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Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Lucky Luke prend des vacances bien méritées dans une petite ville du Kansas quand il voit débarquer les frères Dalton, en route pour le pénitencier, escortés par son ami, le célèbre Bass Reever. C'est donc devant leurs yeux médusés qu'il apprend qu'il hérite d'une plantation de coton en Louisiane. Voilà donc le poor lonesome cow-boy, devenu riche, en route pour l'état du Sud afin de régler la succession de Constance Pinkwater, la chère défunte, fan absolue de Luke.
Mais que ferait un cow-boy dans une plantation ? Rien ! Pressé de retourner dans l'Ouest, Lucky Luke veut céder sa propriété aux anciens esclaves qui y travaillent, au grand dam de ses riches voisins et des Dalton qui l'ont suivi afin de le liquider et de prendre possession de son héritage.

Si le lecteur est par définition polyamoureux, il est aussi capable d'être fidèle à un auteur ou à un héros. Lucky Luke est de ceux que l'on aime retrouver, par amour ou par habitude et pourtant…la déception est plus souvent au rendez-vous que le coup de coeur depuis que son père l'a laissé orphelin et que d'autres essaient de ranimer la flamme avec peu de réussite.
Dans ce dernier opus, l'homme qui tire plus vite que son ombre n'est que l'ombre de lui-même. Il débarque dans le Sud tel un benêt qui découvre que tous les hommes ne sont pas égaux et que les noirs sont toujours oppressés malgré l'abolition de l'esclavage. Sait-il seulement que cette abomination a existé… ? On peut en douter quand on le voit s'étonner de la manière de vivre des planteurs blancs.
Pendant qu'il découvre la vie, les Dalton se démènent dans les sables mouvants de Louisiane, rencontrent des cajuns et apportent une touche d'humour (pas toujours drôle) à cet opus qui sombre dans le néant.
Pas de scénario, pas d'histoire, pas d'aventures, rien ne permet de capter l'attention le long de ces 46 pages qui s'étirent comme un jour sans pain.
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Pour sa deuxième collaboration avec Achdé dans le cadre des aventures de Lucky Luke, Jul tente de s'atteler à la douloureuse question de l'esclavage, thématique évidemment délicate à manier avec l'humour bon enfant qui caractérise la série.

Si Jul n'en est pas à son coup d'essai, le contexte de l'année 2020 semble avoir laissé ici beaucoup de cicatrices, comme si l'auteur s'était imposé une censure en court de route. Assez curieusement, il n'y pas vraiment de références à Autant n'emporte le vent… Silence volontaire ? Manque de courage ?

Le résultat est assez décevant, car nous avons ici clairement l'impression que les traits d'humour ne servent qu'à faire du remplissage. D'ailleurs, les passages les plus amusants sont placés en introduction et en conclusion.

Les bonnes idées sont nombreuses (le coup de la bibliothèque, la présence d'un certain Marshall Bass…) mais hélas cela ne suffit pas à faire un bon album. L'histoire en elle-même est cousue de fil blanc et prévisible du début à la fin. Quelques péripéties viendront apporter un peu de piment… mais pour cela il faudra s'acquitter du prix de nombreux clichés plus au moins bien insérés.

Si les bonnes idées sont nombreuses, les moins bonnes le sont tout autant. Au premier rang pouvons-nous citer la présence des Dalton qui ne servent à pas grand-chose, sinon à tenter de liquider, une nouvelle fois, Lucky Luke, à enchaîner les gags plus au moins prévisibles et à s'en tenir à des comportements attendus. Dans le même registre, le méchant de cette histoire (et ses acolytes) relève du pathétique.

Fort heureusement, il reste les dessin d'Achdé, qui tente malgré tout de nous faire passer un bon moment. de ce côté-là, c'est un vrai plaisir. Nous voici repartis dans l'Ouest… et non, le Sud en fait, ce qui assez peu fréquent (et d'ailleurs souligné, comme pour rappeler l'audace de ce pari). Une mise en planches qui rompt avec le schéma classique viendra nous réveiller dans la dernière ligne droite. Bref, les dessins sont le point fort de l'album (si ce n'est le seul).

Le ton moralisateur qui prédomine ici reste l'élément le plus nauséabond. Lucky Luke est à peu près le seul gentil de l'histoire, entouré qu'il est de méchants ordinaires. Les quelques exceptions servent de ressort comique, à nous faire patienter avant que l'histoire ne reprenne (car oui, nous avons ici parfois droit à des temps morts, qui semblent placés là pour retarder l'inévitable, ou remplacer quelque chose qui a été censuré ?).

