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Citations sur Le veilleur du jour (27)

La légende voulait qu’au creux de certains pâtés de maisons, comme dans un nid, défendus par le labyrinthe d’une architecture incommode à l’envi, subsistassent des jardins enchantés où des fontaines oubliées à l’ombre d’arbres rongés de mousses chevrotaient encore des chansons d’un autre temps.
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Les intellectuels et, en particulier, les enseignants auraient grand tort de se croire plus d'importance qu'ils en ont effectivement. S'ils étaient importants, c'est-à-dire s'ils menaçaient réellement l'ordre établi, l'État qui les emploie commencerait par les acheter. Car, paradoxalement, le moyen le plus économique de neutraliser un adversaire encombrant, c'est encore de le payer.

Page 227 (édition LE TRIPODE)
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L'homme était de taille moyenne avec un corps d'ascète doté de trois qualités qui lui assuraient la faveur, voire la ferveur de tous les publics : un regard de viveur que voilait parfois l'ombre d'une inguérissable nostalgie, une voix au timbre grave qu'il pouvait plier à tous les caprices de son inspiration et des mains de violoniste dont sa nervosité faisait des animaux aussi expressifs qu'autonomes.
p. 225 (édition LE TRIPODE)
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Ils retrouvèrent d'abord la première avenue qu'ils avaient empruntée, puis, l'ayant parcourue jusqu'au bout, s'engagèrent dans une autre, [...] large et lumineuse celle-ci, qui leur ouvrait la ville sur une grande profondeur pour se disperser en pattes d'oie contre la butte. On eût dit que le soleil voulait épouser la ville jusque dans c'est plus intimes recels, et elle s'abandonnait à ses lents assauts, vautrée dans la chaleur, assoupie de bien-être et les membres disjoints.

Ville de Terrèbre (allégorie)

Page 119 (édition LE TRIPODE)
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La tâche n'est pas fatigante mais l'immobilité ou le confinement risquent de devenir obsédants à la longue.

