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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lady Chatterley a réellement existé. Ou plutôt la femme qui a inspiré ce personnage à D.H.Lawrence. Elle s'appelait Frieda von Richthofen, Allemande née baronne. C'était sa muse, celle qui lui a inspiré quasi tous les personnages féminins de ses romans. Celle qu'il a épousé en 1914 et qui vécu à ses côtés jusqu'à sa mort en 1930.

Cette biographie romancée commence en 1907 par la visite très cruelle de la soeur de Frieda qui déplore le « mauvais » mariage de sa soeur avec un philologue anglais sans gros revenu, qui exhibe ses bijoux et lui balance à la figure sa vie joyeuse et sans entrave à Munich, l'exhortant à se retrouver avant de se perdre. On découvre une Frieda engluée dans un mariage qui ne lui convient avec un mari austère et pudibond, enfermée dans la maternité, alors qu'on sent que cela bouillonne en elle, qu'elle a un feu sacré au fond d'elle qui ne peut s'exprimer.

Annabel Abbs est très forte pour susciter une empathie immédiate pour cette Frieda poussée à la marge de sa vie dans une tristesse muette. Comme dans L'Amant de Lady Chatterley, l'amour et le liberté ne font qu'un avec l'expérience de la transformation. C'est à Munich, auprès de ses soeurs que la métamorphose de Frieda s'opère vers un complet épanouissement sexuel, intellectuel et créatif. le contexte historique est très bien rendu. Munich était une ville d'avant-garde, attirant écrivains, artistes, libres-penseurs, bohèmes. C'est là qu'elle est « initiée » par le psychanalyste Otto Gross à la sexualité désinhibée, c'est là qu'elle découvre qui elle est. Lorsqu'elle rencontre le poète D.H Lawrence quelques années plus tard, elle est prête à choisir sa vie.

En fait, tout le récit s'articule autour de la question du sort de la muse dans l'ombre de la gloire littéraire. Frieda fait le choix de soutenir entièrement Lawrence, présenté comme despotique et capricieux, voulant Frieda rien que pour lui car il sent que sans elle, il ne pourra mener à bien sa volonté de marquer la littérature de son empreinte. Frieda paie un prix déchirant pour sa liberté, celui de renoncer à toute prétention légale sur ses trois enfants.

Annabel Abbs a un vrai talent pour dresser, à côté du portrait tout en sensibilité de Frieda, le tableau sombre de la condition féminine au début du XXème siècle, tout en évoquant le point de vue des enfants grâce à la narration très touchante de Monty, fils aîné de Frieda que l'on voit grandir en s'interrogeant sur sa mère et en souffrant de son absence. L'auteure sait également très bien peindre les hommes qui gravitent autour de Frieda. le personnage du mari m'a particulièrement touché, étonnamment, figure d'abord terne et agaçante tant il ne comprend rien à la puissance de sa femme, puis vacille au bord de la folie lorsqu'elle le quitte. Un mari, en fait, complètement inhibé, victime de la pudibonderie de l'époque, ne supportant pas que ses enfants marchent pieds nus dans l'herbe, choqué lors de sa nuit de noce par la sensualité débordante de son épouse si fougueuse.

Une excellente lecture dévorée en quelques jours, qui m'a permis de découvrir un personnage passionnant, scandaleusement en décalage avec son temps, sans pour autant être dans le moule du féminisme actuel #MeToo, entièrement elle en tout cas. Comme un envie de relire L'Amant de Lady Chatterley ...
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Von Richtofen ? Weekley ? Chatterley ? Qu'importe le nom, puisque toutes sont Frieda, jeune baronne allemande du début du siècle dernier à la vie épique, qui inspira le grand D.H. Lawrence pour son best-seller sulfureux (mais si : L'amant de Lady Chatterley !). Et cette biographie romancée de Annabel Abbs – traduite par Anne-Carole Grillot - est loin d'être dénuée d'intérêt, tant la part de recherches historiques y apporte du contenu, transformant ce qui n'eut pu être qu'une simple bluette en un pageturner historique parfaitement sourcé.

