Payot - Marque Page - Laurence Madeline - Picasso. 8 femmes
Avec les bords de Seine, les côtes de la Manche constituent un grand pôle géographique de l'impressionnisme. Desservie très tôt par le train, urbanisée par les promoteurs du second Empire, l'embouchure de la Seine devient le rendez-vous des Parisiens pour leurs loisirs.
Les bains se font encore sur prescription médicale, mais déjà la mer n'est plus ce terrain aventureux des pêcheurs et des marins. Les peintres suivent les vacanciers se promenant sur les plages, et également les peintres de la génération précédente, Courbet, Daubigny, Jongkind qui arpentaient la côte, carnet à la main.
En 1874, une république désenchantée et prudence, la troisième, a remplacé l'optimisme criard et aveugle de l'Empire qui a sombré en 1870. On peut penser que l'avènement d'un nouveau régime politique aurait favorisé le libéralisme dans les arts. Il n'en est rien. Profondément choquée par les événements de 1870 et 1871, la société française attend de l'art qu'il remplisse une mission moralisatrice et édificatrice. Il faudra attendre les années 1880 pour que l'Etat desserre sa mainmise sur les arts, sous la pression, entre autres, des artistes indépendants ou réfractaires au Salon.
L'affaire Dreyfus, révélée au grand public en 1898 par le "J'accuse" de Zola, soulève et exacerbe les sentiments nationalistes, revanchards, antisémites qui traversent la société depuis 1871. A la recherche de la justice et de la vérité, la société se divise profondément et durablement sur l'image des valeurs fondatrices de la France. Cette ultime crise du siècle finissant touchera également les impressionnistes, eux aussi divisés en dreyfusards et anti-dreyfusards.
Ainsi ce qui les sépare essentiellement de leurs prédécesseurs, c'est une question de plus ou de moins dans le fini. L'objet de l'art ne change pas, le moyen de traduction seul est modifié, d'autres diraient altéré. Telle est, en soi, la tentative, toute la tentative des impressionnistes.
(extrait d'un article du critique Jules Castagnary dans "Le Siècle" en 1860)
Zola écrit au sujet du jeune peintre (Monet) : "Celui-ci a sucé le lait de notre âge, celui-là a grandi et grandira encore dans l'adoration de ce qui l'entoure.."
Le dessin au pastel, n'est-ce pas la plus jolie chose qu'on puisse imaginer ?
Sa surface ressemble à du velours, la fraîcheur et le modelage obtenus ne se retrouvent dans aucune autre technique.
Paul Helleu ( 1859- 1927 )
Lucien Lévy- Dhurmer, mystères symbolistes.
Toujours en 1896, Lévy-Dhurmer fait un portrait songeur de son nouvel ami, le poète symboliste Georges Rodenbach: au pastel, il immortalise la douceur de son expression, de ses yeux gris- bleu et de sa moustache blonde, avec la ville de Bruges en arrière-plan, en hommage à son roman " Bruges-la-Morte".
(...) Apprécié de Gustave Moreau et d'Émile Bernard, Lévy-Dhurmer devient l'ami du compositeur Debussy, dont les rêveries cristallines l'inspirent.
( p.47)
« Au fond, tout ne tient qu’à soi. C’est un soleil dans le ventre aux mille rayons. Le reste n’est rien. »
L'eau est un nouveau thème exploré par les impressionnistes dont Monet est devenu le maître incontestable
Pour le peintre qui, à l'occasion d'une exposition, voit, comme moi aujourd'hui, revenir quelques-unes de ses toiles de très loin, il semble qu'il s'agit là d'enfants prodiges mais qui retournent à la maison en chemise d'or.