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4,11

sur 351 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Vers le milieu du mois dernier, revenant d'une virée nocturne destinée à photographier la comète Neowise, nous passâmes à côté de la boîte à livres du quartier. Impossible de résister à l'envie d'y jeter un oeil, sous la lumière tremblotante de mon téléphone. Comme d'habitude, beaucoup de vieilleries, quelques Harlequin hélas en mauvais état, de la blanche, une poignée de polars en vrac... Au milieu de tout ça, on repère assez facilement un Folio SF état neuf, surtout avec son titre intrigant et un résumé confirmant l'idée que l'on pouvait se faire du livre. Une balade, une comète, et un nouveau livre sur mes étagères : la définition même d'une soirée parfaite.
Dommage que le livre en question, derrière ses atours attractifs, vienne de décrocher la palme de ma pire lecture de l'année.

Il y a tellement de choses qui ne vont pas là-dedans qu'il vaut mieux commencer par aborder le positif, à savoir l'univers du livre, les fameux jardins statuaires. En soi, l'idée de statues qui poussent dans la terre comme le feraient des plantes – plutôt du chiendent en l'occurrence – est déjà pas mal perchée, mais rendez-vous compte qu'à partir de là, Jacques Abeille a inventé toute une civilisation, avec son histoire, ses traditions. Si vous en avez marre de lire un peu toujours la même chose et recherchez du dépaysement, là, vous en aurez, en pas qu'un peu.

A condition d'aimer les descriptions.

Parce que, premier couac, pendant toute la première moitié du livre – qui fait tout de même 571 pages, pas encore un pavé mais tout de même une belle brique –, il n'y a pas d'histoire. le narrateur, voyageur anonyme, décrit simplement en long, en large et en travers ce qu'il découvre des jardins statuaires et des moeurs des jardiniers. Tout y passe, de la cultures des statues à l'organisation de la société et son sexisme à outrance, les rites de passage à l'âge adulte, la disposition des domaines... En tout franchise, s'il n'y avait pas l'originalité de l'univers, ce serait purement et simplement chiant, d'autant que ce n'est pas comme si le texte était fluide.

Imaginez un kouing-amann qu'on aurait fourré de N*tella, arrosé de sirop d'érable, le tout recouvert d'une généreuse couche de chantilly et saupoudré de brisures de cacahuètes. Eh bien, « Les jardins statuaires », c'en est l'équivalent littéraire. Comme si les littératures de l'imaginaire ne pouvaient se suffire à elles-mêmes et avaient besoin de venir brosser dans le sens du poil les amateurs de belles lettres, quitte à s'enliser dans la surenchère, se vautrer dans une débauche de métaphores, de circonvolutions, au point qu'il arrive régulièrement que l'on perde totalement le fil d'une phrase en cours de route. Les pages vous dégueulent encore et encore des litres de mots à la figure, vous noyant sous un vomi stylistique qui n'a d'autre but que de planquer sous un vernis recherché son absence totale de consistance. Une véritable démonstration de branlette intellectuelle, où l'on se pignole sur de jolies tournures et de pseudo-amorces de réflexions qui d'une part sont abandonnées sitôt lancées par le narrateur, d'autre part n'ont aucun fond, rappelant ainsi à tout bout de champ que la société servant de pilier à ces réflexions n'existe pas. Certes, ses travers sont ceux de l'être humain, dans une version exacerbée de ceux de notre propre civilisation, mais le contexte rend impossible toute comparaison.
Amateurs de belles plumes, tournez-vous plutôt vers les écrits d'Anthelme Hauchecorne, c'est tout autant voire davantage ciselé, mais pas pour ne rien dire.

Bref, il faut se farcir plus de 200 pages de descriptions outrageusement verbeuses avant que ne commence à s'esquisser une histoire. Autant dire que si je n'avais pas pour principe de ne jamais abandonner un livre, ne serait-ce que par respect pour l'auteur qui y a passé des centaines voire milliers d'heures (je peux donc bien lui en consacrer quelques dizaines afin de voir où il voulait en venir), je n'aurais clairement pas tenu le coup jusque-là.
Bah en fait, Les jardins statuaires, c'est un peu un Mad Max Fury Road où la philosophie de comptoir remplace l'action décérébrée, mais l'histoire est la même, à savoir celle d'un bref aller et retour au milieu de nulle part.

Bon, en vrai j'exagère, il se passe quand même deux-trois trucs, comme les rencontres du voyageur avec les femmes du livre.