Côté coeur, la Frieda fait du bovarisme à Nottingham, depuis le jour où elle quitta, sans dot, les bords de la Moselle pour se marier avec Ernest, lettré quasi-ermite ne rêvant que d'une chaire à Cambridge et perpétuellement reclus dans son bureau à terminer son anthologie de l'étymologie. Plusieurs devoirs conjugaux annuels plus tard, la voilà mère de trois beaux enfants qui deviennent le centre de sa vie. Jusqu'à…

Jusqu'à ce que sur l'insistance de sa soeur, un bref retour au pays loin de la prude Albion ne la mette au contact de la vraie vie et de ce nouveau monde qu'elle découvre comme une révélation : libertarisme des idées, débuts de la psychanalyse, émancipation féminine et libertinage sexuel. Pleinement incarnés par Lawrence, ancien élève de son mari, ces principes ne demandent qu'à être vécus et Frieda va quitter Ernest – et ses enfants - pour le jeune écrivain, devenant sa muse et inspirant ses futurs livres.

Côté esprit, Annabel Abbs nous immerge totalement dans cette révolution des moeurs et des sociétés du début du siècle dernier, où dans les cafés enfumés les conventions s'aplanissent, les esprits se libèrent et les idées circulent et se challengent. À travers Frieda, les femmes ne sont pas en reste et prennent toute leur part à ce nouvel ordre qui se dessine, payant au passage un lourd tribut à cette liberté soudaine par la perte de leurs droits sur leurs enfants éloignés. Si le corps de Frieda exulte et que son esprit exalte, son coeur de mère saigne…

Une lecture parenthèse, instructive, rafraîchissante et bienvenue entre deux nouveautés de cette rentrée littéraire.
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J'attendais beaucoup de ce roman lorsque je l'ai sélectionné dans le cadre de la Masse Critique de Babelio. J'en attendais tellement que je crains de me retrouver dans une situation complexe oscillant entre le coup de coeur et la déception. Cela peut paraître étrange, j'en conviens.
Le personnage de Frieda me fait beaucoup penser à Emma Bovary : affublée d'un mari qu'elle ne supporte plus, dévastée par l'absence de passion, négligée par les hommes qui l'entourent, désireuse de briser son quotidien morne et grisâtre, etc.
De fille, Frieda est devenue épouse puis mère. Elle répond, depuis toujours, aux attentes de ceux dont elle dépend. Enclavée par tous ceux qui pensent pouvoir décider pour elle de ce qui lui convient le mieux, elle se retrouve systématiquement enfermée. La cage dorée et la serrure changent, la captive reste la même.
C'est dans son rôle de mère que Frieda trouve la force de continuer. Ses enfants sont sa raison d'être, et tout particulièrement Monty, son fils.
Mais, pour pouvoir reprendre les rênes de sa vie, elle va sacrifier grand nombre de choses. Frieda veut exister sexuellement et intellectuellement.
Les hommes qu'elle rencontre sont visiblement épris de sa beauté, de ce qu'elle représente pour eux mais, finalement, bien peu de ce qu'elle est intrinsèquement.
Elle est toujours indispensable pour eux : réaliser une utopie, un roman, etc.
Frieda se perd, elle souffre terriblement et j'ai eu beaucoup de peine pour elle. Elle n'aspire à rien d'autre qu'à exister librement et chaque choix qu'elle fait, chaque décision qu'elle prend, l'enferme et la condamne davantage aux yeux de ses parents et ses soeurs, de son mari et sa belle famille, de ses enfants même.
Voila un très beau roman qui laisse un goût amer.
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"L'Amant de Lady Chatterley" m'avait transportée. le récit de la vie de celle qui inspira le très beau personnage de Constance me laisse avec un gout amer.

