Anne Nivat vous présente son ouvrage "
La haine et le déni : avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre" aux éditions Flammarion. Entretien avec
Aude Ferbos.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3034668/anne-nivat-
la-haine-et-le-deni-avec-les-ukrainiens-et-les-russes-dans-la-guerre
Note de musique : © mollat
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Je me sens plus utile à trier mes déchets qu’à choisir un président. (Amandine, jeune technicienne de labo surdiplômée)
Bref, être journaliste, c’est refuser la posture et ne jamais esquiver ses efforts.
Si, dans ma carrière, je m’étais limitée à questionner mes semblables, je ne serais jamais partie durant des mois dans des pays en guerre découvrir une situation, un peuple, une religion, des us et coutumes. Je me serais privée d’interviewer des djihadistes, des talibans, des oligarques, et de raconter leur histoire. J’aurai failli à devenir cet intermédiaire nécessaire entre la source d’un récit et sa réception par le public, qui veut et doit savoir.
Vivre ensemble, c’est accepter la différence de l’autre, ce à quoi ici, personne ne parvient.
Pour être respectée, sois toujours respectable. (Élise, auxiliaire de vie)
À tout vouloir étreindre avec la même intensité, nous nous sommes dangereusement éloignés de la nature, la nôtre, et celle de la terre.
J’assume ma subjectivité et revendique l’absence de jugement : sans censurer ni porter aux nues quiconque, je donne la parole dans les limites de l’angle journalistique choisi et respecte de stricts principes éthiques
“C’est quoi être journaliste ? Tout le monde l’est! “ m'assène t-on de plus en plus souvent. Non, tout le monde ne l’est pas. être journaliste, ce n’est pas “produire du contenu” pour susciter un maximum de likes, de clics ou de rentrées publicitaires, c’est raconter des histoires vraies, obtenues et partagées grâce à du travail, l’art de la contextualisation, de la pédagogie, le respect d’une éthique et, accessoirement, du talent. J’ajouterais la passion de se frotter au terrain, à l’inconnu et à l’inattendu. Être journaliste, c’est passer son temps à quitter son confort (matériel, intellectuel) pour prêter attention à des points de vue autres.
Qu’ils soient récemment arrivés ou enracinés, les ruraux d’ici ont choisi la tranquillité. Ils observent le reste de la France depuis leur refuge, parfois horrifiés, persuadés que les fauteurs de troubles ne résident pas dans leur campagne. Dans cette France tranquille, éloignée du centre et qui se croit dénigrée, la population se sent protégée. Au risque de se refermer.
Et tant mieux si être journaliste de terrain aujourd’hui contribue à mettre au jour notre humanité, à donner à entendre avec respect les chemins de chacun, et surtout, à raconter sans décevoir.
Je l’écris une fois pour toutes : dans cette guerre qui a débuté le 24 février 2022, la Russie est l’agresseur. Elle a envahi son voisin, violé sa souveraineté, nié son identité, causé d’ignobles pertes humaines et plongé le monde dans la stupeur et l’effroi. Si, après avoir refermé ce livre, ceux qui auront eu le plaisir ou le courage de le lire se disent qu’ils ne savent pas où me placer, côté russe ou côté ukrainien, je serai satisfaite. N’appartenir à aucun camp, n’écouter les injonctions ni des uns ni des autres, voguer, libre, sans rien devoir à personne, au service de l’information, est exactement ce que je souhaite. Militer n’est pas ma préoccupation. Documenter ce conflit des deux côtés l’est. À mes débuts dans le métier de reporter de guerre, l’absence de prise de parti était un atout, mieux, une obligation. Aujourd’hui, c’est l’inverse : on s’arracherait peut-être davantage cet ouvrage s’il défendait une cause.