AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

La Table ronde [corriger]

La Table ronde est une maison d`édition française fondée en 1944 par Roland Laudenbach, Jean Turlais et Roger Mouton et nommée par Jean Cocteau. Le premier livre publié par la maison est Antigone de Jean Anouilh. Aujourd`hui, les éditions La Table ronde sont une filiale du groupe Gallimard et le catalogue de la maison compte plus de 10 000 titres.

Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Collections de La Table ronde



Dernières critiques
Divorce à l'anglaise

Lorsque Betsy Canning (trente-sept ans) annonce par courrier à sa mère (Henrietta Hewitt) qu’elle va divorcer de son époux Alec, elle va être fort surprise par la réaction excessive de cette dernière … Non seulement, elle va (immédiatement !) rentrer en Angleterre, mais elle se précipitera chez son ancienne amie Emily Canning (la mère d’Alec) avec qui elle était en froid depuis plusieurs années … Afin d’élaborer un plan machiavélique, en vue de pouvoir faire capoter ce projet scandaleux …



Alors que le couple, en villégiature dans leur maison (Pandy Madoc) au Pays de Galles, avec leur enfants (Kenneth, Daphné et Eliza) et quelques amis, décide de faire front commun, la volonté d’Alec Canning semble quelque peu vaciller …



D’autant plus que c’est sa propre mère qui descend du train quelques jours plus tard – et non pas celle de Betsy – nettement plus facile à manipuler … En 1936, le divorce n’est pas un acte anodin aux yeux de la « bonne société » et les deux mères imaginent pouvoir – non seulement l’empêcher – mais sauver l’avenir de leurs petits enfants, victime collatérales … Hélas : rien ne se passera comme prévu !



À l’aube de la deuxième guerre mondiale, l’auteure nous raconte avec beaucoup de malice les « péripéties » liées à ce divorce et aux remariages respectifs des deux coupables. Ainsi que leurs conséquences sur leur progéniture, notamment sur deux d’entre eux (Kenneth et Eliza)



C’est bien écrit, « So British ! » et délicieusement « désuet ». Une jolie parenthèse littéraire qui va détendre le lecteur.
Commenter  J’apprécie          40
De la révolution aux révoltes

« Révolution ! »

Là, doucement, pose la baïonnette de pépé Eugène et redescends de cette barricade, s’il te plait…

« Tous ensemble, tous ensemble, ouais ! » « Gilets jaunes Lives matter »

….Et puis, range la faucille et le marteau de tonton Lénine et enlève-moi ce keffieh.

« Avortons le patriarcat ! » « El pueblo unido… »

Du conflit israélo-palestinien qui sert de détonateur dans nombre de campus, aux ronds-points des gilets jaunes, des barricades érigées dans Paris en 2017 aux émeutes « dans les quartiers », il semble qu’on n’en ait pas terminé avec les flammèches révolutionnaires et qu’en tout citoyen couve un feu contestataire ne demandant qu’à s’embraser. Pour mettre à bas le système actuel ? Quitte à prendre feu et flammes pour à peu près n’importe quoi et à se poser des questions ensuite seulement. Voire… Bref, comment penser tout cela ? Quel sens donner à ces mouvements, quelle place prennent-ils dans l’histoire des idées ? En plus que de compléter ma culture sociohistorique du 20e siècle, c’était là mes motivations pour commencer De la révolution aux révoltes, qui m’avait été justement recommandé par Michel (merci !).

« De la rivière à la mer » « Ah ça ira, ça ira ! »

Franchement, avec tes dreadlocks à la Bob, ton treillis rose façon Dior et tes pins SOS racisme, t’as l’air de quoi ? D’une icône de la récupération et puis c’est tout. Allez, arrête ton char et file dans ta chambre ! Ah elle est belle, la contestation, tiens !



D’abord, ce n’est pas ça la révolution. La révolution, c’est une « mutation fondamentale des structures de la société, au sens de restructuration profonde, d’établissement de nouveau clivages par effacement des anciens ». C’est Jacques Ellul qui la définit ainsi dans De la révolution aux révoltes. Et c’est assez opérant.