Avec "Frieda", Annabel Abbs a entrepris de rédiger la biographie romancée de Frieda von Richthofen qui fût la maîtresse puis l'épouse et enfin l'égérie de l'immense D.H. Lawrence, auteur ô combien scandaleux s'il en fut au début du XX°siècle.
Je me méfie toujours des intitulés de type "romans biographiques", craignant d'y trouver trop de romanesque au détriment de l'exactitude et de la précision biographiques où au contraire une succession un peu sèche de faits et de dates qui me feraient préférer une biographie en bonne et due forme. Avec "Frieda", l'auteur fait de la très belle ouvrage et nous offre un livre parfaitement dosé, très complet et bien écrit, par dessus le marché.
La rigueur historique est de mise et on sent tout le travail de recherches et d'analyse réalisé en amont de l'écriture: l'oeuvre est sérieuse. Pour autant, donc, elle est aussi très bien rédigée, fluide et se dévore. Enfin, les quelques notes historiques ajoutés après l'épilogue apportent au tout un éclairage supplémentaire et expliquent certains choix narratifs. Parfait!
L'histoire de Frieda peut ainsi se dérouler sous nos yeux. On sent qu'Annabel Abbs s'est profondément attachée à son personnage dont elle fait une héroïne lumineuse, attachante, complexe. Déchirante aussi parfois. Souvent. Elle dissèque et explore ses sentiments et ses ambiguïtés avec beaucoup de clairvoyance et d'humanité. Avec le destin de Frieda, elle livre aussi aussi un plaidoyer aussi magnifique qu'actuel sur la condition féminine et la difficulté pour une femme d'assumer ses désirs et les affres de l'amour et de la maternité tout en se détachant du poids des conventions sociales.
Frieda est une jeune fille issue de l'aristocratie allemande qu'elle a choqué en épousant un homme bien en dessous de sa condition. Ernest est anglais, enseignant sans fortune qui s'escrime à rédiger un ouvrage d'étymologie. de ce mariage d'amour sont nés trois enfants que Frieda aime profondément. Les années passent cependant et la jeune femme s'ennuie: son époux ne la touche plus et la regarde à peine, pas plus qu'il n'accorde de l'importance à ses opinions. Pendant ce temps, à Munich un vent d'émancipation souffle, libérant les instincts et la sexualité. Quand Frieda retourne dans son pays natal visiter ses soeurs, elle épouse ces idées nouvelles et entame une liaison avec un disciple de Freud, Otto Gross qui, non content de l'initier à la théorie de la révolution sexuelle, lui enseigne aussi la pratique. Frieda prend conscience de son corps, de ses désirs, de son besoin de les assouvir en même temps que de celui d'être enfin elle-même, ce que ne lui autorisent ni la très prude Angleterre ni son très puritain époux qui la surnomme affectueusement son "perce-neige". Sa fougueuse liaison avec Otto sera pour Frieda un élément fondateur de sa nouvelle vie et elle ne reviendra pas en arrière. Elle veut être elle, libre et libre de son plaisir. Lorsqu'elle rencontrera quelques années plus tard D.H. Lawrence, un ancien étudiant de son époux, plus jeune qu'elle et pas encore l'auteur génial qu'il sera, elle n'écoutera dès lors que son désir et finira par quitter son mari et ses enfants.
Ce sera pour elle le point de départ d'une vie nouvelle aux côtés de celui qu'elle n'aura cesse d'inspirer et qui l'aimera avec autant de passion que de violence.
On touche avec cette relation à ce qui fait l'amertume du livre: certes, Frieda s'est libérée sexuellement, des chaînes d'un mariage raté et de la rigidité de son monde étriqué mais en suivant Lawrence, j'ai eu l'impression douloureuse qu'elle délaissait une prison pour une autre. Elle fait certes le choix de la passion et de l'exultation des corps mais à quel prix? Lawrence lui fait autant de bien que de mal. Oui, elle est sa muse, sa compagne et il lui dédiera des pages splendides, il l'invitera à collaborer à ses textes mais il est aussi violent, possessif, égoïste, capricieux et ne recule devant rien pour obtenir ce qu'il veut. Frieda se voulait libre: elle est contrainte par son amant à un mariage qu'elle rejetait. Elle était une mère et il ne comprendra jamais sa douleur d'avoir perdu ses enfants. Il y a quelque chose de la descente aux enfers dans la vie de cette femme qui voulait tout et surtout être elle-même, mais qui a fini par se perdre aussi auprès de l'écrivain qui devait la libérer.
Plus qu'un roman sur la libération sexuelle comme le laisse entendre la quatrième de couverture, Frieda est le récit de l'impossibilité pour une femme au début du XX°siècle d'être une mère et une amante, le récit des turpitudes d'une égérie sacrifiée sur l'autel de la création artistique qui n'aura pas pleinement réussi à recoller tous les morceaux d'elle-même pour être enfin en paix, malgré son audace incroyable, sa modernité étincelante et son appétit de vivre foudroyant. le récit enfin, d'une impossible émancipation dans une société faite par et pour des hommes.
J'ai profondément apprécié ce livre pour ce qu'il raconte, pour Frieda, pour la multiplicité des points de vue qu'il met en place, pour la peinture riche et complète du contexte. Pour ses personnages enfin: Frieda bien sûr déchirante et flamboyante, mais aussi ses enfants qui m'ont touchée, pour son époux que je ne suis pas parvenue à détester complètement. Pour moi, il est -comme sa femme- une victime de son époque et les pages relatant sa souffrance sont déchirantes. Quant à D.H. Lawrence -Lorenzo-, je l'ai détesté.
Il est de ces artistes qui remettent au coeur du débat l'éternelle question de la séparation de l'homme et de l'oeuvre... Je crois que je n'arrêterais pas d'aimer les livres de Lawrence, mais les lirais-je toujours avec le même plaisir maintenant que je sais...? En ferais-je totalement abstraction?
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La biographie romancée, quand c'est bien fait, c'est un vrai plaisir. Et j'ai beaucoup aimé ces heures passées en compagnie de Frieda, née von Richthofen, morte Ravagali et qui aura aussi porté les noms de Weekley et de Lawrence. D.H. Lawrence, oui. L'écrivain et poète anglais dont elle fut la muse et bien plus que ça. Une sacrée femme, cette Frieda dont Annabel Abbs livre un portrait charnel, sensuel et libre. S'inspirant bien entendu de faits réels, la forme romancée lui offre l'opportunité de laisser parler son instinct, la façon dont elle perçoit Frieda d'après ce qu'elle a pu lire et recueillir sur cette femme qui a déjà tous les attributs d'une héroïne de roman, et bien sûr son admiration que l'on sent affleurer à chaque étape de la narration. S'engouffrer dans les pas de Frieda, c'est sentir souffler très fort le vent de la liberté...

