En ce 13 octobre 2016, j'exhume de mes étagères un peu poussiéreuses ce hors-série du Monde consacré à
Bob Dylan, paru à une date indéterminée mais que je situe en 2011. "Cinquante ans de métamorphoses" indique l'auteur en couverture. Nous sommes prévenus, ce diable aux bouclettes angéliques et à la voix écorchée échappe aux codes, aux modes, aux définitions, aux étiquettes et se paye le culot, à 75 ans, de poursuivre ses vagabondages comme un éternel saltimbanque, ses chansons en guise de passeport. Non, il ne veut pas se taire et fait son desperado jusqu'en Chine ou au Vietnam, avec un détachement qui siérait à un clochard ou à hidalgo castillan.
En revoyant Dylan hier soir, filmé en concert en 94 à New York, je suis une nouvelle fois frappée par sa ressemblance avec Godard: visage tendu, cheveux ébouriffés, tourné vers un paysage intérieur, les yeux masqués par ses lunettes noires, exécutant impeccablement son récital mais sans complaisance aucune avec le public. Il ne sourit pas, ne fait pas de courbettes, ni de petites phrases au micro. Il offre sa voix, son talent, sa musique, mais rien de plus. Habillé d'une veste longue et d'une étonnante chemise à pois, il a l'élégance et la virtuosité d'un
Manitas de Plata, poète chantant les douleurs et les espoirs déçus de toute une génération.
En 122 pages, de photos, de témoignages, d'entretiens, d'anecdotes ou de textes originaux, faites connaissance avec la 1ère rock star nobélisée.