La dernière qui mérite ce nom pour avoir réussi à réduire la révolte dont elle avait jailli en révolution effective, c’est le nazisme. Tout y est : mépris souverain pour la société de consommation, l’humanisme et la tolérance libérale, affirmation de la violence et de la jeunesse en son cœur, de la communion entre tous, liquéfaction de tout ce qui existait précédemment d’ordre et de structures pour le voir refondé, cristallisé dans l’émergence d’un nouvel ordre institué par l’Etat devenu révolutionnaire et sans aucun frein. Tout ceci aboutissant au contraire de ce qui l’avait fait émerger (ce qui est le propre de toute révolution), c’est-à-dire le retour à l’Etat, la Nation et la Technique. « Effroyable résultat de l’irrationnel rationalisé, de l’explosion érotique bureaucratisée, de la violence spontanée étatisée. » Voilà. Ca calme question fantasme de lendemains qui chantent.



Dans De la révolution aux révoltes, publié en 1972, Jacques Ellul, juriste, historien, théologien et sociologue, met en perspective les révolutions de 1789 en France, de 1917 en Russie, avec ces mouvements populaires dont les 70 premières années du 20e siècle ont été si pleines. Sa thèse est sans appel : tout ce qui a suivi ces deux révolutions n’a été que redite inappropriée, plaquage d’anciennes analyses (politiques pour 1789, marxiste pour 1917) sur une situation qui n’avait plus rien à voir. Une mauvaise grille de lecture, souvent assez complaisamment et romantiquement exaltée sur un réel beaucoup plus verrouillé que ne le laisserait espérer nos élans révolutionnaires les plus fervents. Voilà qui ramène les grands mots de nos grands intellectuels situés à quelques insignifiants infatuations, petit livre rouge et mouvements de mèche compris.



On pourrait croire que se pencher sur le caractère révolutionnaire véritablement avéré de mai 68, des actions des black panthers aux Etats Unis, l’espoir pour l’humanité que contiennent ou non les émergences décoloniales de ce qu’on appelle encore le Tiers monde a tout du dada obsolète. Et effectivement, lire, cinquante ans après, la description d’un monde où tout se prétend politique, où les situationnistes s’étripent avec les structuralistes, les maoïstes écharpent les gauchistes petit bourgeois peut paraître assez surréaliste et totalement stérile. On a l’impression d’un bouillonnement de mots, de condamnations péremptoires et définitives dont le passage des ans n’a rien gardé sinon une certaine gêne à constater le ridicule des postures, un cynisme peut-être à noter que les girouettes ne sont pas seulement fichées sur les clochers des églises.



Mais De la révolution aux révoltes n’a pas pour seul intérêt le voyage plus ou moins nostalgique dans les folles années de supposée libération (« il est interdit d’interdire » et tutti quanti), c’est un livre précieux pour mettre au jour les ressorts d’une rhétorique insoumise (suivez mon regard), d’une promotion de la technique comme seule merci (dans l’autre direction, mon regard), d’un refuge hargneux dans le replis sur des considérations réactionnaires (encore un peu plus à droite, ne bougez plus, vous y êtes !). De l’esbroufe, de la poudre aux yeux pour tous, autant qu’ils sont.



Nous sommes coincés dans une société dont la puissance exclut toute opposition. Une société techniciste (le terme recouvre tout à la fois les structures économiques, politiques, bureaucratiques, culturelles qui nous régissent collectivement), au réseau d’une finesse et d’une complexité jamais atteint par le passé, capable de se nourrir de toute contestation, de promettre la satisfaction de tous les désirs de ceux qui l’habitent. Capable de suffisamment tenir ses promesses pour endormir toute velléité de révolution. Nous sommes dramatiquement piégés et tout ce que nous tenterons pour nous opposer à cette lénifiante aliénation sera vain.