Frieda est donc née von Richthofen, troisième fille d'un baron un peu trop joueur, sorte de vilain petit canard et garçon manqué sur les bords. Lorsque Ernest Weekley, professeur à Nottingham lui demande de l'épouser, sa vision romantique d'une éventuelle complicité intellectuelle et son envie "d'autre chose" brouillent certainement son jugement, tout comme ce fut le cas pour la Dorothea de Middlemarch vis à vis de M. Casaubon. Bref, la voici bientôt mère de trois jeunes enfants, installée dans une vie austère, toutes flammes éteintes. Sa soeur aînée l'ayant convaincue de venir lui rendre visite à Munich, Frieda va découvrir des façons de vivre totalement différentes auprès de chantres de la liberté de moeurs qu'elle ne tardera plus à expérimenter elle-même. Ce séjour sera fondateur pour cette femme qui n'aura de cesse de creuser ce sillon pour conquérir plus avant cette liberté qui passe par le plaisir intellectuel autant que charnel. Nous sommes en 1907 et l'on imagine bien ce que cela implique pour une femme, particulièrement dans la pudibonde Angleterre, bien éloignée de l'avant-gardisme munichois. Lorsqu'elle rencontre D.H. Lawrence en 1912, il est un étudiant de son mari. Leur liaison, puis leur fuite feront scandale, couteront très cher à Frieda mais les années qu'ils passeront ensemble influenceront toute l'oeuvre de Lawrence, pas seulement L'amant de Lady Chatterley.

Et c'est ce que l'auteure met formidablement en scène, composant des tableaux de toute beauté, imprégnés d'une relation charnelle à la nature. Où l'on apprend d'ailleurs que la forêt de Sherwood pouvait abriter bien d'autres ébats que les entraînements au tir à l'arc des compagnons de Robin des bois. Sans nier la difficulté du parcours, depuis l'intransigeance du mari jusqu'à la relation parfois violente et excessive avec Lawrence, Annabel Abbs prend le parti de Frieda et de sa volonté farouche d'être en accord avec elle-même. Documenté et passionné, ce portrait d'une femme hors norme est aussi agréable à lire qu'instructif. Il donne très envie de se trouver une petite clairière dans les bois, à l'abri des regards pour aller se rouler un peu dans la végétation, si possible bien accompagné...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Il s'agit de la biographie romancée de la femme qui a inspirée D.H. Lawrence pour L'Amant de Lady Chatterley (et beaucoup d'autres de ses livres). le mot-clé ici, c'est « romancée » (pas dans le sens « romance », dans le sens « roman »). ça rend la lecture beaucoup plus digeste que la plupart des biographies, parce que l'autrice ne s'attarde pas sur les périodes où il ne se passait pas grand chose dans la vie des personnages, par ex. Et il y a évidemment beaucoup de dialogues.

