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Critique de florigny


13 ans, 1 mètre 47, une poignée de kilos, croissance stoppée, développement physique en berne ; un corps aérodynamique dur, tendu et aérien comme un missile ; une machine de guerre, dont le calme, la force et la concentration sont surnaturels, mais dont l'aspect fané fait d'elle la fille de 13 ans la plus vieille du monde, une sorte de nonagénaire adolescente aux articulations déformées, aux cicatrices nombreuses en raison de fractures multiples. Il s'agit de Devon, gymnaste prodige, dont les parents sont tellement fiers qu'ils ont consenti tous les sacrifices familiaux, professionnels, financiers lorsque les mots « équipe olympique » - qui ressemblent à une incantation, à de la magie - ont été prononcés par le coach de la surdouée sportive.


Dès lors, toute la famille se surinvestit pour assurer la réussite de la future championne. Seul Drew, le petit frère, paraît hors du coup, négligé. Son élevage d'artémies pour un concours scolaire n'intéresse personne, et de surcroît, il attrape la scarlatine qui risque de contaminer l'idole surnommée l'élastique humain, supergirl, superstar des agrès. Mais voilà, aucun avenir n'est gravé dans le marbre et un drame mortel remet en cause tout ce bel ordonnancement, jusqu'à l'épilogue cohérent mais dérangeant, glaçant.


Une fois encore, Megan Abbott intervient dans le domaine sportif comme dans Vilaines filles ou La fin de l'innocence, choisissant des héroïnes au coeur de l'adolescence, période vulnérable et floue, propice au meilleur comme au pire. Avec virtuosité, elle décrit dans le moindre détail le désastre que représente le sport de haut niveau lorsqu'il absorbe une famille complète et au-delà une communauté. L'auteure réalise un beau réquisitoire assorti d'un suspens exceptionnel ; les personnages sont plus vrais que nature. Les citations de Nadia Comaneci, tirées de Lettres à une jeune gymnaste, précédant les 2ème et 4ème parties du roman ne sont évidemment pas dues au hasard.
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