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guilde du Livre - Lausanne [corriger]


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Les lunettes d'or et autres histoires de Fe..

A travers le regard d'un étudiant, les lunettes d'or illustrent deux exclusions à dénouement tragique dans la société ferraraise de l'entre-deux guerres, période du fascisme mussolinien.



Mezzo voce, Giorgio Bassani déroule un récit dans lequel se constituent progressivement puis finissent par se croiser deux destins, celui d'un médecin homosexuel, du fait de lois non-dites et celui des Juifs, conséquence des lois raciales, ayant l'un et l'autre leur caractère individuel et collectif. La mise en parallèle, sans doute pas fortuite, est exposée sans lourdeur, avec sensibilité et amicale bienveillance, sinon une forme de solidarité.



Heureusement disparue l'artificielle écriture d'Intramuros, sans que soit perdue la précision et le sens du détail; par une sorte de touche impressioniste, Bassani procède ici beaucoup plus simplement et légèrement, avec une économie de moyens bienvenue; la matière traitée s'en ressent positivement, faisant toute sa place à la suggestion et au tact.



La peinture de Ferrare s'élargit et se densifie.







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Une journée d'Ivan Denissovitch

Dans ce livre, A. I. Soljenitsyne n'a pas voulu raconter une histoire. Il a voulu RÉVÉLER l'existence de l'immense réseau d'État de camps de travaux forcés pour de prétendus «ennemis du peuple » arrêtés arbitrairement.



Par cet ouvrage sans intrigue, il a voulu nous faire RESSENTIR la monotonie et l'inconsistance de la vie en ces lieux, qui n'a pour seul objectif que la survie. Une bonne journée pour un zek (abréviation de « заключённый каналоармеец » sigle qui, à partir des années 1920, a désigné les soldats-prisonniers employés aux travaux forcés, notamment pour creuser le canal de la mer blanche à la baltique) est celle où il a eu du pain le matin, de la bouillie à midi et de la soupe claire le soir ; celle où il n'a pas été battu, où il n'a pas été mis au cachot, où il n'est pas mort de froid et, une journée merveilleuse est celle où il ne s'est rien fait voler, où il a pu soutirer un peu de tabac ou une rondelle de saucisson. Si l'on en croit ceux qui se sont ennuyés à cette lecture, l'auteur parvient très bien à son objectif.



La syntaxe est volontairement celle d'un homme simple : Ivan Denissovitch Choukhov qui, en commentant naïvement sa journée, expose tous les détails qui la composent et derrière chacun desquels se cache un risque pour lui. Il répertorie également les différentes catégories de zeks et les différentes stratégies qu'ils déploient pour survivre.



Ce livre présente l'immense avantage d'humaniser ce qui pour beaucoup est certes un fait, mais Ô combien théorique.

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Anna Karénine

La recherche du bonheur

Influencé par les adaptations au cinéma, j'ai très longtemps dédaigné le roman "Anna Karenine" de Tolstoï alors que j'aimais bien "Guerre et Paix" que j'avais lu dès l'adolescence.





C'est principalement dû au fait que le cinéma faisait toujours la part belle au personnage un peu sulfureux, très romanesque d'Anna Karenine, auquel je n'adhérais pas plus que ça. Evidemment, pour rentrer dans des longueurs raisonnables de film, le reste du roman était au mieux résumé, au pire ignoré.





Puis, il y a deux ou trois ans, pas plus, on m'a offert le roman. Pour conclure cette longue introduction, je dois avouer que je n'ai pas aimé le roman. Non, je l'ai simplement adoré.

J'en suis à ma deuxième relecture complète sans compter quelques relectures partielles (pour le plaisir).





D'abord, pour en rester à des généralités, Tolstoï a bien plus équilibré le poids du personnage d'Anna Karenine en lui opposant d'autres personnages très différents.



Un point important, et qui me semble être une clé de ce roman, c'est que Tolstoï parle d'un milieu qu'il connait parfaitement parce que c'est le sien : il est russe, il est un aristocrate, il est un gros propriétaire terrien et l'agriculture est une de ses passions. Il exècre les milieux citadins de Saint-Pétersbourg qu'il considère comme artificiels et se complait dans ses terres, en famille, dans une vie calme. J'ai lu que le personnage de Kitty était un mélange de sa femme Sonia et de sa belle-sœur.

Le héros principal du roman a pour nom Levine qui est un dérivé de son propre prénom Léon ou Lev.