A ce compte, la politique elle-même est vaine : ce n’est pas au sein de la délibération démocratique que pourra émerger le ferment révolutionnaire, il serait aussitôt assimilé dans les rouages du système technicien. Ce n’est pas non plus dans la violence d’une action désordonnée et spontanée : la puissance de l’Etat ne fait aucun doute et aucune révolte populaire ne saurait le déborder. Ce n’est pas dans le discours contestataire : « l’enflure des mots est le signe de l’inexistence de la Parole et de l’irréalité du Fait. ». Les étudiants auront bien essayé l’action pour l’action, qu’ils auront indûment renommée praxis. Cohn-Bendit en 1968 : « Il s’agit de démolir complètement les cadres actuels de la société. – Par quoi les remplacerez-vous ? – Nous ne savons pas encore. Nous commencerons par détruire, et petit à petit l’action nous apprendra ce qu’il faut construire ». De quoi, sur le moment, faire trembler n’importe qui ne serait pas chevelu et hurler de rire, après coup, tous ceux qui auront constaté la sottise et l’inefficacité de la tentative. Ca défoule mais ça ne sert à rien.



« La révolution dans une société technicienne ne peut pas se faire à partir du déchaînement de l’irrationnel et du désir, […] elle ne peut résulter que d’une théorie précise, d’une interprétation exacte des faits. » Laquelle théorie a de fortes chances de ne pouvoir s’extraire de la société de laquelle elle nait et dont le leurre ne conduira finalement qu’à orienter vers « l’abrutissement et la conformisation dans une masse ». La messe est dite, on est foutus.



Evidemment, tout cela résonne avec mes précédentes lectures. Aurélien Barrau n’en sort pas franchement grandi, mais il avait peu de chances de l’être, de toute façon : « Tout élément est strictement intégré dans le système. (…) C’est un des grands mérites de Marcuse d’avoir montré la profondeur de cette intégration dans l’inconscient, et combien la pensée philosophique et même scientifique était dépendante de cet ensemble. Tout est coordonné. » L’idée d’une science qui ne soit pas l’expression de son milieu et dont l’essence puisse échapper aux rouages technicistes que dénonce le gentil Aurélien ira donc se rhabiller. Mais ça, on le savait déjà.



La révolte des frangines façon Silvia Lippi, le délire psychotique, hystérique pour faire advenir autre chose et mettre à bas la structure ? C’est tout à fait sympathique et légitime. Même si Jacques Ellul ne parle quasiment pas de la condition féminine – il est encore, pour ce point comme pour sa conception des peuples racisés, dans l’universalisme d’un homme mâle et blanc -, je pense qu’on peut assimiler la contagion hystérique qu’elle suppose à cette colère qui alimente la révolte populaire. C’est une énergie, elle émane peut-être du reste de conscience encore libre de l’emprise techniciste, elle est respectable mais, sans doctrine, sans appareil, sans tactique, elle n’amènera à rien. Autant dire qu’il faudrait qu’elle se nie pour exister. « La révolte éclate. L’homme se satisfait de la consommation de sa propre révolte. Et le système reprend sa prolifération. » RIP le délire.



Je me suis ensuite demandé si la société techniciste telle que la conçoit Ellul se confond avec l’ontologie naturaliste de Descola. Il y a des similitudes apparentes même si Ellul prend soin d’écarter de son lecteur toute tentation d’ « antihistoire », de retour nostalgique et faux vers des « sociétés exotiques » qui contiendraient « innocence et pureté, authenticité, relation avec une nature », « recours de l’espace contre le temps immobilisé, puisque non révolutionnaire, de l’Occident » (Furet, « les intellectuels et le structuralisme », cité par Ellul). Bien sûr, Descola n’a pas cette naïveté d’idéaliser les ontologies animistes ou totémiques et de les repousser dans un temps que l’Histoire n’aurait pas atteint. C’est peut-être son lecteur qui se plait à le faire à sa place mais il faut bien avouer que les garde-fous qu’érige l’anthropologue pour nous en prévenir sont un tantinet mous du genou.



Un des grands absents de la réflexion d’Ellul est le bouleversement climatique et toutes ses conséquences destructrices pour nos sociétés. Est-ce cet élément suffisamment extérieur à notre ordre techniciste et suffisamment puissant qui permettra une révolution de nos structures ? La météorite qui viendra rompre le cercle révolutionnaire impossible ? Les solutions esquissées à ce jour ne semblent pas le dire. Il semblerait au contraire que le système techniciste met sa dernière énergie à nier le problème ou à ne l’intégrer que comme source d’énergie supplémentaire pour alimenter moteur de la croissance progressiste. Ou comment aller dans le mur à la vitesse supersonique.



