Enfant, je me souviens...

Ce vieux monsieur qui est mort de ne plus pouvoir lire.
Et je médite à celles et à ceux, de par le monde, qui n'ont pas ce privilège.
Lire.

Je ressentis ce qu'"être" signifiait.
Je n'avais sûrement pas les mots
mais le cœur, lui, vibrait comme jamais.
Si aujourd'hui je mettais des mots
sur ce sentiment profond,
je parlerais de "l'âme hors",
la mort des apparences.

Le médecin dodelina de la tête, perplexe. C'était un homme et, comme tous les hommes, il avait du mal à avouer qu'il n'en avait aucune idée.
La policière dodelina de la tête à son tour, comme pour dire "je comprends", ou "je comprends qu'étant un homme vous avez du mal à reconnaître que vous ignorez certaines choses".

La mer est plus qu'un jeu ou un passe-temps estival,plus qu'une aventure, c'est un tout qui me parle à l'âme, aux muscles,au coeur et au cerveau à la fois".

Ce jour-là,
j'ai compris que nous n'étions
rien sans nos racines,
même si pour rester en vie,
elles doivent être cachées,
dissimulées, reliées.
Là est sûrement le problème !
Comment se rappeler ses racines si on ne les voit pas ?
Dans ce monde d'apparence, "hors sol",
y a-t-il une place pour l'invisible ?
Avons-nous tendance à oublier ce qui n'est pas sous
NOS YEUX ?
(Matthieu Chedid)

C'est Mercedes Marquez qui incarnait la Vierge Marie. Elle avait une moitié du visage d'une grande beauté, l'autre ayant été détruite jadis, durant son enfance, par un joueur de couteau dont elle avait repoussé les avances. Ce sans-couilles l'avait abandonnée mourante, dans la ruelle des Ospeïda, après l'avoir défigurée. Elle avait survécu mais en était restée borgne, presque heureuse de n'avoir plus qu'un oeil car, comme elle le murmurait souvent, elle ne voyait ainsi que la moitié des horreurs du monde, ce qui était déjà bien suffisant. Le père Fiscalo la plaçait dans la crèche de façon qu'on ne puisse saisir que son meilleur profil, qui était véritablement sublime et doux comme celui d'une sainte.

Une partie des peines du jour étaient déjà derrière nous. La nuit ne tarderait pas trop à venir et avec elle le bon sommeil qui nous prenait la main et nous amenait dans des rêves où nous pouvions manger à notre faim, être des princes, des rois, des demoiselles aux joues roses, et ne plus avoir ce grand creux qui nous travaillait le coeur et l'âme.

"Certaines personnes vivent pour donner un sens à ce qu'ils sont, à leur éphémère trajectoire, lui, ne respirait que pour être quelqu'un d'autre" - Maxime Chattam

Je me laisse emporter, je laisse l'océan me surprendre, développer mes perceptions, aiguiser mes sens, m'ouvrir à mille possibles jusqu'au-delà de l'horizon.

Me vient à l'esprit que lorsque j'étais enceinte de chacune d'elles, le tout premier objet que j'ai acheté, ce ne fut pas une grenouillère ou un hochet, non, ce fut un livre. Un livre pour tout-petits. Un objet essentiel à leur enfance. Un outil impératif à leur bien-être.