La construction du roman interpelle quant à l'importance relative des couples "Kitty/Levine et Anna/VronskI dans l'esprit de Tolstoï

Le roman commence et finit par évoquer Levine et Kitty.

Dans la première moitié, ils sont des entités qui sont "indépendantes", dans la deuxième moitié, ils sont mariés.

A l'exacte moitié du livre, il y a la grande scène que j'appelle la "réconciliation de Kitty et de Levine". C'est le point d'orgue du roman, le sommet. C'est un passage que je lis lentement tellement il me comble.

Anna Karenine n'apparait qu'au bout d'une petite centaine de pages et disparait une petite centaine de pages avant la fin.





Encore une généralité, on retrouve les caractères des plus beaux héros de "Guerre et Paix", le prince André et le comte Pierre Bezoukhov dans le personnage de Levine. De même, on retrouve avec un immense plaisir Natacha Rostov en Kitty. On peut aussi dire que Hélène Bezoukhov (la première femme de Pierre) porte les prémices d'Anna Karenine, ce qui n'est pas vraiment flatteur pour cette dernière.

C'est dire à quel point les cinéastes, en faisant la part belle à Anna Karenine, ont faussé l'idée de base de Tolstoï. J'ai lu dans la préface du roman écrite par André Maurois, qu'on avait reproché à Tolstoï la place plus importante laissée au couple Kitty/Levine alors qu'on considérait que le sujet central était le drame d'Anna. En fait, pour Tolstoï, le sujet central est le contraste entre le "bonheur familial" et les "entrainements de la passion".





Mais revenons au personnage d'Anna Karenine. On pourrait en parler des heures de cette femme belle et brillante, épouse d'un haut fonctionnaire, mère d'un fils qui va être séduite par un officier russe beau, riche, ayant beaucoup d'entregent mais frivole, arrogant, joueur, immature. Au départ c'est un jeu, à la fin, un drame. Compte tenu de l'époque très corsetée de la société russe, elle est tombée dans un piège infernal où sa fierté (slave) lui empêche le retour en arrière qui, pourtant, est toujours resté possible. C'est en quelque sorte, une âme slave qui va vivre sa passion jusqu'au bout. Mais au bout de quoi ? A la fin, elle ne sait même plus si Vronski l'aime encore et se heurte aux regrets de ce dernier d'avoir laissé sa carrière militaire.





Le mari, Alexis Karenine, est un des beaux personnages du roman. On comprend qu'il est beaucoup plus âgé qu'Anna. Il est pétri de respectabilité mais il est touchant dans sa souffrance. C'est un homme cher à Tolstoï dans la mesure où c'est un homme d'action et de décision dans sa vie professionnelle et capable de pardon dans sa vie privée. C'est quelqu'un de profondément sincère.

On a déjà parlé de Levine qui est une copie conforme de Tolstoï. Comme Alexis Karenine, c'est un homme d'action, impliqué dans la vie avec ses paysans, capable de mettre la main à la patte et avec un objectif d'amélioration de la condition ouvrière. Il est en prise avec l'actualité et il est réjouissant de lire ses émois et débats sur les moyens de sortir de la féodalité. Mais c'est un grand timide et un grand tourmenté qui doute de lui-même et qui prend en pleine face un échec amoureux. C'est l'âme slave par excellence. Il est, lui aussi, fondamentalement sincère.





Finissons par Kitty, la citadine, jeune écervelée qui va regretter une décision qu'elle prend sans en mesurer l'enjeu. C'est une femme simple et douce qui brûle ses ailes par naïveté. Elle suivra un chemin initiatique lors de son séjour dans une station thermale et découvrira l'abnégation et la bonté. La conjonction des astres Kitty et Levine finira par avoir lieu apportant la construction d'un bonheur finalement pas très compliqué à trouver dans une vie de famille à la campagne. Kitty est aussi une personne d'une grande sincérité.





Bien d'autres personnages apportent leur pierre à l'avancement du roman et font l'objet de scènes d'émotion pure comme, par exemple, l'agonie du frère de Levine.





Pour conclure, Anna Karenine est un très grand et très puissant roman où les inoubliables personnages sont tous passionnants à suivre avec des moments extrêmement forts.

Le roman est une quête du bonheur. En juxtaposant différentes situations susceptibles d'y mener, Tolstoï nous propose une réponse possible sur les moyens d'y accéder.
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