AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Editions Bruno Doucey [corriger]


Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Dernières critiques
Ne te retourne plus

Ce recueil est le dernier du poète Jean-Marie Berthier décédé juste avant sa publication.

Comment se relève -t-on d’un chagrin immense lorsqu’on a perdu deux enfants ? La poésie de Jean-Marie Berthier oscille entre désespoir et espérance et, dans ces textes, surgit l’émerveillement de la vie et le refus de la résignation.



Dans « ils ont tué mon fils », il évoque la mort par noyade d’un marocain poussé dans la Seine par un manifestant du FN

« Je l’ai pris dans mes bras

Et sous le ciel de tous les hommes

Je le berce tout bas »

Poème magnifique et sobre qui s’élève contre le racisme et toutes les barbaries.

Les mots du poète parlent de fraternité et d’espoir. Il insuffle un message d’amour lorsqu’il clame :

« Aime les hommes

Sans faire semblant »

Car il faut se battre contre la haine, la bêtise et l’indifférence, c’est cela « qui fait des hommes des pierres. »

Plusieurs de ses poèmes s’adressent à ses amis comme Jean Joubert ou François Cheng. Pour certains, nous n’avons qu’un prénom, mais on devine à travers les mots l’amitié et la connivence qui lie le poète à ses amis.

Le poème « Dans l’au-delà de l’éclair » s’adresse à sa fille Anouk à qui il fixe un rendez-vous.

« Je te donne rendez-vous, ma fille, au sommet d’une colline apprivoisée, quand le lanceur effréné de toupies nous aura fait danser de joie ».



Et puis il évoque le dernier voyage avec une sobriété d e langage et c’est émouvant.

« Il nous faudra partir nus

De peur d’alourdir un peu

Le vol clair de l’immense voyage. »



Dans une alternance de textes courts et longs, de prose, ces poèmes évoquent des moments de gravité ou bien des instants plus légers.

La nature est très présente ainsi que les petits riens plus intimes qui dévoilent son être profond.

Derrière la mélancolie se dessine l’espoir d’un homme pétri d’humanité et on est touché par sa justesse, sa sensibilité.





Commenter  J’apprécie          550
Fragments de la maison

J’ai rencontré Habiba Djahnine à Sète, lors du festival de poésie « Voix vives » dont elle était l’une des nombreux invités. D’emblée, j’ai été conquise par sa vitalité et je me suis laissée emportée par le vent chaud de sa poésie.



« A chaque corps sa mémoire »

Habiba Djahnine va chercher les mots au plus profond de sa mémoire. Ces mots assemblés, liés, font corps sur les ruines de la guerre. Vient le temps de la reconstruction.

C’est aussi l’histoire d’une confiance à reconstruire lorsque tout a été bafoué.

Mais comment aborder le passé ? Dans quelle langue s’adresser à la rue ? Elle interroge, décrypte et elle écrit le poème « car la poésie est le seul langage possible » celui qui saura apaiser la douleur d’une guerre insidieuse.



La poétesse doit retrouver les bribes du passé, que l’amnésie collective recouvre.



« Proche des murs de la maison

Tout près des silences nocturnes

J’entrevois en fragments

Les histoires des miens. »



Elle doit faire face à la peur.

« La peur.

Cette chose insondable, irrationnelle, fugace, poignante ! »



L’amour est très présent. Comment aimer à nouveau lorsqu’on n’a « appris qu’à mourir », car l’amour a cette faculté de panser les plaies et tenir la souffrance à distance.

Face à la mer, elle se dit « étrangère dans sa ville, étrangère dans sa vie ». Il faut pourtant éloigner l’oubli, mais comment ?

Ces éclats de vie sont traversés par les fantômes, ceux des ancêtres qui luttent contre l’oubli.

Dans "Autres conversations avec les fantômes », sourde une certaine violence entre doutes et affirmations.



L’écriture est limpide, et on se laisse aller à ce déploiement existentiel où la mémoire cueille des souvenirs sensibles.







Commenter  J’apprécie          590
Nonbinaires

Martin Page propose ici un recueil audacieux et courageux, d'une douce colère, qui m'a transportée et profondément touchée.



Iel perce l'armure manichéenne qui emprisonne la société, dépeint des émotions tues avec brio, tranche dans le vif ou apporte de la légèreté, car être non-binaire, c'est avant tout oser être soi, en toute simplicité. Si cela est possible, bien évidemment.



La poésie de Martin Page se veut didactique aussi, et finalement dédiée à toutes et tous. Celles et ceux qui vivent cette non-binarité, celles et ceux qui les accompagnent, celles et ceux qui comprennent et puis les autres. Finalement, on rêve avec iel d'une société bienveillante et inclusive où chacun.e pourrait vivre sa vie comme iel entend, et à défaut d'être compris.e, être au moins respecté.e pour ce qu'iel est.



L'auteurice s'affranchit des codes poétiques comme des codes sociaux : ponctuation envolée, tout comme les majuscules. Les mots dansent, comme ils veulent, pourvu que le résultat bouscule et émeuve. Soit vivant, en quelque sorte.



Les longs remerciements sont savoureux et à l'image du recueil, touchants et créatifs. Martin Page espère être utile. Qu'iel se rassure, iel l'est, et ce livre devrait se trouver dans tous les CDIs et toutes les médiathèques.



Bilan :

Coup de cœur pour la poésie et la personne. Magnifique ouvrage à faire découvrir au plus grand nombre !
Commenter  J’apprécie          00

{* *}