Donc on a d'un côté un protagoniste qui veut bien admettre que d'accord, la société des jardiniers, – où la femme est au mieux la propriété d'un père puis d'un mari et passe sa vie entière cachée dans un labyrinthe, ou alors prostituée itinérante dans les hôtels – est quand même giga sexiste, que c'est pas tip-top et que s'il y avait du changement, ce ne serait pas si mal.
De l'autre, on a un auteur dont tous les personnages féminins se baladent à poil sans la moindre raison (tandis que les hommes, eux, possèdent de vrais vêtements) et sont présentés de la sorte :
« […] une grande fille point trop mal faite, et qui le laissait voir puisqu'elle ne portait pour tout vêtement qu'une manière de boléro dont sa poitrine généreuse écartait à chaque mouvement les pans, et une bande de tissu dont on ne pouvait deviner s'il s'agissait d'une ceinture fort large ou d'une jupe très courte qui laissait nu le croissant inférieur de ses fortes fesses. »
Ni cheveux, ni visage, ni yeux, ni nez : cette dame, que l'on reverra plus tard dans le texte, ne sera jamais plus que ses nichons et son postérieur. C'est encore pire pour les deux autres, qui se retrouveront dans le lit du voyageur sans davantage de justification qu'il n'en existe à leur nudité. le seul personnage nommé de tout le bouquin, d'ailleurs, c'est celle vouée à devenir la compagne du héros. Alors je ne sais pas vous, mais voir une nana casser des pierres (seins nus) puis récupérer ladite nana la nuit même dans son lit, pour repartir finir son voyage le lendemain, ça n'est pas ce que j'appelle une histoire d'amour crédible. Oui, parce que c'est censé en être une. Et ce bien que le mec la trompe allègrement avec une (jolie) chasseresse (aux seins nus, forcément) quelques jours plus tard, sans que ça ne lui pose le moindre cas de conscience.

Autant dire que venir dénoncer le sexiste d'une société imaginaire à travers un texte où la femme en tant qu'individu n'existe que pour flatter l'oeil du lectorat, c'est assez bancal, peu crédible et tout simplement contre-productif comme démarche.

Alors certes, il reste cette histoire de légende insaisissable, d'effondrement imminent de la société, ces domaines où la pierre, incontrôlable, engloutit tout sur son passage, mais entre la forme qui tape dans la surenchère, et le fond, aussi creux que le gouffre où l'on se débarrasse des statues malades, ça n'est vraiment pas assez pour sauver l'intérêt du truc.

En parlant de se débarrasser des malades pour éviter la contagion, j'ai oublié de mentionner le malaise engendré par la façon dont sont cultivées les statues, où l'on aplanit la moindre difformité avant, à terme, de se débarrasser de celles impossibles à conformer à « la norme ». Mais, à ce stade, on n'est plus à un détail gerbant près, n'est-ce pas ?
Commenter  J’apprécie          2015
Ce livre est paradoxal : dans un style très sophistiqué, élégant et recherché, l'auteur nous invite à suivre un voyageur dans un pays imaginaire où les statues poussent en terre. Après que cette idée baroque est plantée dès la 3e page, nous découvrons les us et coutumes d'un monde violemment sexiste, machiste, enserré dans des traditions rigides où les femmes n'ont pour rôle que de servir les hommes, cachées, talibanisées et asservies. Tout écart à ces nobles tâches les conduit inévitablement au statut de putain, à la répudiation et à l'exclusion.
Si, pour l'essentiel, le personnage principal se contente de décrire ces observations et d'en paraître mollement gêné, rien dans le livre n'apporte la moindre perspective de renversement. Les lents déplacements, les quelques rencontres - toujours anonymes - empêchent d'humaniser ce monde qui tient davantage de l'enfer que du jardin paradisiaque qu'on imaginait au début.
Le vocabulaire rare, les tournures de styles recherchées et la langue riche semblent embaumer d'or et d'encens un monde répugnant et c'est sûrement cela le plus indigeste.
Mais sans doute est-ce cela que l'auteur voulait nous dire : que le monde, notre monde, est laid et que cela n'est pas prêt de changer ? En tout cas, c'est terriblement pessimiste et dépressif.
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L'objet livre est beau. Les dessins de couverture Schuiten sont en parfaite adéquation avec l'univers de l'auteur. le sujet est très original. Et pourtant le style m'a paru un peu pesant (verbes au passé qui empêchent de rentrer dans l'action) et surtout les nombreuses métaphores au symbolisme appuyé sont franchement lourdes. Surtout vers le milieu du livre on a l'impression que l'auteur s'embourbe... C'est mon impression, subjective donc : à relire peut-être sous un autre jour!
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Je n'ai pas pu dépasser la page 250 de ce livre. Je l'ai acheté sur un coup de tête, faisant confiance à la note Babelio et aux critiques dithyrambiques sur le 4ème de couverture.

