreur, on peut donc affirmer que les Berbères étaient plus nombreux que les Arabes.
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La cohabitation des musulmans, des chrétiens et des juifs dans l’Espagne médiévale n’a entraîné aucun effort chez les uns pour comprendre les autres. Presque personne, par exemple, ne semble s’être soucié de faire traduire le Coran. Quand on s’intéresse à ce genre de textes, c’est dans un esprit polémique et pour démontrer la vérité et la supériorité de sa foi. C’est pour cette raison que le chroniqueur Juan Manuel félicite le roi Alphonse X : « Il a fait traduire dans la langue parlée en Castille toutes les sciences […] et des écrits de la secte des Maures de façon à mettre en évidence les erreurs que Mahomet, ce faux prophète, y a introduites. Le roi a fait la même chose pour une science que les juifs tiennent secrète, la Cabale ; d’après leurs propres écrits, il est manifeste que leur religion annonce celle que nous suivons, nous, chrétiens. »
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Au milieu du Xe siècle, l’arabe était devenu la langue majoritaire grâce à l’influence politique du groupe dominant et à la supériorité de sa culture. Américo Castro en tire argument pour rejeter la thèse de l’hispanisation des conquérants africains. Il a raison. La langue qu’on parle et qu’on écrit n’est pas neutre ; elle exprime une mentalité, des façons de penser et de sentir, un état de civilisation. En adoptant l’arabe, la majorité de la péninsule s’est trouvée intégrée au monde musulman, même si elle a conservé, dans cet ensemble, une spécificité qu’elle partage d’ailleurs avec la partie de l’Afrique située de l’autre côté du détroit. L’islam s’est ainsi implanté, au VIIIe siècle, on l’oublie trop souvent, dans une portion du monde antique, romanisée, puis christianisée.
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Au fond, les écrivains romantiques pensent la même chose. Pour eux, l’Espagne est à la fois le vestibule de l’Orient et un pays où les traditions médiévales se sont maintenues dans tout leur pittoresque ; elle n’est pas vraiment un pays européen. Ils mettent en valeur l’individualisme et l’orgueil d’une nation fière de son passé, la violence de l’instinct, le sens de l’honneur, le goût de la liberté et de l’indépendance, sans oublier la présence des moines, des mendiants, des bandits de grand chemin. Cette Espagne romantique est plus africaine qu’européenne ; on va y chercher le dépaysement et des émotions fortes. Rien de plus instructif à cet égard que les récits des voyageurs français en Espagne, y compris les plus grands : Custine, Théophile Gautier, Alexandre Dumas. Ils passent rapidement sur la Vieille Castille, misérable, mais encore familière à cause de ses monuments qui rappellent l’art roman ou les cathédrales gothiques.
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