Autre angle mort de la réflexion, la part animale de notre nature humaine et tout le conditionnement qu’implique sa nécessaire prise en considération. Là encore, Jacques Ellul est d’un temps où l’homme est un penseur désincarné dont le corps ne saurait être mammifère. C’est un des points contre lequel Lahire s’opposerait. J’ai du mal à discerner ce qu’il en résulterait. J’ai l’impression que Lahire ajoute un déterminisme, éternel et inexorable, à celui que fait peser sur nous Ellul depuis l’avènement du technicisme. On ne gagne pas vraiment au change et s’il est fondamental de nous considérer dans tout ce que nous sommes, comportements issus de notre condition animale compris, ça ne change pas fondamentalement la couleur très sombre du tableau.



A moins que l’on aille du côté des solutions. A la fin de son ouvrage, c’est à une refonte individuelle et intérieure qu’appelle, très succinctement, Ellul. A quelque chose qui procède d’un élan, d’une grandeur d’âme permettant à chacun de tremper sa volonté et ses actions à une révolution propre. Quelque chose qui échappe au déterminisme d’une socialisation, d’une culture. Tout le contraire donc de ce vers quoi veut nous emmener Lahire qui mise tout de même beaucoup sur le progrès de nos artefacts. Peut-être qu’Ellul le verrait comme un disciple dont les recherches ne visent qu’à entériner le système, un pur produit techniciste sacrifiant ses observations au culte du tout social, du tout culturel.



Quoi qu’il en soit, « la révolte est désormais tout ce que l’homme peut entreprendre. L’homme éprouve un malaise qu’il ne sait définir ; Il nomme absurdement des ennemis qui n’en sont plus. Il clame des mots – impérialisme, anarchie, décolonisation. Mais derrière tant d’images factices ou périmées c’est son être même qui proteste contre un état de choses qu’il ne sait pas nommer, qui lui est profondément étranger, dans lequel il ne peut pas entrer, auquel il ne veut pas participer. (…) Il se trouve pris dans la contradiction terrible de devoir faire sauter cette société qui l’enserre sans, le plus souvent, le contraindre par la violence, mais qui le séduit, le détermine, le corrompt. » Il ne reste alors qu’une « voie de silence et de persévérance, de relation personnelle rare et authentique – de raison opposée à tout le rationnel et à tout l’irrationnel, de vertu à réinventer car il ne s’agit pas de morale. » Quelque chose qui m’a chatouillé les neurones de sa familiarité, une démarche que j’ai reconnue, en femme esclave de son cœur, et aussitôt assimilée à celle de Spinoza de l’Ethique. A la fin, tout le monde meurt, sauf Baruch !

Commenter  J’apprécie          1510
Prodigieuses créatures

Tracy Chevalier offre ici un roman biographique sur l’amitié qui a unie deux paléontologues, invisibilisées à leur époque : Mary Anning et Elizabeth Philpo.



Elle se rencontre à Lyme Régis, au nord de l'Angleterre, et malgré leur différence de classe et d'âge (20 ans) deviendront deux grandes amies, animées par leur passion commune pour les fossiles.



Ce roman relate l'évolution de leur amitié, et rend aussi honneur aux découvertes de Mary Anning, qui est aujourd’hui une figure incontournable dans l’histoire de la paléontologie des vertébrés. Ainsi malgré la découverte du premier ichtyosaures alors qu'elle n'a que 13 ans, et du premier plésiosaure, Mary Anning ne sera jamais admise dans la Société Géologique de Londres, interdite aux femmes.



De nombreux éléments dans le roman sont biographiques et donnent envie d'en apprendre plus sur Mary et Elizabeth. De plus, Tracy Chevalier écrit dans un style simple alternant entre le récit des deux femmes. Tous les ingrédients sont là pour faire de ce roman une très bonne découverte !
Commenter  J’apprécie          30

{* *}