Bel ouvrage qui retrace le parcours d'Édouard Detaille, artiste admiré en son temps mais quelque peu oublié de nos jours.
Sa vie entière est vouée à sa passion : l'armée. Il va jusqu'à dessiner, en 1911-12, les uniformes que devraient utiliser les soldats lors d'un conflit prochain. Toutes ses décisions sont prises pour encourager le patriotisme et la fierté nationale. Cela passe notamment par la représentation des glorieuses batailles du passé pour ses peintures. Ou encore en étant l'un des membres fondateurs de la Sabretache, association qui a poussé l'État à créer le musée de l'Armée, afin de conserver et présenter au public le patrimoine militaire. Enfin, lorsque l'affaire Dreyfus éclabousse l'institution, sa correspondance témoigne de son antidreyfusisme non pas parce qu'il était antisémite, mais par solidarité avec l'armée... Des implications qui lui valent le respect et l'estime de ses contemporains et des différents chefs d'État, qui lui commandent des oeuvres et le couvrent de toutes sortes de distinctions.
Grâce à ces accointances, Detaille était aussi considéré comme un "médiateur" politique. L'amitié qui le liait à Édouard VII d'Angleterre ainsi que les rapports cordiaux qu'il avait tissés avec le tsar
Nicolas II étaient perçus comme une contribution à l'élaboration de l'Entente cordiale et de l'amitié franco-russe. En revanche, les rapports étaient plus délicats lorsqu'il s'agissait des Allemands, avec lesquels il ne souhaitait pas se compromettre, et des Américains, dont il se méfiait.
Detaille était très attentif aux progrès de son temps et voulait restituer dans ses oeuvres ces transformations dont il espérait être un témoin fidèle. Décorateur, illustrateur, panoramiste, etc., il aurait probablement essayé le cinéma s'il la mort ne l'avait pris en 1912.
Un voyage au coeur de la Belle Époque, à travers le regard (et la peinture) d'Édouard Detaille.