Ce livre, je viens de le quitter (quitte-t-on un livre ?) et je t'écris.
Tu l'as tenu de main de maître, ton écriture, bien sûr, ton combat, ton personnage, ton lecteur, son accord, son désaccord, sa curiosité, son empathie, ses yeux avides dans la page, son admiration pour ta culture, sa fatigue amusée, le poids ou l'enthousiasme ou la fureur ou la flamme de ta foi. Et toi, toujours toi, ton acrobatie d'identité si touchante. Toi dans tes nuages, dans tes limbes, puis rageuse femme.
Voyons Paprika, je t'accompagnerai le long de la Moselle et je te ferai lire à mes riverains de choix. Tu es une avalanche baroque qui se cogne au temps, tu écris le livre dans le livre, tes personnages sont porteurs de l'Histoire, de stratégies, de guerres, de strates politiques. Tes références bibliques, ton lexique religieux noient les non initiés, mais ils sont grand poème.
Et toujours, et encore, un débordement de senteurs, de toucher, de pigments minéraux, terreux, acérés, culinaires, puis éthérés, puis lourds et des cavernes de phrases, de syllabes, de lettres hérissées jusqu'à l'étouffement, le vertige.
Tu es drôle Paprika dans ton anticipation des événements, ton cinéma mental jusqu'au paroxysme.
Tu alimentes ton imaginaire de n'importe quelle récolte et tu synthétises tout ce que tu glanes, c'est la créativité mais c'est le délire. Pas de souci tu sais où tu vas, on peut te suivre, confiant.
Allez, entre nous, on peut le dire, Paprika, elle est dôle et douce, dense, dynamique (oui), et dynamite, diabolique (oui, oui), pas de doute, elle met en scène des duels fermentés, explosifs, damnée de l'écriture, dithyrambique (hé il faut le reconnaître), douée pour tout (décourageante), dominée ( pas du tout au fond ), double (triple et plus), déléguée ( c'est elle qui délègue le lecteur), divine (c'est par le texte que passera la musique des…anges).
C'est écrit, à n'en point douter, à tel point que je vais présenter «
Dieu compte les larmes des femmes » à la réunion littéraire que j'ai l'honneur de fréquenter.
Danuèle Vogler