La renverse

LA RENVERSE Olivier Adam.
Antoine, retiré en Bretagne où il végète dans une librairie, apprend la mort d'un politicien, maire d'une petite ville et ancien ministre. Quelques années plus tôt, cet homme a fait la une des journaux par un scandale, une affaire de moeurs (harcèlement sexuel et viol) ou la mère d'Antoine a été impliquée. Une affaire politico-véreuse sur fond de partouze.
Flash-back sur cet adolescent pris dans la tourmente. Il nous livre sa vision du réel, un théâtre de faux-semblant ; ses souvenirs et ses doutes oscillant sans cesse entre le dégout, une certaine révolte et le déni ; entre désarroi et passivité. Il dissèque les stratégies du pouvoir, l'indifférence des parents qui va de pair avec un certain cynisme et un manque d'affect.
À la fin du livre, il y a une tentative d'explication ou de justification par l'histoire : sa mère bipolaire a été victime de sa propre convoitise et de sa démesure : elle voulait à tout prix être une star.
La renverse (l'étale) est cette période de latence séparant deux phases de marée durant lequel le courant devient nul ; elle symbolise le repli d'Antoine, prisonnier de sa révolte ou plutôt de son ressentiment, mais on ne sait pas où ça le mène puisqu'il va décider d'aller vivre au Canada avec son frère Camille qu'il a abandonné quelques années plus tôt, reprenant l'histoire là où il l'a laissée. Nostalgie, mauvaise conscience. On attend en vain le retour de la vague.
L'histoire se lit sans difficulté. le style est parfois alambiqué et un peu lourd. Des phrases courtes: des points pour remplacer les virgules ou les points-virgules. Si cela facilite la lecture ou la compréhension, c'est souvent lassant. Je l'ai pris à la médiathèque et lu par curiosité uniquement.

O. Adam surfe sur la vague médiatique actuelle. Tout le monde parle de harcèlement. Lui aussi. Dommage !

Antoine, le narrateur : fils de l'adjointe au maire d'une petite ville banlieusarde, compromise avec ce dernier dans un scandale d'agressions sexuelles sur des employées municipales. le narrateur s'enfuit avec la fille du maire (quel hasard) pour échapper à la honte et à la médiocrité de son milieu familial.
Le problème c'est que ce scénario, mal ficelé, inspiré sans doute d'un fait divers récent, ne nous touche pas. La famille d'Antoine, froide et désincarnée, n'existe pas plus.
Que reste-t-il? Quelques belles descriptions des paysages bretons en hiver et des lotissements de banlieue. C'est un peu maigre pour un roman.