Citations sur Le dernier apprenti sorcier, tome 1 : Les rivières de L.. (85)
Le métro est un bon endroit pour avoir ce genre de révélation conceptuelle, parce que à moins d'avoir de la lecture, il n'y vraiment rien d'autre à foutre.
Nightingale pilotait une Jag, une authentique Mark 2, moteur XK6 3.8 litres. Mon père aurait vendu sa trompette pour pouvoir posséder une voiture comme celle-ci - et dans les années 1960, ça voulait dire quelque chose. Elle n'était pas en parfait état : la carrosserie avait quelques bosses et une vilaine éraflure défigurait la portière coté conducteur ; le cuir des sièges commençait à se crevasser. Mais quand Nightingale tourna la clé de contact et que le six cylindres se mit à gronder, plus aucun doute n'était possible : la perfection était de ce monde.
Dans son rapport, TW-3 affirma avoir vu un groupe d'IC1 de sexe masculin, vêtus de jeans et de grosses vestes, se battre avec un nombre indéterminé d'IC3 de sexe féminin sur Riverside Road. IC1 est le code d'identification pour les individus de race blanche ; IC3, c'est pour les Noirs et, au cas où vous vous poseriez la question, je me situe quelque part entre IC3 et IC6 – Arabe ou Nord-Africains. Ça dépend si j'ai récemment pris le soleil ou pas.
J'avais envie de la regarder plier ses longues jambes sous le tableau de bord, mais je me dis qu'il faisait déjà bien assez chaud comme ça. Un jour, mon père m'a confié que le secret d'une vie heureuse était de ne jamais commencer quelque chose avec une fille si on n'était pas prêt à aller jusqu'au bout. C'est le meilleur conseil qu'il m'ait jamais donné, et probablement la raison de ma naissance.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la plupart des gens ne cherchent pas réellement la bagarre, en particulier lorsque règne un équilibre entre les forces en présence. Une foule en colère mettra en pièces un individu isolé, et un homme armé d'un pistolet et d'une noble cause se fera un plaisir de tuer un maximum de femmes et d'enfants. Mais prendre le risque d'un combat à la loyale ? Pas si facile. Il n'y a qu'à observer ces ados furax quand ils se livrent à leur petit manège : « Retenez-moi ou je fais un malheur ! » disent-ils, tout en espérant farouchement que quelqu'un sera là pour leur obéir. Tout le monde est bien content de voir la police arriver, parce qu'on leur sauve la mise, que ça nous plaise ou non.
Nous passâmes donc le reste de la journée à faire de faux témoignages dans des salles d'interrogatoires séparées, prenant soin de saupoudrer nos versions largement concordantes de petites divergences – par souci d'authenticité. Personne ne sait falsifier une déposition comme un policier.
Parce que les médias leur ont bourré le crâne, les gens se trimbalent toutes sortes de clichés sur les femmes noires : soit elles sont impertinentes et exubérantes, parlent fort et secouent beaucoup la tête ; soit elles font preuve de dignité dans l'adversité, persévérant envers et contre tout. Mais si jamais vous voyez une femme noire se statufier comme Tyburn l'avait fait à l'instant, les yeux brillants, les lèvres serrées et la face aussi immobile qu'un masque mortuaire, vous savez que vous vous êtes fait une ennemie pour la vie : ne passez pas par la case départ, ne touchez pas deux cent livres.
Les mots SCIENTIA POTESTAS EST étaient gravés au-dessus du linteau.
« La science pointe vers l'est »? « La science est prodigieuse »? « La science proteste un peu trop fort »? « La science des patates est la plus puissante »? Étais-je tombé sur un repaire de savants fous se livrant à de dangereuses manipulations génétiques sur les plantes ?
C'est ce qu'a pensé ta mère quand je lui en ai parlé. D'après elle, tout se paie, et il n'y a que les imbéciles pour croire le contraire.
« Je vous pose la question : qui sont les vrais opprimés ? (…) Ceux qui ne demandent que ce qui leur revient de droit, ou ceux qui exigent de bénéficier de tout – sécurité sociale, allocation logement, pension d'invalidité – et ne paient pour rien ? »