«Tant qu'une lèvre répondra en soupirant à la lèvre qui soupire.
Tant que deux Âmes pourront se confondre dans un baiser,
il y aura de la poésie .
J'attendais le commencement de la messe de minuit sur le parvis de Sainte-Inès, à Seville, et c'est là que j'ai entendu une servante attachée au couvent conter cette légende.
Apres l'avoir écoutée, je fus naturellement impatient de voir commencer la cérémonie, et avide d'assister a un prodige.
Rien de moins prodigieux, cependant, que l'orgue se Sainte-Inès ; rien de plus vulgaire que les insipides motets dont l'organiste nous régala durant cette nuit.
A la sortie de la messe, je ne pus m’empêcher de dire d'un ton moqueur à la servante :
" Comment se fait-il que l'orgue de maître Pérez soit si mauvais maintenant ?
- Sachez, me répondit la vieille, que ce n'est plus le sien.
- Si ce n'est plus le sien, qu'est-il donc devenu ?
- Il s'est effondré de vieillesse, morceau à morceau, il y a déjà plusieurs années.
- Et l’âme de l'organiste ?
- Elle n'a plus reparu, depuis que l'orgue a été remplacé par celui-ci."
Si parmi mes lecteurs il s'en trouve de disposés à me faire les mêmes questions, ils sauront, après avoir lu l'histoire que je vais leur conter, pourquoi i l’étrange prodige ne s'est pas continué jusqu’à nos jours.
[extrait de Maître Pérez, l'organiste]
No son los muertos
No son los muertos los que en dulce calma
la paz disfrutan de su tumba fria,
muertos son los que tienen muerta el alma
y viven todavia.
No son los muertos, no los que reciben
rayos de luz en sus despojos yertos,
los que mueren con honra son los vivos,
los que viven sin honra son los muertos.
La vida no es la vida que vivimos,
la vida en el honor, es el recuerdo.
Por eso hay hombres que en el Mundo viven,
y hombres que viven en el Mundo muertos.
Por una mirada, un mundo:
por una sonrisa, un cielo:
por un beso..., yo no sé
qué te diera por un beso.
Quiero decirte lo que sé de una manera intuitiva, comunicarte mi opinión y tener al menos el gusto de saber que si nos equivocamos, nos equivocamos los dos, lo cual, dicho sea de paso, para nosotros equivale a acertar.
La mente no se halla en la tierra ni en el cielo. Recorre un espacio sin límites ni Fondo, océano de voluptuosidad indefinible, en el que empapa sus alas para remontarse a las regiones en donde habita el amor.
Elle était belle, belle de cette beauté qui donne le vertige, belle de cette beauté qui, tout en étant surnaturelle, ne ressemble en rien à celle que nous rêvons chez les anges ; beauté diabolique que le démon accorde à certains êtres, pour en faire ses instruments sur la terre. Il l'aimait, il l'aimait de cet amour qui ne connait ni frein ni limites ; il l'aimait de cet amour qui cherche le plaisir et ne trouve que le martyre, amour qui ressemble au bonheur, et que le ciel parait inspirer pour servir d'expiation à une faute.
Elle était capricieuse, capricieuse et extravagante, comme toutes les femmes du monde.
Lui, superstitieux, superstitieux et brave, comme tous les hommes de son époque.
Elle s'appelait Marie Autuñez.
Lui, Pierre-Alphonse de Orellana. Tous deux étaient de Tolède, et tous deux habitaient la ville où ils étaient nés.
[extrait de Le bracelet d'or]
La nuit des Morts je me réveillai, je ne sais à quelle heure, au bruit des cloches ; leur tintement monotone et incessant me rappela cette légende qui venait de m'être contée à Soria.
Je voulus me rendormir.
Impossible !
Une fois aiguillonnée, l'imagination est un coursier qui a pris le mors aux dents, et il devient inutile de tirer sur la bride. Pour passer le temps, je me décidai à l'écrire, et c'est ce que j'ai fait.
Je l'ai entendu conter à l'endroit même où avait eu lieu l’événement, et l'ai écrite en tournant plus d'une fois la tête, non sans effroi, quand j'entendais gémir les vitre de ma fenêtre secouées par le vent froid de la nuit.
Quoi qu'il puisse en advenir, la voici !
[extrait de La montagne des revenants]
Los suspiros son aire y van al aire.
Las lágrimas son agua y van al mar.
Dime, mujer, cuando el amor se olvida,
¿sabes tú adónde va?
Depuis longtemps je désirais écrire quelque chose sous ce titre.
Aujourd'hui l'occasion se présente, je le mets en grandes lettres sur une feuille de papier, et aussitôt je laisse voler ma plume capricieuse.
Je crois avoir vu des yeux pareils à ceux que j'ai peints dans cette légendes. Est-ce en rêve ? je ne sais ; mais je les ai vus. Je ne pourrai certes pas les décrire tels qu'ils étaient : lumineux, transparents, comme les gouttes de pluie qui glissent sur les feuilles des arbres, après un orage d’été. En tout cas, je compte sur l'imagination de mes lecteurs pour comprendre ce que j’appellerai l'ébauche d'un tableau que je peindrai plus tard.
[extrait de Les yeux verts]