Pour moi le point négatif, c'est que l'autrice dit avoir pris pas mal de libertés avec la réalité pour que son roman soit plus intéressant. Mais elle ne laisse pas ses lecteurs faire des suppositions et explique pourquoi elle l'a fait et quels sont les évènements qu'elle a modifiés dans la postface. On trouve également une description des personnes citées dans le livre et quelques repères chronologiques en fin d'ouvrage.

L'histoire est racontée du point de vue de plusieurs personnages, même si on suit essentiellement Frieda, ce qui permet non seulement de savoir ce qui se passe à différents endroits en même temps, mais aussi et surtout de comprendre les sentiments d'autres protagonistes en plus de ceux de l'héroïne.

Les chapitres sont courts, le style est agréable et fluide, les pages se tournent facilement. On est assez rapidement immergé-e-s dans l'histoire et il est facile, en tant que femme du 21e siècle, de ressentir de l'empathie envers Frieda, opprimée par la société de son époque, même si on ne comprend pas toujours certains de ses choix.

Il m'a manqué quelques repères temporels pour être totalement satisfaite de ma lecture: l'autrice prend soin de préciser la date au début de chaque partie et on a quelques références faites aux vêtements portés par les personnages. Mais en dehors de ça, on reste dans le flou pour ce qui est du contexte politique, social ou artistique, par exemple. J'en aurais voulu un peu plus sur cet aspect.

