Citations sur Mère et Fille, un roman (19)
Elle se disait que l’épanouissement, pour une femme, n’était pas seulement liée à un bâton de rouge à lèvres.
Tous les six mois, c’est le changement, tout dure le temps d’une saison et après, il faut repartir, à nouveau. Le printemps, l’été. De nouveau, l’hiver. L’hiver qui emporte l’été et le détruit ; à chaque fois, recommencer ; le mouvement même de la vie.
Qui savent qu'il y a des hommes qui célèbrent les femmes, les révèlent à elles-mêmes, les emmènent vers d'autres mondes dont elles ne soupçonnaient pas l'existence, et qu'il y a des hommes qui ne les aiment pas, même s'ils prétendent le contraire, et les enferment dans l'oubli et la négation, l'angoisse et la haine, le dégoût d'elles-mêmes, et il y a des femmes, enchaînées dans les torpeurs de la féminité, qui cherchent ces hommes-là et non les autres, et qui passent à côté de leur vie.
La mère attend la fille pendant la grossesse, puis la fille attend la mère, qui part le matin et parfois le soir, la laissant seule,, dans le manque d'elle - étrange souffrance de l'enfant qui voit sa mère partir, comme si c'était la chose la plus insupportable, comme si plus jamais elle ne devait la revoir : la forme la plus absolue de l'amour. Qui pleure une femme quand elle ferme la porte pour faire une course ? Qui se jette par terre lorsqu'elle prend son sac et met son manteau ? Qui essaye de la retenir comme si son départ momentané était la plus grande catastrophe possible ? Quel amant, quel amoureux, quel mari ? Et plus tard, c'est la mère qui attend sa fille, projetée dans la vie, dans ses occupations, alors qu'elle voudrait la voir. Et le jour où elles ne s'attendent plus, ce jour-là où la patience cesse, est celui de la mort.
Parce que toi et moi, à l'âge d'or, nous avons été une, dans l'amour infini de la gestation.
Je ne peux pas être belle si tu ne me trouves pas belle.
Jeune fille, femme, épouse, mère, maîtresse, grand-mère : toutes les femmes sont belles, ce n'est pas une question d 'âge mais d'attitude.
Les femmes sont des chefs d'orchestre qui dirigent des deux mains une multitude d'instruments aux cordes dissonantes, qu'elles tentent de marier pour former une symphonie, et si elles s'arrêtent, si elles baissent les bras, la musique devient assourdissante, et les cordes se mettent à crisser. Aux femmes, le temps n'accorde pas de répit ni de pause; juste le temps d'un soupir.
Cela prend beaucoup de temps de se séparer de sa mère : cela prend une vie. Toute une vie avec sa mère. Cela prend du temps de se séparer de sa mère, parce qu'en fait on ne s'en sépare jamais. Même si l'on croit le faire, en inventant sa voie, en choisissant une vie, un homme, un travail, en ayant des enfants, en les aimant d'un amour fou, on reste la fille de sa mère, jusqu'au moment où on reprend le flambeau, et dans la joie et la douleur, on trouve sa place. Mais même à ce moment-là, on ne se sépare pas. Dans le grand accouchement qu'est la vie, quelle fille est jamais vraiment sortie du ventre de sa mère?
" Les mots sont le prisme du réel, et un jour, le réel déborde les livres, pour ensuite les ouvrir. "