La Vierge de Francfort est un incomparable chef-d'œuvre, l’une des plus belles œuvres de ce quinzième siècle qui fut pourtant fécond en tableaux merveilleux. Si je me laisse aller à ce procédé de critique — périlleux, je ne le conteste point que j’ai recommandé à qui voudrait se rendre compte de la différence fondamentale des sensibilités d un Van Eyck et d’un Roger de le Pasture, si donc, délaissant l’éblouissante virtuosité du métier et tout l'aspect de surface qui apparente cet extraordinaire tableau à la peinture « flamande » primitive, j’essaie d’apercevoir le plus profond, le plus intime, je note que cette œuvre est lourde d’émotion, quelle est d un pathétique exceptionnel, un pathétique sans contorsions ni grimaces, d’une noblesse, d’une dignité, d’une puissance infinies; une grande âme, là, se révèle.
Il y a la série des portraits. Mais ici, il faut multiplier la prudence et les points d'interrogation. Que le Maître ait peint des portraits? C'est certain, pour les donateurs représentés dans ses tableaux ; c'est probable pour d’autres personnages. Mais la difficulté de l’attribution se double de celle de l'identification du modèle.
La détermination de l’auteur d’un portrait est particulièrement ardue. Les plus malins s y perdent Quand il n’y a pas quelque détail significatif pour situer l’oeuvre.
De tous ces Maîtres masqués, le Maître de Flémalle est le plus considérable. Rapproché des Van Eyck et de Roger de la Pasture, dont il fut le contemporain, son génie soutient sans faiblir la comparaison. Enfin, il est du début du XVe siècle, époque particulièrement obscure et intéressante. Voilà de suffisantes raisons, semble-t-il, pour se passionner pour cette haute figure voilée.