Une bonne lecture, qui dessine un portrait de femme très intéressant et touchant.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Ce titre, ou plutôt le résumé de ce livre, m'a intriguée depuis que je l'ai vu passer. J'ai fini par me lancer et je ne suis pas déçue de ma lecture.
Dans ce roman, Annabel Abbs s'ingénie à retracer la vie de Frieda von Richthofen, la femme qui inspira la célèbre Lady Chatterley.
Frieda semble toujours avoir été rebelle à la société dans laquelle elle vivait. Après avoir renié son titre de baronne allemande pour épouser un enseignant anglais, elle végète dans sa vie de mère auprès d'un époux trop puritain et respectueux des convenances.
Lors d'une visite à sa soeur, elle découvrira le mouvement anarchiste, la psychanalyse, l'érotisme, la sensualité et l'amour libre. Ne se satisfaisant plus de sa vie, elle cherchera à s'en évader jusqu'à sa rencontre avec un étudiant de son mari D.H. Lawrence. Séduit par son esprit libre, celui-ci deviendra son amant et en fera sa muse. D'une relation d'initiation, il fera une passion dévorante, exclusive et même toxique et violente qu'elle acceptera comme nécessaire à l'épanouissement de son génie.
Autant j'ai aimé l'évolution de Frieda et l'utilisation de fragments de correspondance pour appuyer la construction du roman, autant le personnage de D.H. Lawrence est devenu de plus en plus antipathique, d'amoureux transi à despote pas vraiment éclairé. J'ai beaucoup aimé cette lecture qui apporte un éclairage intéressant sur la vie et l'oeuvre de l'écrivain.
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Dans les années 1900, Frieda, fille de baron allemand, s'est mariée en dessous de sa classe avec un petit intellectuel anglais. Elle part en Angleterre vivre avec lui et très vite la vie lui devient ennuyeuse, son mari montre peu de passion et échange peu avec elle, elle a du mal à se faire des amies, seuls ses 3 enfants lui permettent de trouver la joie.
Un séjour chez une de ses soeurs à Munich va tout changer, elle rencontre Otto Gross, un disciple de Freud, qui lui apprend à ne pas refouler ses désirs et à être la femme du futur en s'écoutant elle et non ce que la société lui impose. A son retour en Angleterre, il est très difficile pour elle de retrouver la pauvreté de sa vie...
Elle tombe alors dans les bras d'un jeune amant, DH Lawrence, un jeune écrivain et ancien élève de son mari, et va alors, sans réellement le choisir, tout quitter pour lui. Commence alors pour elle un exil pour l'Europe, déchirée entre son amant et la séparation avec ses enfants....
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a permis de découvrir le personnage fort de Frieda, qui fit des choix difficiles sans jamais pour autant renier son passé. Son désir d'être une femme libre ne veut pas dire pour autant oublier sa maternité...Vraiment une belle découverte !
Merci à Babelio et Pocket pour cette belle lecture !!
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Frieda von Richtthofen, baronne allemande, vivant à Nottingham avec son mari et se enfants ne savaient pas qu'elle était malheureuse jusqu'à la visite de sa soeur chez elle. Cette dernière lui renvoie sans ambages sa piètre condition et son manque d'ouverture au monde en tant que femme mariée. Ce qu'il lui faut selon elle : un amant et un bouillon de culture.
Alors Frieda s'interroge. Est-elle heureuse avec Ernest ? Est-elle épanouie dans sa vie de tous les jours ? Est-ce conforme à ce qu'elle avait souhaité ? Il est certain qu'une escapade à Munich effacera ses doutes et la ramènera auprès des siens ! Mais voilà, on n'échappe pas si facilement à sa nature profonde. Une fois arrivée auprès de ses soeurs, Frieda va découvrir une vie qui lui correspond et à laquelle elle a renoncé. Si le meilleur moyen de résister à la tentation est d'y céder, cet adage va entraîner Frieda loin de ses repères et bouleverser sa vie à jamais. Dans les bras d'Otto, elle va découvrir la liberté. Celle du corps et de l'esprit. Et encore empreinte d'une foi en son mariage, elle va essayer d'ouvrir les yeux à son mari. Malgré ses tentatives de rapprochement, Ernest reste obstinément l'homme qu'il est. Pétri de conventions, adepte de la bienséance, ce dernier ne voit pas que sa femme lui échappe. Et c'est lors d'un déjeuner avec le jeune écrivain D. H Lawrence que tout bascule définitivement.
Frieda initie le jeune homme aux jeux de l'amour et de l'érotisme. Ce dernier embrasse la fibre révolutionnaire de son amante avec la ferveur de son génie. S'ensuit alors une histoire d'amour, étroitement liée à la création, qui fera tout perdre à Frieda. Séparée de ses enfants , elle renoncera à sa vie de mère pour son amant. Frieda se voudra libre mais s'enfermera dans le rôle de muse de l'auteur. C'est là tout le paradoxe de sa quête effrénée vers l'indépendance. Ce paradoxe des sentiments sera également exprimé par Ernest, ce mari si peu démonstratif qui laissera voir son amour pour elle dans cette haine farouche qu'il lui opposera.
Quoiqu'il en soit, découvrir Frieda fut pour moi une réelle surprise. Révolutionnaire dans sa façon de penser et d'agir, elle n'en reste pas moins un personnage rempli de mystère et qui parfois m'aura échappé dans ses raisonnements.
Les notes de l'auteur en fin de livre apporte au récit un réel bonus qui permet d'inscrire ce roman dans une part d'histoire de la littérature et qui aura eu pour moi le rôle de l'ancrer dans une vérité.
Merci à Babelio et aux éditions Pocket pour m'avoir permis de faire cette découverte.
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Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du roman Frieda : La véritable Lady Chatterley par l'autrice allemande Annabel Abbs. Je remercie infiniment les éditions Hervé Chopin pour ce sublime envoi.

Pour être tout à fait honnête avec vous, je n'ai jamais lu ce grand classique de la littérature anglo-saxonne à la réputation sulfureuse qu'est L'Amant de Lady Chatterley, et très sincèrement, je ne sais pas si je me plongerai dans ses pages au parfum de scandale (à tout le moins pour l'époque - et encore...) un jour. Quoique, je serais curieuse de découvrir la vision probablement idéalisée que l'auteur D.H. Lawrence pouvait avoir de sa relation indubitablement tumultueuse avec la baronne von Richthofen qui est justement le sujet central de cette biographie romancée signée Annabel Abbs.

