Un roi doit gagner. Le reste n'est que poussière.
La tempête faisait rage la nuit où Yarvi apprit qu'il était roi.
Ou du moins, la moitié d'un roi.
- Que veut cette ordure avec tout cet argent ? demanda-t-il une fois.
- Certains hommes aiment l'argent pour l'argent, souffla Jaud.
- Même les esclaves ?
- Les esclaves ont le même appétit que les autres. Seules les occasions de le satisfaire leur font défaut.
- Tu dis vrai, rétorqua Rulf en regardant tristement Sumaelle.
Choisissez vos ennemis avec davantage de soin que vos amis, murmurait Personne aux flammes. Ils vous accompagnent plus longtemps.
L'imbécile frappe, le sage sourit, attend... et frappe à son tour.
Je ne suis peut-être que la moitié d'un roi, mais j'ai fait un serment entier
Quelle que soit la question, l'acier est ma réponse
- Sur le champ de bataille, on oublie les règles, ajouta Yarvi.
Son père lui avait vociféré ces mots, un soir qu'il avait passé, ivre, à crier sur les chiens.
- Exactement.
- Odem posa une main sur l'épaule de Yarvi et celui-ci se demanda à quel point sa vie aurait été plus heureuse si son oncle avait été son père.
- Un roi doit gagner. Le reste n'est que poussière.
- Comment une Déesse Unique peut-elle diriger le monde ? S’enquit Rulf, ses bras grands ouverts englobant la sinistre ville et son peuple. Comment une Déesse peut-elle à la fois être en faveur du bétail et du poisson, de la mer et du ciel, de la guerre et de la paix ? Ça n'a aucun sens.
- Peut-être que la Déesse Unique est comme moi, intervint Sumaelle.
Elle était allongée sur le gaillard d'arrière, appuyée sur un coude, la tête posée sur son épaule décharnée et une jambe pendant dans le vide.
- Fainéante ? grommela Jaud.
Elle sourit.
- Elle choisit la voie, mais beaucoup de petits dieux enchaînés à elle rament à sa place.
La Déesse Unique créé une chaîne à travers le monde, allant du Haut Roi aux petits rois, jusqu’à nous, chaque maillon à sa juste place. Tous en sont esclaves.