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Rachael Stott (Illustrateur)
EAN : 9781401283469
160 pages
Vertigo (27/11/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
In the far-flung future, the biggest stars don't limit themselves to just one universe. They're famous across countless parallel realities, all interconnected by ever-metastasizing technologies into a dizzying multidimensional maze known as the Trawl.

In this brave new world(s), actors, athletes, and rock stars have all been eclipsed by a different flavor of celebrity: high-tech bounty hunters called Retrievers. These cybernetically enhanced manhunter... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il contient les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, écrits par Simon Spurrier, dessinés et encrés par Rachael Stott (épisodes 1, 3 à 6), Stephen Byrne (épisode 2), Pete Woods (épisode 4 avec Stott). La mise en couleurs a été réalisée par Felipe Sobrero, avec l'aide de Stephen Byrne pour l'épisode 2. Les couvertures ont été réalisées par Eric Canete.

Il y a 30 ans, la petite Tabitha Tubach était à l'école maternelle ou élémentaire en train de subir un cours sur les univers parallèles, et le fait que tout ce qu'il y a pour les gens, c'est d'autres gens. La maîtresse l'interpelle, non pas parce qu'elle n'écoute pas et qu'elle dessine à la place, mais parce que sa mère Selena Tubach (chasseuse de prime surnommée Scarlet Sylph) est venue la chercher. Bubba Tubach (le frère ainé de Tabitha et le fils de Selena) vient d'être enlevé par son père. Sa mère se conduit comme une tragédienne de pacotille, utilisant un langage de charretier, simulant la peine d'avoir été trahie, et le plaisir de se lancer à la poursuite de son compagnon ce qui génèrera d'excellents scores d'audience car elle est suivie en permanence par des caméras, pour sa propre émission de télévision à son nom. Dans son coin, Tabitha regarde sa mère se donner en spectacle. À la question de la maîtresse, elle répond que son frère Bubba lui manque.

30 ans plus tard, sur une autre Terre (appelée corde 4333981), Tabitha Tubach est devenue une chasseuse de primes, disposant d'une licence officielle délivrée par le Chalut (Trawl). Elle est à la poursuite de Borad Klansis, un fugitif de la corde 743244, recherché pour interrogatoire. Il s'enfuit sous ses yeux dans la corde 4333984, où elle le poursuit, puis dans la corde 4333987 où elle le rattrape, puis dans la corde 4333990, puis dans la corde 4333993 où elle finit par l'arrêter. Il reconnaît en elle la fille de Selena Tubach qui l'avait déjà arrêté quand elle était Scarlet Sylph. Elle l'avait fortement marqué car elle avait utilisé la technique du clouage pour le déstabiliser : lui montrer sa poitrine dénudée. Tabitha Tubach neutralise le criminel de manière plus classique plus brutale et le ramène à l'agence du Chalut sur la corde 0 pour toucher sa récompense. Jed (le responsable à l'agence du Chalut) lui indique que Borad Klansis est porteur d'une information sur un criminel dont la tête est mise à prix à 12 millions. Il s'agit de Bubba Tubach. Oona, une autre chasseuse de prime, prend bonne note de l'information. Pour retrouver son frère, Tabitha Tubach sait qu'elle n'a d'autre choix que de demander l'aide de sa mère, avec qui elle est en froid depuis au moins 20 ans.

Depuis le milieu des années 2010 (avec l'arrêt de la série Fables de Bill Willingham), l'éditeur Vertigo (la banche adulte de DC Comics) publie surtout des miniséries, à raison de 3 ou 4 par an, dans l'indifférence générale. Pourtant, il en est sortie d'excellentes comme Deathbed de Riley Rossmo & Joshua Williamson. le lecteur ne sait donc pas s'il tombera sur une pépite ou sur une histoire bien exécutée mais trop classique. Il commence par découvrir les éléments de science-fiction mis en place par le scénariste : des dimensions parallèles, la possibilité de se déplacer d'une Terre à une autre, l'utilisation du terme corde qui renvoie à la théorie des cordes, un futur éloigné sans précision de date, des armes futuristes, une technologie extraordinaire, des habitats inventifs que ce soit pour les constructions ou pour les environnements déviants des Terre parallèles. Rachael Stott, Pete Woods et Stephen Byrne s'amusent bien à créer de belles arches en pierre dans la corde 43333981, les beaux espaces verts de la maison de retraite avec un cimetière en face dans la corde 0, le monde de grottes et de bassins d'eau dans la corde 38221001, l'intérieur du manoir de Selena Tubach, la grande salle de convention de célébrités dans la corde 72299100, les villes gigantesques sur le dos de crabes démesurés dans une corde non répertoriée. Sous réserve qu'il sorte un instant du récit, il peut se rendre compte que l'épisode 2 est un peu moins inventif en la matière. Stott et Woods s'amusent tout autant avec les tenues des personnages, tout en leur conservant un aspect fonctionnel. À ce titre, la tenue de chasseuse de primes de Tabitha Tubach présente des particularités très opérationnelles.