Une nouvelle fois, Jul nous gratifie d'un album qui aurait pu être une bonne idée, mais qui ne répond pas aux attentes. Peut-être serait-il temps d'arrêter les dégâts ou de s'en tenir à des thématiques moins risquées et plus fidèles à l'esprit de la série, sans fausse prise de tête avec des concepts trop sérieux et mal maîtrisés ?
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Antipop : L'assassinat de Lucky Luke par le lâche Jul
Parce que la pop culture, malgré ses joyaux, est avant tout une sous-culture de masse, il ne faudrait pas oublier de prendre du recul et de la gifler tous les mois. L'Incorrect tient à votre hygiène mentale, voici la rubrique Antipop.
Par Romaric Sangars
Publié le 7 janvier 2021, L"Incorrect.
© Lucky Comics
C'était l'évènement de décembre 2020, un nouvel album de Lucky Luke pour un Noël certifié politiquement correct, par les bons soins du scénariste Jul et du dessinateur Achdé, qui venaient de prostituer le cowboy solitaire aux obsessions du temps. En effet, dans Un Cow-boy dans le coton, Luke allait se confronter à la question raciale aux États-Unis, la mémoire de l'esclavage et la représentation des minorités, en somme, l'une des figures majeures de la bande-dessinée franco-belge et de notre imaginaire enfantin allait se retrouver aussi blindé de catéchisme progressiste qu'une série Netflix. En arrière-plan, le péché originel du genre, Tintin au Congo et ses clichés coloniaux, qu'il était urgent de racheter par une mise à jour retentissante. Ainsi le cowboy à mèche eut-il pour mission de corriger les dérapages du reporter à la houpette.

Les nouveaux chevaliers errants

L'argumentaire qui sous-tend cet album est typique du néo-progressisme américain : on nous apprend qu'en fait, un quart des cowboys ayant été noirs, il serait urgent de corriger l'image ethno-centrée que les westerns nous ont donnée de cette figure. Sauf qu'une oeuvre de fiction n'a pas pour vocation de refléter les apparences de la réalité, un tel objectif constituerait en outre une terrible régression dans le processus de représentation lui-même. C'est tout prendre au pied de la lettre pour tout raccrocher ensuite au train d'une idéologie délirante

Le cowboy solitaire du western n'a que peu de rapport avec la réalité sociologique des bouviers américains, et il faut être sacrément con pour croire le contraire. Il est une réactivation d'un des mythes structurants les plus fondamentaux de l'imaginaire collectif européen, à savoir le chevalier errant. Lucky Luke, c'est Gauvain ; Jolly Jumper est son Gringalet ; et comme Gauvain (mais aussi James Bond), il est un héros dépourvu de biographie et donc perpétuellement disponible pour une nouvelle aventure. Il se trouve que quand toutes les Brocéliande du Vieux Continent semblèrent défrichées, le Grand Ouest sauvage du Nouveau Monde découvrit un nouvel horizon de dangers, d'épreuves et de fantasmes.

Un tract binaire et indigeste

Fatalement, soumis à un cahier des charges idéologique écrasant, comme on pouvait s'y attendre, et même en pire, l'album n'est qu'un tract poussif dépourvu de poésie, de surprise ou d'humour. Les Américains blancs du Sud y sont caricaturés comme un ramassis d'ordures esclavagistes tous plus stupides et sadiques les uns que les autres, et qui révulsent notre cowboy semblant découvrir la fracture raciale et comme si le Nord de l'époque avait pensé à la manière d'un hipster new-yorkais d'aujourd'hui (on se fout du réalisme en bande dessinée, mais puisqu'ils y prétendent…) Les noirs (dont on ne rappelle jamais qu'ils furent vendus par leurs frères) sont tous aussi innocents que le bon sauvage de Rousseau, à moins, comme Bass Reeves, de devenir un alter ego de Lucky Luke le surclassant sur tous les points et venant le délivrer des griffes du KKK. Bref, ce pur véhicule idéologique est d'un manichéisme racial à faire passer pour nuancée la profession de foi d'un officier SS.

Choc en retour

Si l'Amérique fut longtemps un horizon où l'Europe saturée se projetait à l'infini, désormais, ses obsessions morbides viennent nous infecter en retour. le douloureux héritage de l'extermination des autochtones et de l'esclavage des noirs nous est transféré à nous qui sommes autochtones et avons aboli trois fois l'esclavage. Là où un Belge fantasmait l'Amérique en nouvelle Bretagne fantastique pour émerveiller les enfants, voici que l'Amérique vient aujourd'hui vomir sa névrose dans des cerveaux de jeunes français. Et ceci fut rendu possible par la collaboration du lâche Jul.
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