Henri Clerc est un distingué fonctionnaire du ministère des finances, mais durant ses loisirs il est, aussi et surtout, un excellent auteur dramatique.
"L'autoritaire", sa première pièce, refusée en France, remporta un succès formidable en Italie, puis entama un tour du monde qui lui fit traverser, entre autres, l'Espagne, l'Europe Centrale et l'Argentine avant de rencontrer, enfin, un accueil chaleureux à Paris sur la scène de l'Odéon.
En 1924, sur la scène du théâtre des Arts, il nous offre "L'épreuve du bonheur".
C'est une comédie dramatique à caractère social et pourtant très humaine.
Une jeune fille et un jeune garçon sortent tout juste de l'adolescence quand, la première guerre mondiale éclatant, ils en subissent la rude secousse. La réalité s'éloigne, alors, de leurs espérances. La déception engendre la révolte et les dresse contre les préjugés et les conventions de la société de leur époque. Pourtant ils se jettent, avidement, sur le bonheur quand ils croient le voir passer près d'eux...
Cette pièce fut inspirée à
Henri Clerc par Louis Rollin, député de Paris, à qui elle est dédiée.
Mais elle n'est pas une pièce politique et même si l'histoire de cet ancien syndicaliste, installé chez son riche beau-père, y recevant ses anciens camarades, et se trouvant écartelé entre le passé et le présent, est une jolie satire des revendications sociales menées à grand bruit et dans un tapage bruyant. Il est assez délicat d'éclairer le monde bourgeois et le monde syndicaliste à la veille d'en venir aux mains, sans s'exposer à choquer certains ou à en irriter d'autres.
Mais il n'est point nécessaire de demander à un auteur de nous donner plus qu'il n'a voulu nous donner.
Il se place au centre des idées qui s'affrontent et nous offre une magnifique étude de moeurs.
Le premier acte de la pièce a l'ampleur d'un drame social. le deuxième est poignant comme une tragédie. le troisième ressemble à une comédie.
Tandis que le quatrième et dernier acte, rajouté après la répétition générale à Lyon, permet de transformer l'esquisse en un véritable tableau.