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EAN : 9782357800502
112 pages
Domens (20/04/2013)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
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Patricia Duflot, Jizzy : Jimmy Scott, héros et martyr


Le jazz est un roman. La lecture d'Alain Gerber nous en a convaincus. Patricia Duflot creuse le même sillon. Son Jizzy, sous-titré Une histoire de jazz en Amérique, fait se côtoyer personnages imaginaires et héros bien réels. Fiction et biographie s'y rejoignent, s'y mêlent intimement pour composer un portrait de musicien des plus vraisemblables. Et même tout à fait véridique, si l'on se fie à la boutade de Boris Vian : "Cette histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre."

A vrai dire, Jizzy n'est pas tout à fait un personnage imaginaire. Il a pour modèle - on pourrait dire pour alter ego - le chanteur de jazz Jimmy Scott, né à Cleveland, Ohio, en 1925. Ce dernier occupe dans l'histoire de la musique noire aux Etats-Unis une place singulière, en raison de particularités physiques étonnantes : atteint à douze ans par une maladie qui interrompt sa croissance, la puberté et la mue de sa voix lui sont, du même coup, interdites. Il parvient portant, au prix de maintes vicissitudes, à transformer ce handicap en atout et à mener une carrière de vocaliste. Après maints aléas, elle le mènera jusqu'au sommet du succès, avant qu'il ne sombre dans l'oubli et connaisse, à quelque quatre-vingts ans, une embellie inespérée.

Patricia Duflot en fait le narrateur d'une vie dont elle suit fidèlement l'itinéraire, du moins dans ses grandes lignes. Une autobiographie plus ou moins fantasmée. Ce qu'elle ignore, elle l'invente, et son imagination revêt toutes les apparences de la vérité.

Vérité psychologique, d'abord. Les tourments, les humiliations endurés en raison de sa voix de fillette qui justifie toutes les équivoques et tous les sarcasmes, par celui que l'on surnomme Little Jizzy (un concentré de Dizzie, jazzy et Jimmy) sont vécus de l'intérieur. Evoqués sans pathos ni grandiloquence, son courage, sa ténacité pour échapper à la misère et se faire un nom.

De même sont campés avec justesse, fût-ce comme de simples comparses, les acteurs importants de son existence. Ainsi sa mère, ou encore les musiciens fréquentés ou seulement côtoyés : Lionel Hampton, qui l'engagera dans son orchestre, Charles Mingus, à la personnalité explosive, colérique, et aussi Charlie Parker, dit Bird, le père du bebop, admiré par tous les musiciens. "Enorme, bouffi, il ressemblait à un cinquantenaire essoufflé. Sur scène, il était aérien, puissant, inventif... Dès qu'il arrêtait de jouer, c'était la descente aux enfers." Portrait, à n'en pas douter, conforme à la réalité et que corroborent, du reste, maints témoignages.

D'autres, tels Dick ou le Lézard, inspirés à coup sûr par des jazzmen ayant réellement existé, sont plus malaisés à identifier. En tout état de cause, cette recherche révèle vite sa vanité car l'intention de l'auteur n'est pas de lancer le lecteur dans un tel jeu de pistes.

Vraisemblable aussi la toile de fond sur laquelle se déroulent les méandres de cette existence faite d'ombre et de lumière. Enfance misérable, misère et ségrégation. Gloire éphémère et descente aux bas-fonds. Une Amérique en proie aux convulsions sociales et raciales dont témoignent notamment les émeutes de Cleveland, ville natale de Little Jizzy. Révolte qui trouve des échos dans le courant libertaire du jazz, cette new thing dont le héros se nomme Ornette Coleman.

Un récit qui sonne juste, reposant sur une documentation sans faille. A la fois réaliste et nimbé de poésie. le style de Patricia Duflot est nerveux. Swinguant, pour filer la métaphore jazzistique. Elle sait rendre son héros attachant, soutenir jusqu'au bout l'intérêt. A l'évidence, passionnée par son sujet. Si bien que ce premier roman est une réussite.

A noter qu'il a donné lieu à une adaptation théâtrale jouée récemment avec succès dans le Sud de la France, et qui réunissait Rachel Ratsizafy (chant), Eglantine Jouve (récit), Serge Casero (saxophone), Cédric Chauveau (piano) et Séga Seck (batterie).

Jacques Aboucaya

Patricia Duflot, Jizzy. Une histoire de jazz en Amérique. Editions Domens, Pézenas, avril 2013, 106 pages, 12 €
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ma voix est cette chose qui me fait être griot, conteur, poète de l'universel et de l’instant.
Ma voix est ma seule richesse. Mon corps vibre, mon âme chante, swingue et palpite. J'essaie de chanter des histoires qui te font aimer la vie malgré les horreurs, les bassesses et les coups durs.
Je m'appelle Jizzy, je suis chanteur de jazz. Quand je suis sorti du ventre de ma mère la lune était rouge, illuminée d'une drôle d'incandescence. Je suis né le 17 juillet 1925 à Cleveland, dans l'Ohio. J'ai hurlé à vingt et une heures trente. Mon premier chant.
Je suis né dans un siècle formidable. Je n'en avais pas conscience enfant, mais avec mes gros yeux je voyais. L'Amérique avançait, les villes se développaient, l'industrie automobile se déployait. Et le jazz, cette musique qui galopait comme un cheval fou sur les sentiers de la liberté. J'en ai entendu, j'en ai mangé...
J'ai été bercé par le gospel et le blues dans ma vie intra-utérine, et ma petite vie de bonhomme, ma vie citadine ont pris le chemin... Trains à vapeur, voitures, night-clubs, fumées de cigares, tap danseurs, claquettes d'argent, les tours qui grattent le ciel, les buildings avec bureaux et gouverneurs qui mâchent du chewing-gum au dessus de leurs dossiers. Les problèmes de la vie et la vie qui grouille. Les problèmes de coeur qu'on soit noir ou blanc. Le jazz a toujours quelque chose à dire. Il galope comme un cheval fou sur les sentiers de bitume, de fric et de soufre, rien ne l'arrête : gospel, blues, Old man river, l'esclave se relève, saisit une trompette et hurle sa joie.
Je suis noir et fier d'être né dans ce pays, à ce moment-là.
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