Pourquoi ne suis-je pas tentée plus que ça de découvrir l'oeuvre du prolifique écrivain qu'était D. H. Lawrence alors que l'autrice nous encourage fortement à le faire tout au long du récit ? Tout simplement parce que je n'ai pas supporté le caractère de ce dernier tel qu'Annabel Abbs nous le dépeint non sans sincérité, je n'en doute pas. Possessif, jaloux, hypocrite, colérique, la version fictionnelle de D.H. Lawrence avait tout pour me dégoûter et me faire en outre oublier la qualité de sa plume et la beauté de ses idéaux, ce qu'Annabel Abbs se permet ingénieusement de rappeler à notre bon souvenir au début de chacune des parties de l'intrigue.

Plus embêtant, l'ascendant que possède Lawrence sur Frieda, la toxicité (à mon sens) des sentiments qu'il éprouve à son égard m'a laissé un goût fort amer en bouche une fois que j'eus refermé ce livre et m'a ainsi empêcher d'apprécier ce dernier à sa juste valeur. Il ne manque pourtant certainement pas de qualités qui auraient pu le racheter à mes yeux, à savoir une plume extrêmement fluide, belle, agréable à lire, facile d'accès sans être pour autant trop simpliste et une multiplicité des points de vue qui permet de mieux comprendre la mentalité de ce début XXe siècle dans lequel Frieda vit et les regards divers que l'on pouvait alors porter sur cette dernière entre autres choses. Mais surtout, ce roman détient un atout imparable pour définitivement nous séduire, j'ai nommé Frieda, personnage éponyme de cette intrigue ; une héroïne forte, singulière, visionnaire pour son temps, tout ce qu'il y a de plus touchante, qui était parvenue à assumer sa sexualité, sa double nature en tant que mère et épouse.

En clair, Frieda, c'était une personnalité flamboyante que l'on a traité comme une paria à la façon de penser blasphématoire, comme un simple objet sexuel ou encore comme une inépuisable muse alors qu'elle était en réalité plus bien que cela selon moi. L'étroitesse d'esprit de ses contemporains, pas si éloignée de la nôtre quand on y réfléchit à deux fois, m'a mise hors de moi. Quel gâchis d'une vie qui aurait pu être bien plus lumineuse et heureuse si l'on n'avait pas sans cesse chercher à enfermer cette remarquable femme dans un carcan et a ainsi nuire à sa liberté ! Certes, Otto Gross reconnaissait sa vivacité d'esprit et Lawrence/Lorenzo sa grande intelligence en l'impliquant constamment dans ses travaux littéraires, et cela est une très bonne chose, mais la dépendance qui s'était développée entre Frieda et son second époux reste malsaine, c'est à tout le moins mon humble opinion. En fait, ce qui m'a particulièrement agacée avec ce livre, c'est que je l'ai terminé avec la très désagréable, pour ne pas dire dérangeante, impression que Frieda avait quitté sa cage dorée en tant que Mrs Weekley pour mieux en retrouver une autre en tant que Mrs Lawrence (et c'est à peu de choses près ce qu'elle déclare dans ce récit !). Au fond, on ne lui a jamais accordé le droit d'être pleinement elle-même et heureuse, on ne l'a toujours comprise que partiellement, voire pas du tout, et cela m'a fait tellement de peine pour elle parce qu'elle méritait infiniment plus que cela. Après, je sais pertinemment qu'Annabel Abbs ne pouvait pas modifier la réalité plus que nécessaire pour la bonne cohérence de son récit mais cela n'en amoindrit pas la souffrance et la frustration que j'éprouve encore actuellement pour autant, bien au contraire.

Pour conclure, je ne peux que vivement vous encourager à vous procurer Frieda. Pour ma part, même si ma lecture s'est achevée en demi-teinte comme vous l'aurez sans doute compris à la lecture de cette chronique, je ne regrette pas de m'être laissée tenter par ce titre, d'un part pour l'écriture tout simplement splendide d'Annabel Abbs et d'autre part pour la rencontre que j'y ai faite avec cette figure historique injustement demeurée dans l'ombre qu'était la sensuelle et éblouissante Frieda. Je ne manquerai assurément pas de dévorer à l'occasion le précédent roman de l'autrice, The Joyce Girl, qui traite lui aussi de l'incroyable histoire vraie d'une femme qui a malheureusement été oubliée de l'Histoire, ainsi que ses autres parutions à l'avenir !
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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