C'est pendant sa captivité durant la grande guerre dans les camps allemands que
Paul Demasy conçut et écrivit "Jésus de Nazareth" qui est, chronologiquement, sa troisième pièce jouée sur scène.
L'auteur s'est montré respectueux du domaine de la foi où il pénétrait, rien dans son oeuvre ne saurait scandaliser l'esprit le plus religieux mais il est impossible d'y discerner s'il considère Jésus comme une incarnation de dieu ou comme un simple mortel.
Il y a bien des façons de mettre en scène l'histoire de Jésus.
On peut le faire, tels les mystères du moyen-âge, en reprenant par tableaux successifs différents épisodes de son existence.
Ou à la manière d'
Edmond Rostand dans "la Samaritaine" en choisissant un épisode que l'on assortit d'un développement littéraire.
Paul Demasy a choisi d'articuler ses huit tableaux en un diptyque, aux parties inégales, en deux tragédies juxtaposées dont le Christ n'est le personnage principal d'aucune d'elles.
La première, qui s'étale sur deux tableaux, est dominée par l'histoire de Jean-Baptiste. C'est la tragédie du précurseur. On y voit la foi aux prises avec le doute.
La seconde, qui s'étend sur les six derniers tableaux, est la tragédie de Judas où le doute est aux prises avec le crime.
Jésus, tout en animant l'action de sa présence, demeure constamment comme enveloppé d'un nuage. C'est vers son entourage que se porte l'attention de l'auteur.
En 1924, la pièce fut représenté au théâtre national de l'Odéon, pour l'occasion, le jour du Vendredi saint. le succès était au rendez-vous. le public lui a fait un accueil si chaleureux qu'il a fallu la rejouer en prolongations en "temps profane".
L'intelligence, la sincérité, le talent sont les trois ingrédients de cette belle pièce.