Rose Saint-Vallier appartenait au Sud profond, le Sud des magnolias. Elle avait grandi en ces temps bénis où les draperies qui ornaient le salon étaient encore fraîches et pimpantes. À une époque où les femmes de son milieu cachaient leurs sourires rougissants derrière des éventails en feuille de palme. Où leur plus haute ambition était d'avoir le plus beau teint de la paroisse.
C'était un autre monde - un monde sans emprunts, sans ordinateurs, sans ce diplôme en économie d'entreprise qui paraissait tellement inutile à Stella, à présent qu'elle se trouvait confrontée à ce défi qui consistait à sauver Shadow Oaks. Le monde de sa grand-tante était tellement éloigné de celui qu'elle connaissait, c'était une autre planète.
Voyage sur la mer de la vie, Fidèle à toi-même, Et quel que puisse être ton sort, Débrouille-toi seule.
C'était le leitmotiv de Colette. D'un simplisme puéril, quand on le lisait avec des yeux d'aujourd'hui. Mais pour les femmes de cette époque, ces mots avaient dû résonner comme un air du 7e de cavalerie.
Le coton, il suffisait de le planter et de le récolter. Mais pour la canne, il fallait construire de coûteuses sucreries et les équiper de presses à vapeur massives, fondues avec ce qui restait des munitions de la guerre.
Comme d'habitude, la solution de Rose à tous les problèmes était un bel homme charmant. Pour tante Rose, qui n'avait jamais été mariée, un homme semblait la solution - ou le poison - ultime dans la vie d'une célibataire.
J'ai toujours aimé quand vous montez sur vos grands chevaux. Je n'ai jamais vu de femme plus mignonne que vous quand vous vous mettez en colère. Ça me donne envie de vous asticoter.