Dans ces environnements foisonnants, Simon Spurrier installe une dynamique narrative efficace : une chasse à l'homme. Tabitha Tubach et sa mère doivent trouver des indices pour savoir où se planque Bubba Tubach, criminel notoire. L'intrigue s'avère plus fournie car Bubba est à la tête d'un groupe de cambrioleurs appelé Scab Pickers. Une autre organisation criminelle est impliquée pour retrouver Bubba : le Braintrust, spécialisé dans le trafic de haute technologie. le lecteur se retrouve vite embarqué dans cette traque, regardant comment la fille et la mère surmontent un obstacle après l'autre pour progresser dans leur enquête. le scénariste sait faire ressortir leur personnalité : le mode de pensée très pragmatique et un peu désabusé de Tabitha, la personnalité plus exubérante et même très extravertie de sa mère Selena. Il oppose donc leurs méthodes, mais ne s'arrête pas là. Il explore aussi leur histoire personnelle, et l'histoire de leur relation, qui nourrissent la dynamique de leur interaction. du coup, Tabitha et Selena Tubach sont à l'opposé d'héroïnes d'action génériques et interchangeables. Elles se conduisent en fonction de leur caractère et de leur parcours de vie. L'enjeu de cette mission prend un caractère personnel (les meilleures aventures comme le dit cyniquement Selena), et devient une étude de caractère, ainsi qu'un regard sur une famille dysfonctionnelle. le lecteur ne peut que prendre fait et cause pour Tabitha à l'enfance pitoyable, au professionnalisme remarquable. Il sourit bien volontiers à chacune des réparties de Selena Tubach qui fait sa diva, qui utilise un vocabulaire fleuri, et qui ramène systématiquement tout à elle dans une démonstration d'égocentrisme exemplaire.

Simon Spurrier met en scène avec une rare sensibilité la façon dont le passif affectif influe sur les relations. Au fur et à mesure des séquences, le lecteur peut voir comment Tabitha Tubach a développé des stratégies mentales pour se protéger de des caractéristiques comportementales toxiques de sa mère. Elle s'en est éloignée parce que sa mère vampirise tous les individus autour d'elle, comme s'ils n'étaient que de mauvais seconds rôles et des figurants pas toujours compétents dans le spectacle qu'est sa vie, dans une réalité qui ne tourne qu'autour d'elle. L'égocentrisme démesuré de sa mère l'a contrainte à devenir indépendante plus rapidement. Pour autant, Tabitha n'a pas pu faire le deuil de sa relation avec sa mère, n'a pas pu accepter l'absence d'amour maternel. Elle a également envié son frère qui avait pu s'y soustraire et vivre une vie plus exotique avec leur père. Au fur et à mesure, le drame de la vie de Tabitha apparaît encore plus cruel, car elle n'a pas perdu espoir que sa mère finisse par la remarquer, par lui porter l'attention qui lui a fait défaut tout au long de son enfance, de son adolescence, de sa vie d'adulte.

Face à Tabitha Tubach, Simon Spurrier brosse donc le portrait d'une femme qui est un monstre d'égocentrisme. le lecteur se prend d'affection pour son bagout, sa façon de remettre les autres à leur place, et son sens du spectacle. Il se félicite de ne pas avoir à vivre à ses côtés, ou pire à avoir à la supporter comme membre de la famille. Mais il est aussi le témoin de sa déchéance, car sa célébrité a diminué avec l'élargissement de son secteur d'activité et sa banalisation. Au travers des souvenirs de sa fille, il peut voir la pression qui pèse sur Selena Tubach pour maintenir son train de vie, sans pouvoir enrayer l'érosion inéluctable de son audience, devenant petit à petit une relique du passé, passée de mode, dont le quart d'heure de gloire n'est plus qu'une notule en bas de page pour les plus anciens spectateurs. le comportement de cette femme âgé envers sa fille montre aussi que Selena (la mère donc) n'a jamais réussi à faire le deuil de son mode de vie passé, n'a jamais réussi à passer à autre chose, s'aidant de l'alcool pour rester dans le déni, affichant un mépris pour tous ceux qui l'entourent pour les dévaluer, s'avilissant toujours un peu plus dans ce processus. Malgré ses rodomontades et son assurance, elle apparaît fragile et meurtrie par la vie, plus abîmée par sa gloire passée et les sacrifices que ça lui a coûtés, qu'épanouie et heureuse.

Le duo mal assortie fille & mère fonctionne d'autant mieux qu'elles sont contraintes de collaborer, sans que cela ne génère de respect mutuel, l'acrimonie restant plus forte que tout. Cela n'empêche pas que Tabitha essaye de percer l'abcès, de vider son sac en disant à sa mère ce qu'elle a sur le coeur, mais cette dernière reste toujours aussi égocentrée, psychologiquement incapable d'entendre ce que dit sa fille, d'envisager son point de vue. Toutefois la souffrance émotionnelle ne plombe pas la narration, car ces 2 femmes ont du caractère, l'intrigue recèle de nombreuses surprises et les dessinateurs représentent ces aventures de manière figurative. Ils leur donnent une dimension concrète rendant la lecture spectaculaire, avec une bonne capacité à montrer les nuances des expressions sur les visages. Ils sont en phase avec l'humour pince-sans-rire de Simon Spurrier, jusque dans la représentation du clouage, technique perfectionnée par Modesty Blaise, personnage créé par Peter O'Donnell & Jim Holdaway en 1963.

Le lecteur se plonge dans ce tome, plus pour le nom de Simon Spurrier que pour l'éditeur Vertigo. Il découvre une aventure de science-fiction avec un duo mal assorti passant d'une dimension à une autre pour exercer leur métier de chasseuse de primes, avec des dessins descriptifs inventifs et fournis donnant à voir ces environnements variés. À l'opposé d'un récit d'aventures avec héros générique, il côtoie deux femmes liées par la parenté, ayant su surmonter la rancoeur de cette relation, mais pas les espoirs associés.
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