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Verdier [corriger]

Les Éditions Verdier ont été fondées en 1979 par Gérard Bobillier et Colette Olive et Michèle Planel. Elle est spécialisée dans la littérature, la poésie, le théâtre, les arts et l`architecture, les sciences humaines, la philosophie et spiritualités. La maison s`est d`abord fondée sur la collection de grands textes de la tradition juive Les Dix Paroles, puis s`est étendue à la littérature, française ou étrangère, avec des auteurs comme Pierre Michon, Varlam Chalamov ou Junichirô Tanizaki.

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De profundis - La Ballade de la geôle de Reading

De Profundis d’ Oscar Wilde

De profundis est la lettre qu’écrit Oscar Wilde du fond de sa prison dans les dernières semaines de son incarcération. C’est une lettre pleine de haine et de ressentiment mais également derrière laquelle l’amour est encore bien présent. Cette lettre est adressée à Alfred Douglas, l’homme avec lequel Wilde a vécu plus de deux ans, elle est l’opportunité pour lui de faire la lumière sur lui et son ami. Dans cette missive aucune allusion sexuelle ou relative à l’homosexualité, Wilde tente de faire un état des lieux, tout ce qu’il a fait financièrement et sentimentalement pour Douglas contre le peu et l’indifférence qu’il a reçu en retour. Il y a un côté comptable dans l’exposé factuel de Wilde, on sent combien ce retour en arrière sur leur vie commune est douloureux mais indispensable, il en sort ruiné, en faillite et le nom de sa famille est déshonoré. Wilde est il honnête dans son analyse, mystère, Douglas contestera dans un livre toutes les assertions de Wilde, un Wilde transformé par la douleur physique et morale dans lequel on discerne à peine l’ auteur du Portrait de Dorian Gray.



L’histoire de cette lettre est également une aventure entre le papier qu’illégalement le directeur de la prison fournira à Wilde, les directives qu’il donna à Ross sur son utilisation qu’il ne respecta pas et enfin sa transmission au British museum avec interdiction de la divulguer pendant 50 ans, ce qui fait que le texte original ne fut divulgué et traduit qu’en 1960. Un texte surprenant par son ton tout autant que sa teneur.

En complément de De Profundis se trouve une lettre adressée par Wilde au rédacteur en chef du Daily Chronicle au sujet d’un gardien de la prison licencié pour avoir donné des biscuits à un petit enfant incarcéré et des conditions infâmes dans lesquelles sont tenus les prisonniers. L’année suivante une loi réformera le régime pénitentiaire en tenant compte des notes de Wilde. Intéressant.
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Qui a fait le tour de quoi ?  L'affaire Mag..

« Qui a fait le tour de quoi ? », un titre volontairement un brin provocateur de la part de Romain Bertrand pour son essai sur le voyage de Magellan.



Une vraie question quand on sait que l’Histoire n’a longtemps associé que le nom de Magellan à la première circumnavigation. Et pourtant Fernão de Magalhães n’a jamais réalisé de tour du monde (il est mort à mi-chemin), il n’a pas non plus montré que la Terre était ronde (on le savait déjà) et il n’est peut-être pas le navigateur visionnaire et héroïque que l’histoire a retenu (une image idéalisée sans doute en grande partie due à l’admiration que le chroniqueur Pigafetta lui portait).



Avant de parler de cette incroyable expédition, il faut donc replacer le projet de Magellan dans le contexte historique de l’époque. Loin des idéaux de découvertes de nouvelles terres, de nouvelles cultures, de recherches ethnographiques ou naturalistes, Romain Bertrand nous rappelle bien que le nerf de la guerre à cette époque était plutôt : gloire et richesse. Avec en plus dans le cas de Magellan un petit désir de vengeance qui l’amène à délaisser son Portugal d’origine pour partir naviguer pour le compte de la couronne espagnole. Au temps pour le romanesque de l’aventure !

Une remise en perspective intéressante et bien documentée, notamment grâce à plusieurs témoignages d’époque.



L’expédition lancée, la question se pose de savoir qui a finalement réalisé la première circumnavigation de l’Histoire. L’auteur rappelle à juste titre que l’Histoire justement à tendance à ne retenir qu’un seul nom, là où finalement ils sont nombreux à prétendre à ce titre honorifique. En premier lieu, Enrique, l’esclave malais de Magellan, qui est très probablement le premier à avoir fait le tour du monde (même si cela n’a pu être prouvé). Et qui se souvient du nom des dix-huit marins arrivés à Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522 à bord du seul navire rescapé ?

Un voyage, plusieurs candidats.



Autre point intéressant abordé dans cet essai, la vision très occidentale que nous avons de cette fameuse période des grandes découvertes et avec elle l’impression que ces audacieux marins ont ouvert des voies jamais naviguées et découvert de nouvelles terres inhabitées. Erreur !

Les commentaires de Pigafetta sont bien la preuve du contraire. Des endroits reculés comme le détroit de Magellan étaient déjà habités et toute l’Indonésie était une zone d’échanges commerciaux établie.



Si le livre n’apporte pas de nouvelles connaissances à ceux qui ont déjà lu « Le voyage de Magellan » d’Antonio Pigafetta édité par Chandeigne, j’ai trouvé qu’il permettait de faire un pas de côté et d’avoir un regard plus critique sur cette aventure, et plus généralement sur les grandes découvertes.
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Le Retour de Münchhausen

Chacun a son Münchhausen. Gottfried August Bürger en a transmis à la postérité l'image d'un grand menteur passionné par la chasse, les voyages et les exploits guerriers. Karlel Zeman lui a fait superviser l'union entre les rêves de conquête spatiale et les légendes lunaires d'autrefois. Terry Gilliam l'a changé en être lunatique et inconstant, dialoguant avec l'enfance sur le mode du mentir-vrai, pour mieux tromper la mort.



Sigismund Krzyzanowski était donc destiné à nous présenter un Münchhausen à son image. Un Münchhausen poétique et facétieux convertissant le sens propre au sens figuré et inversement ; vivant à la fois dans les livres et dans le monde réel, dans le passé et dans le présent ; circulant où bon lui semble sans que l'on ne soit jamais sûr qu'il ait quitté le petit espace cloisonné qui l'abritait, image de livre ou appartement. Un Münchhausen friand d'abstraction, du moment que celles-ci ne constituent pas une prison mais au contraire un strapontin pour la liberté d'une imagination qui ne dit pas son nom. Et finalement, un Münchhausen dont l'illogisme et l'irrationalité trouvent en la Russie soviétique une rivale implacable, une « reine rouge » plus terrible encore que la reine de coeur de Lewis Carol.



La vie imite l'art, et le fait très bien. Trop bien pour le bien-être de notre cher baron, qui trouvera que tout ne tourne décidément pas rond dans l'âme slave. Et tout tourne trop rond chez les protocolaires britanniques, autre extrême indésirable. Notre sommité du mensonge gratuit se cherche donc un État, une patrie pour fructifier sur Terre, foisonner en toute innocence comme des haricots magiques. Il cherche peut-être encore, quand le lecteur ouvre ce livre et pense à lui, à la lumière de la Lune.
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