Pour se souvenir il faut un inventaire ...
Se souvenir des petits malheurs et des petits bonheurs qui coupaient Beyrouth en deux ... Beyrouth Est et Beyrouth Ouest,
Se souvenir que l'on ne se souvient pas du dernier jour de la guerre.
Dans les souvenirs, il y a parfois de quoi éclater de rire,
"Je me souviens que l'année où j'ai dû porter un appareil dentaire,
J'ai découvert que j'étais myope
Et j'ai eu la bonne idée de le faire couper les cheveux."
À lire comme ça, ça n'a l'air de rien ... mais .... rajoutez le dessin et vous aussi, rirez au milieu de ces angoisses.
Il y a des planches où sont représentées des individus sur de très hautes falaises séparées par une fosse abyssale ... elles sont les plus poignantes et les plus éprouvantes que j'ai vu, et témoignent d'une solitude absolue.
De tous les livres de
Zeina Abirached que j'ai lu jusqu'à présent, "je me souviens" est le plus émouvant, le plus troublant, celui où ces croquis en noir et blanc ou en blanc et noir sont les plus représentatifs de tout ce qu'elle a vécu .... pas vécu ... rêvé de vivre ..