Page 112 (édition LE TRIPODE)
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" [...] Il n'y a pas de meilleurs lecteurs que les rêveurs.
- Ils sont inattentifs, pourtant.
- Que non point ; mon métier m'a accoutumée à les reconnaître ; eux seuls savent faire fleurir comme il convient les virtualités de l'esprit. Ce qui est écrit a besoin d'être déplié et c'est tout un art que de donner leurs aises aux mots ; au lieu de faire un effort, il faut s'abandonner, vous comprenez ?
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Sa solitude était celle de l'homme désigné pour conserver un dépôt précieux ,sacré presque, échappant aux contingences temporelles , et dans l'espace assoupi , il allait veillant comme le crieur d'heures des âges anciens.
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"Pardonnez-moi, depuis que j'ai appris cette mort, je sens de toutes part monter en ce monde des menaces contradictoires. Au point où j'en suis, je n'ai plus rien à perdre; mon dernier désir sera que vous échappiez à tout. Il faut vivre en faveur de la vie" ajouta-t-il d'une manière égarée avant que le silence ne tombât entre eux.
[...]
"Vous savez, Monsieur, je ne comprends guère ce qui se passe, mais je m'étonne de vous voir imaginer que l'on puisse et que l'on doive accueillir la mort de ce tout jeune homme avec tranquillité - ou me faut-il comprendre que vous plaidez maintenant pour une résignation désespérée ? - alors que vous semblez vous-même tout bouleversé.
_Éprouvez toute l'indignation qui vous agite le cœur, ce qui n'est certes pas de la tranquillité, encore moins de la résignation, mais ne donnez à vos sentiments, quelle qu'en soit la noblesse, aucune dimension démonstrative et surtout ne les laissez pas paraître au grand jour. A partir de cette épreuve, sachez avec quoi vous ne pactisez pas, ne pactisez jamais, mais n'entrez en lutte avec rien, car c'est la lutte, l'apparence de désordre qui sont souhaitées pour que puisse s'établir sous le jour le plus légitime un régime de contrainte et de terreur policière. La question est de parvenir à ne pas trahir des idéaux qui nous trahissent. Nous sommes engagés dans un paradoxe que seule une abstention radicale peut nous aider à dénouer.
_Vous craignez une insurrection ?
_Je crains pour les insurgés. Tout me porte à croire qu'une telle explosion aura lieu et que ses suites seront catastrophiques.
_Que feront-nous ?
_Notre travail, dans la plus triste banalité, quitte à en réserver les fruits pour des temps meilleurs."
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Tout ce que je puis faire revient donc à te donner une représentation de ce que je suis et à t'en laissé penser ce que bon te semblera. Cela seul peut te faire saisir pourquoi mes semblables et moi ne pouvons être ni des partisans de l'ordre, que tu te représente comme le souverain bien, ni des fauteurs de troubles.
_C'est pourtant bien ainsi que tour à tour apparaissent les professeurs, ne put se retenir de remarquer Lonvois.
_N'en jugeons pas d'après les extrêmes, répondit Destrefonds. Ceux qui n'ont pas la force de soutenir une certaine tension et s'égarent par faiblesse ne peuvent être considérés comme exemplaires. Toutefois, en considérant les cas extrêmes qui ne sont guère que des échecs, peut-être parviendrait-on à mieux comprendre, à cerner de plus près l'étrangeté de cette fonction. Des professeurs qui ne montreraient que le ridicule des principes sur lesquels se fonde une société - ceux qu'il te plait de nommer des fauteurs de troubles et qui n'en sont tout au plus que les modestes thuriféraires, car on ne les voit guère surgir en période de crise - sont condamnés d'eux-même au silence puisque le contenu de leurs propos, sauf à être de mauvaise foi - ce qui est souvent la cas - ruine l'autorité de leur parole. Ceux qui règlent leur conduite sur un conformisme utilitaire - et qui sont malheureusement bien plus nombreux que les précédents - finalement n'enseignent rien et se contentent de surenchérir l'obligation faite déjà de toutes part à la jeunesse d'imiter et de répéter les rôles et les conduites établis quand elle entre dans le monde.
_Le bon professeur se tiendrait dans le juste milieu", observa Lonvois non sans ironie.
Destrefond à son tour sourit.
"Ce serait là un bien plat aboutissement pour une si longue discussion. Mais en vérité, comment pourrait on parler de juste milieu à propos d'une vie qui par son expérience de la solitude confine à la folie? La banalité, la médiocrité, la disparition des originaux, c'est le plus grave danger qui puisse guetter la profession enseignante, car cette fonction se définirait plutôt par une sorte de paradoxe social. Toute société se caractérise par un certain nombre de luxes, de dépenses intempestives, d'excès dont l'utilité immédiate est fort douteuse et qui contredisent ouvertement les règles pourtant inflexibles de son fonctionnement. C'est sans doute à ce registre qu'appartient la fonction pédagogique. Dans le meilleur des cas, le corps enseignant constitue un autre monde en celui-ci. Au sortir de l'influence de ses maîtres, la jeunesse n'est aucunement conforme au monde comme il va, elle n'est pas non plus en opposition irréconciliable, en sécession; elle dispose seulement d'une réserve d'étrangeté, d'une distance qui est l'espace de son souffle. Ainsi puis-je en juger d'après ma discipline, mais peut-être est-ce trop d'honneur à lui faire. Rien n'interdit de penser qu'elle est le site où se laisse pressentir avec le plus d'acuité - parce que c'est de la culture et de la vie qu'on débat en ses parages - le brutal resserrement de la société auquel tu présides et qui, étrangement, fait que ce monde, d'être policier à l'excès, revient à quelque monstrueux état de nature."
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Le port des lunettes les plus obscures était commun chez ces adolescents finissants qui éprouvaient en raison directe de leur timidité devant la vie un grand désir d'apeurer le monde. Ils gardaient leurs regards indéchiffrables derrière des verres fortement teintés où leur interlocuteurs ne pouvaient lire que leur propre reflet ironiquement renvoyé.
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