Pourtant, l'histoire semble à première vue intéressante : un monde étrange et mystérieux dans lequel la seule occupation apparente de ses habitants est de cultiver des statues qui sortent de terre. L'intrigue du roman suit un voyageur étranger qui part à la découverte de cet univers.

Hélas, je n'ai pas apprécié le style particulièrement ampoulé et pompeux de Jacques Abeille. C'est simple : il y a un adjectif accolé à chaque nom, rendant chaque phrase alambiquée. de même, les dialogues ne sont pas naturels et tellement fastidieux à lire...

L'auteur prend également le parti de commencer son récit par une présentation des us et coutumes du monde qu'il a inventé. Et là encore, ces descriptions s'étalent sur des pages et des pages. Elles ne m'ont pas semblé particulièrement intéressantes. Je fais le parallèle avec la présentation de la Comté par Tolkien au début du Seigneur des anneaux, présentation plus ramassée et bien plus lisible.

J'aurais essayé mais au bout d'un moment je me contrefichais de l'intrigue et du devenir du voyageur. Tant pis.
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Abandonné rapidement. La narration est faible et molle, l'auteur ne semble pas avoir grand chose à dire ; il n'y a pas vraiment d'histoire ou de direction au récit.
Le surréalisme littéraire n'est pas fait pour moi visiblement...
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Un ami m'a prêté ce livre et m'a assuré qu'il était original et bien écrit. Je suis allé au bout, en m'accrochant , souvent agacé par cette langue chargée jusqu'à l'emphase ( que d'imparfaits du subjonctifs il faut ingurgiter), mais il y a de beaux passages, en particulier ce récit de pure aventure où le voyageur vient au secours de Vanina prisonnière de la ville" chou-fleur". Ils réussissent à en sortir malgré tous les dangers et découragements.

J'ai lu les autres critiques - très partagées- parues sur Babélio. Sans juger le fond, je voudrais faire part de l'impression que j'ai eue : l'auteur, en voulant trop finasser (quel luxe de détails) s'est lui-même tendu un piège dans lequel il est tombé.
Dans le genre "voyages imaginaires" l'écrivain nous révèle l'identité du ou des explorateurs: leur profession, leur pays d'origine etc. C'est le cas, par exemple, du "Monde perdu " de Conan Doyle.
Ici le narrateur, qui joue un rôle très actif dans le récit apparaît , non pas pas comme une statue, mais comme un champignon qui aurait poussé en une nuit. On ne sait rien lui, de quel pays il vient , comment il s'est rendu chez jardiniers. Il faut faire preuve de la même minutie d'ethnographe qu'il utilise lui-même, pour découvrir "en creux" le passé du voyageur. Il remarque que "les lieux d'aisance n'étaient qu'un inqualifiable appentis" . Il a donc connu le confort moderne.
Il nous apprend qu'il écrit régulièrement le récit très détaillé de ses explorations et de ses découvertes, et la fin apparaît cette évidence: le texte que nous lisons est celui des notes prises pendant son séjour.
Mais cette fin est bâclée, comme si Abeille n'avait pas su se dégager de la toile d'araignée qui l'englue. En moins d'une page on découvre que les nomades s'apprêtent à envahir leurs voisins et que le voyageur refuse de se joindre à eux. le chef lance alors:"nous épargnerons les petites filles, toutes les petites filles . Et il éclata de rire. "
Point final

Vient ensuite en italique:" le reste manque le conquérant n'avait pas promis d'épargner les livres."
Pourquoi le chef n'a-t-il pas détruit l'intégralité de l'ouvrage?
Si nous nous amusions à suivre la logique de l'auteur jusqu'au paradoxe on pourrait en déduire qu'il est retourné chez les jardiniers , a récupéré une copie de son manuscrit , a regagné son pays d'origine, a confié son texte à un éditeur . Ainsi pouvons-nous le lire aujourd'hui .

Eurêka: le voyageur se nomme donc jacques Abeille, né en 1942 en France, peintre et écrivain. Dans son récit on le découvre en pleine possession de ses moyens physiques et sexuels. Il n'a sûrement pas plus de 40 ans. Les faits racontés se déroulent donc pendant les années 80.
Alors pourquoi les éditions du Tripode ne l'ont-elles publié qu'en 2010?
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